« Le Club des cinq, en Bibliothèque rose, d’Enid Blyton, a été ma première vraie lecture d’enfant. Cela se passait il y a quelques bonnes dizaines d’années ! Cette série a déterminé à jamais ma passion pour les livres, et mon envie de la partager, de communiquer le plaisir de la lecture aux enfants », explique l’auteur, Francis Bergeron.
En 1988, ce journaliste et écrivain se lance dans la littérature enfantine avec Le Secret de la statue volée, histoire résolument enracinée dans le Berry. Les héros en sont quatre enfants : Nicolas, le chef, 12 ans mais qui en paraît plus et que sa formation de scout a rendu débrouillard, sa sœur Gaëlle, 9 ans, et leurs deux cousins, Corentin et Julien, 10 et 9 ans. Leur grand-père cherche à ressusciter une vieille tradition locale, le pèlerinage des « r’chignoux », les enfants grognons. C’est le point de départ de curieux événements qui aboutissent à une grande découverte…
Évocations précises
Le Secret d’Argentomagus suit bientôt, plongeant les héros dans le domaine de l’archéologie gallo-romaine. Après le Berry, ce sera l’île de Ré, Menton, Fort Boyard, Guérande, Coëtquidan… avec à chaque fois des évocations très précises des lieux, qui permettent aux jeunes lecteurs – de 8 à 12 ans– de mettre leurs pas, durant les vacances, dans ceux des quatre cousins : monter les marches du phare des Baleines sur l’île de Ré, visiter le Grand Blockhaus près de La Baule ou faire du ski nautique sur le barrage d’Éguzon.
Les péripéties que vit le Clan ? Elles sont variées et permettent de se colleter avec la réalité : « Dans Le Secret de cap Canaille, les Bordesoule se trouvent confrontés à un incendie de garrigue et à une bande de voyous qui jettent des voitures des falaises. Dans Le Secret du hangar à bananes, qui se passe du côté du musée Jules-Verne et des machines géantes de l’île de Nantes, ils déjouent un projet d’attentat islamiste. Difficile de faire plus actuel, hélas ! Mais le Clan triomphe toujours des forces du mal », précise l’auteur. Qui ne manque pas d’humour : lors de l’une de leurs virées, les Bordesoule se retrouvent perdus dans un camp de zadistes… et ne comprennent rien à leur manière de s’exprimer !
Enracinement historique
Cette volonté de Francis Bergeron d’enraciner à la fois géographiquement et historiquement les aventures des Bordesoule lui permet, à lui aussi, de découvrir des régions de France qu’il ne connaissait pas. « C’est le cas de cette Côte d’Opale, de la ville de Boulogne-sur-Mer et des sites consacrés à ce fameux camp de Boulogne où Bonaparte avait concentré 130 000 hommes, entre 1803 et 1805, pour envahir l’Angleterre », indique-t-il à propos du tout dernier volume, Le Secret du camp de Boulogne-sur-Mer, 40e de la série, nombre que l’auteur tenait absolument à atteindre. Pour quelle mystérieuse raison ? « Un jour, à la Foire du livre de Brive, je dédicaçais à côté de l’écrivain Vladimir Volkoff, dont j’admirais toute l’œuvre, et qui signait ce jour-là ses 40 romans d’aventures pour enfants, celles d’un jeune agent secret nommé Langelot. Du coup, je me suis juré moi aussi d’écrire 40 aventures des Bordesoule. » Avec, il faut l’espérer, une prolongation.
Lorsqu’il signe ses ouvrages dans les grands salons du livre ou dans les fêtes d’école, Francis Bergeron voit désormais arriver de jeunes parents, anciens lecteurs, offrant ses livres à leurs enfants. « Je commence même à voir arriver de jeunes grands-parents, qui les ont lus… dans leur jeunesse. Comme le temps passe ! », ajoute-t-il, pensif. Quand on vous disait que l’indice d’une bonne série est de transcender les générations !
Le Clan des Bordesoule. Le Secret du camp de Boulogne-sur-Mer, Francis Bergeron, éd. du Triomphe, 2025, 122 pages, 10,90 €.
