Totalitarismes et christianisme : pour en finir avec l'amalgame - France Catholique
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L'incroyable histoire des chrétiens du Japon
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Totalitarismes et christianisme : pour en finir avec l’amalgame

À court d’arguments, ou par facilité, journalistes et « intellectuels » accusent souvent toute une communauté des fautes d’un de ses membres. Par ce procédé spécieux, certains ont même associé le christianisme aux pires totalitarismes… Comment déjouer ce piège ?
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Le Couronnement d’épines (détail), vers 1520, maître Pflock, musée des Beaux-Arts, Gand.

Le Couronnement d’épines (détail), vers 1520, maître Pflock, musée des Beaux-Arts, Gand.

© Philippe Lissac / Godong

Des auteurs athées tentent parfois de démontrer que les totalitarismes du XXe siècle sont d’essence religieuse. Par exemple, dans un livre paru en 2006, Pour en finir avec Dieu, traduit depuis en 31 langues, le biologiste britannique Richard Dawkins liste avec gourmandise des citations d’Hitler ou de dignitaires nazis pouvant les rapprocher du christianisme…

Que répondre à ceux qui pratiquent de tels amalgames ?

Il peut d’abord être bon d’avoir quelques « cartouches » prêtes à l’emploi. Par exemple, si l’on nous dit que les catholiques ont suivi en masse Hitler, on peut rétorquer que les régions les plus catholiques, comme la Bavière, sont celles qui ont le moins voté pour lui. Ou alors parler de Mit brennender Sorge, encyclique publiée en allemand en 1937 et dénonçant les principes du racisme (lire page 16). Nul besoin d’érudition pour cela.

Une autre technique consiste à montrer la fragilité de l’argumentation adverse. Partons d’un exemple. En naviguant au hasard sur Internet, je suis tombé sur une vidéo intéressante : un débat entre une jeune chrétienne et l’inévitable Michel Onfray. La jeune femme établissait que le nazisme est aux antipodes des valeurs chrétiennes lorsque le célèbre auteur la coupa avec aplomb en affirmant que les SS avaient sur leurs ceinturons ces mots gravés « Gott mit uns » – ce qui signifie « Dieu avec nous » – et que, par conséquent, le nazisme était d’essence religieuse. Dans mon souvenir, la chrétienne, visiblement troublée par cet argument massue et inattendu, ne put que balbutier une réponse vague.

On pourrait répondre à Michel Onfray en s’appuyant sur l’histoire : l’expression « Gott mit uns » est la devise de la Maison royale de Prusse depuis 1701. Elle est devenue peu à peu un emblème militaire et a subsisté dans l’armée allemande jusque dans les années 1960. Pendant la Seconde Guerre mondiale, cette expression était d’ailleurs inscrite sur les ceinturons de la Wehrmacht, et non pas sur ceux des SS qui avaient une autre devise.

Aucun rapport, donc, avec le nazisme.

Mais on peut également s’attaquer à la structure de l’argument. Si l’on prend la peine de réfléchir posément, on s’aperçoit facilement de la faiblesse du raisonnement de Michel Onfray qu’on pourrait résumer ainsi : les SS appellent Dieu à leur secours. Or, les chrétiens appellent Dieu eux aussi à leur secours. Donc les chrétiens sont similaires à des nazis – ou l’inverse, on ne sait pas trop. C’est précisément cette faute logique que l’on peut appeler « amalgame ».

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