Un maire d’une commune d’Alsace a refusé d’être nommé chevalier de la Légion d’honneur : « ni insensible, ni indifférent », il a toutefois préféré s’abstenir d’accepter en ce moment cette distinction du régime, pour la raison suivante : « C’est d’abord dans la critique sans concession d’une démocratie en panne et d’un système à bout de souffle que je puise une part de ma décision ».
Le maire de Kingersheim, dans la banlieue de Mulhouse, considère que « tout ce qui « fait distinction » alimente le discrédit et renforce la crise de la « démocratie-régime »… ».
L’an dernier, François Bayrou a refusé lui aussi d’être décoré en arguant d’un souci d’indépendance vis-à-vis du pouvoir.
En 2012, un ancien ministre du Compagnon de la Libération Pierre Messmer s’est également récusé, en expliquant qu’ « on a nommé trop de gens qui ne le méritaient pas »…, et l’ancien ministre communiste Jack Ralite a lui aussi décliné cette offre de décoration la même année… pour la sixième fois, déclarant « ne pas être un élu qu’on porte à la boutonnière »…
Quand il a créé en 1802 l’ordre longtemps prestigieux et incontesté de la « Légion d’Honneur », Napoléon Bonaparte a déclaré non sans cynisme : « C’est avec des hochets qu’on mène les hommes ».
Dans la France d’aujourd’hui, de plus en plus de Français ne veulent plus de ce genre de hochet… Dévaluation des rubans ou malaise civique ?
Denis LENSEL