La revue « France-Forum », longtemps animée par le philosophe démocrate-chrétien Étienne Borne, a organisé un débat sur la crise économique le 3 avril au Sénat.
par Jérôme BESNARD
Mieux comprendre les nouveaux enjeux économiques, tel était le but assigné à ces travaux. Comme le dit Charles Delamare, rédacteur en chef de France-Forum : « C’est une crise systémique, non pas la plus grave depuis 1929 comme ils disent. C’est bien pire ! C’est la plus sérieuse depuis le début de la révolution industrielle, parce que pour la première fois elle est véritablement mondiale. »
Principal maître d’œuvre de ce colloque, le sénateur Yves Pozzo di Borgo, par ailleurs président du groupe centriste au Conseil de Paris, a introduit la journée en expliquant que la crise actuelle trahissait la faillite de tout un système : le néo-libéralisme, c’est à dire le « modèle capitaliste new-yorkais ». Comme d’autres après lui, il a opposé à ce dernier « l’économie sociale de marché », c’est-à-dire le modèle de « capitalisme rhénan » héritier pour partie de la doctrine sociale de l’Église telle qu’elle a été forgée au XIXe siècle. Un « capitalisme rhénan » dont le modèle a été défendu tant par Joachim Bitterlich, ancien directeur de cabinet d’Helmut Kohl, que par l’ancien commissaire général au Plan, Michel Albert.
Pour sa part, l’économiste Christian Saint-Etienne a décrypté les premières réponses des États face à la crise. Il a déploré que la dénonciation des paradis fiscaux (comme la Suisse) ait occulté celle bien plus nécessaire des paradis règlementaires (comme la place financière de Londres) qui sont les véritables responsables de cette crise. Il s’inquiète par ailleurs de l’impossibilité devant laquelle on se trouve de transformer une Europe qui est actuellement une « masse inorganisée », notamment en raison du manque de confiance économique des Allemands envers les Français. Pour Christian Saint-Etienne un gouvernement économique européen et l’harmonisation des législations fiscale en vigueur dans les pays de l’Union Européenne s’imposent.
Le principal message de ce colloque, conclu par Jacques Barrot, vice-président de la Commission européenne, résidait dans la nécessaire réflexion sur l’économie sociale de marché, système libéral encadré par le droit concurrence et la politique sociale. C’est cette dernière qu’il s’agit de repenser, notamment autour de principes malheureusement trop étrangers aux habitudes des capitalistes français : la cogestion et la participation. Les actes de ce colloque seront publiés dans le prochain numéro de la revue…
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