La République serait-elle menacée à ce point ? Toujours est-il que dès l’annonce des résultats de ce premier tour d’élection présidentielle plaçant Marine Le Pen en seconde position face à Emmanuel Macron le premier de la classe, certains ont proclamé la patrie en danger avec des larmes dans la voix…
Très vite, en observant l’avancée inquiétante des suffrages du Front National avec des jumelles à prisme idéologique depuis le plateau de « France 2 », plusieurs représentants de la classe politique sortante, de Gérard Collomb à Jean-Pierre Raffarin, ont appelé les citoyens-électeurs à former leurs bataillons en « front républicain »… Tout ceci avec des accents dignes des orateurs de la Révolution craignant l’arrivée des Prussiens à Paris en 1792, ou bien des ténors de la Commune de Paris parlant en 1871 de contenir les troupes de Bismarck… A moins que cela ait été plutôt, très différemment, avec des accents dignes des… Versaillais de M. Thiers aux prises avec… les Communards issus des « classes dangereuses » insurrectionnelles…
Alors, ici et là, on a cherché, et souvent obtenu, dès dimanche soir des ralliements au panache d’Emmanuel Macron : l’heure était jugée grave, pour endiguer « la montée de l’extrême-droite », tout en constatant l’apparition d’une extrême-gauche presque aussi importante…
Mais ô surprise, M. Mélenchon, le leader charismatique de cette Gauche radicale, pourtant longtemps réputé homme de bonne volonté de la camaraderie progressiste, s’est nettement refusé à donner à ses électeurs la moindre consigne de ralliement à M. Macron. Et pour cause : ledit Macron étant considéré comme un suppôt du capitalisme international par les troupes néo-communardes de Jean-Luc Mélenchon, une telle consigne à son « Front de Gauche » était et reste très probablement impensable… En dépit des appels absurdes des « bobos » de la Gauche caviar…
C’est donc en rangs serrés et diversifiés que le mouvement macronien « En Marche » veut désormais évoluer, en recrutant fébrilement des volontaires parmi les troupes défaites et éparses de la Droite et du Centre orphelines de François Fillon à la carrière politiquement décapitée par… l’état-major du même mouvement « En Marche » des amis de M. Macron. Quand on joue à faire peur, sinon à se faire peur, devant le spectre lepéniste du Front National campé depuis 40 ans dans le rôle trop commode de perpétuel grand méchant loup, on n’en est plus à une contradiction près… On tend une main « fraternelle » aux adversaires qu’on giflait encore hier, en souhaitant que leurs électeurs auront l’échine souple ou la mémoire courte… Un jeu malsain, et un pari peut-être plus hasardeux, et plus dangereux, qu’on ne croit…