300e anniversaire de la mort de Richard Simon - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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300e anniversaire de la mort de Richard Simon

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Colloque à Rouen

Interpréter les textes sacrés ?

Richard Simon (1638 – 1712), un précurseur de la critique biblique.

au Centre diocésain, 41 route de Neufchâtel à Rouen

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Hommage à Dieppe

Parole de Dieu – Parole de vie

(lecture et partage de la Parole)

Eglise Saint-Jacques, place Saint-Jacques à Dieppe

Contacts

Centre diocésain : 02 35 70 64 64 et accueil@espacedumoineau.com

Paroisse saints Antoine Daniel et Jacques de La Lande de Dieppe Ouest : 4 rue Sainte-Catherine à Dieppe – 02 35 84 21 65 et paroisse.de.dieppe-ouest@wanadoo.fr

Association Art et Culture : 02 35 02 35 07 27 31

et culture.diocese.rouen@wanadoo.fr


Pourquoi célébrer le 300e anniversaire de Richard Simon ?

Interview de Mgr Jean-Charles Descubes, archevêque de Rouen


Quel est le but du colloque et pourquoi l’avez-vous souhaité ?

Le but du colloque est de rendre hommage à Richard Simon décédé il y a 300 ans à Dieppe et inhumé dans l’église Saint Jacques. En 1993, la Commission biblique pontificale a reconnu officiellement qu’il fallait attribuer à Richard Simon la naissance de l’exégèse moderne de la lecture critique de la Bible 1. Il aurait été anormal que l’Eglise de Rouen ne marque pas cet anniversaire alors même qu’il est inscrit dans les commémorations nationales de la République.

Pourquoi l’œuvre de Richard Simon est-elle, selon vous, décisive pour la compréhension de la Parole de Dieu ?

Jusqu’à Richard Simon et même pendant près de deux siècles et demi après lui, la Bible était lue de façon littérale. Richard Simon dans son œuvre critique, en particulier sur les cinq premiers livres de la Bible, le Pentateuque, a fait prendre conscience que la Bible était une bibliothèque, qu’il y avait différents auteurs, que diverses écoles s’étaient croisées et que l’on ne pouvait pas lire la Bible sans tenir compte du contexte socioculturel dans lequel elle a été écrite.

Pourquoi l’exégèse est-elle nécessaire pour connaître Dieu ?

Le Dieu de la foi chrétienne est un Dieu qui parle. Sa parole est mise par écrit dans la Bible. C’est donc par les textes sacrés que l’on a accès à la Parole de Dieu, une parole qui est transmise, interprétée, expliquée et commentée dans la Tradition de l’Eglise.

N’est-ce pas une affaire de spécialistes ?

La Parole de Dieu n’est pas la propriété des spécialistes, des exégètes. Dieu parle à tous les hommes. Mais pour se garder des dérives personnelles ou sectaires, il est important que l’exégèse scientifique aide le peuple de Dieu à avoir une approche saine des textes sacrés.

Est-ce dans cet esprit qu’est organisé à Dieppe un partage de la Parole de Dieu ?

Il me semblait important que cet anniversaire soit marqué par un travail scientifique – c’est le but du colloque – et aussi par une manifestation qui montre que la Parole de Dieu est le bien de tous les chrétiens.

Le travail de Richard Simon et de ses successeurs est donc une parade nécessaire au fondamentalisme ?

Regardez ce qui se passe dans certains Etats aux Etats-Unis. On y enseigne les origines du monde selon la lettre du premier chapitre de la Genèse ! Si on oublie les conditions socioculturelles dans lesquelles les écrits bibliques sont nés, ce qui n’enlève rien à leur inspiration divine, on aboutit à une interprétation fondamentaliste qui mutile tant Dieu que l’homme.


Richard Simon, a marqué une étape essentielle dans l’interprétation de la Bible. Ce colloque se propose tout d’abord de redécouvrir la figure et l’œuvre de Richard Simon puis de faire le point sur l’interprétation des textes sacrés aujourd’hui.

Présentation par le Père Jean-Baptiste Edart.

La question religieuse est indissociable de celle du texte sacré et de son interprétation. La Bible, Ancien et Nouveau Testament, et le Coran sont identifiés comme les sources des trois principales religions monothéistes. L’herméneutique de ces livres a une importance particulière car le sens commun leur attribue un caractère normatif. L’écart culturel et temporel que nous expérimentons avec ces écrits fait rapidement prendre conscience que ce travail de lecture est loin d’être évident. L’approche de certains manuels scolaires d’histoire voulant contribuer à donner une « culture religieuse » montre combien il est facile de se méprendre sur ces textes, leurs auteurs pratiquant souvent une lecture très littérale. Les récits de la création en sept jours ou des dix plaies d’Égypte et de la traversée de la Mer Rouge font très facilement l’objet d’une approximation qui, en fait, masque le sens de ces textes, les réduisant au passage à de pieuses légendes d’un autre temps sans valeur pour notre monde.

Un prêtre de l’Oratoire, à la fin du 17e et début du 18e siècle, apporte une contribution majeure à l’herméneutique du texte sacré, et plus spécifiquement du texte biblique : Richard Simon (1638-1712). Celui-ci, à partir de la simple considération des indices littéraires présents dans l’écrit, montre que le texte biblique est bien plus complexe qu’il n’y paraît. Norme pour la foi religieuse, celui-ci faisait souvent au 17e siècle l’objet d’une approche extrinséciste, selon la terminologie blondélienne. Il se trouvait alors réduit à une histoire sainte qui, au final, n’aurait plus eu de rapport direct avec l’élaboration de la foi et du dogme. Peu importe alors que les livres dont l’auteur est identifié à Moïse décrivent sa mort ! Peu importe que la chronologie des différents évangiles soit discordante ! Paradoxalement, une foi sensée apportée le salut à l’homme situé dans l’histoire et le temps n’aurait pas besoin d’être située dans ce temps et cette histoire et pourrait faire fi de celle-ci.

Il rend au texte sacré sa cohérence avec son message

Richard Simon, en invitant à prendre en considération la dimension historique du récit biblique et de son élaboration pour l’interpréter correctement, non seulement va faire œuvre de science, mais il fait aussi œuvre de croyant. Il fait œuvre de science car il montre que ces textes ont et reflètent une histoire complexe. Comprendre ces récits, ces recueils législatifs et sapientiels implique de mettre en œuvre toutes les ressources de la raison humaine par le recourt aux instruments de l’analyse littéraire et historique comme pour tout autre texte. Par le développement de la critique littéraire et historique, l’œuvre de cet érudit ne se limite pas à mettre en œuvre ce qui apparaît aujourd’hui comme la base de toute interprétation d’une production écrite ancienne. Il rend au texte sacré sa cohérence avec son message. Il participe ainsi à montrer qu’une religion qui se veut située dans l’histoire ne peut prétendre avoir un texte, une parole, qui ne soit pas aussi fruit de l’histoire. Si Dieu est venu dans notre histoire pour sauver l’homme, sa parole revêt nécessairement un caractère historique. Interpréter cette parole implique alors de prendre en considération cette dimension. A travers la question de l’interprétation du texte sacré, c’est en fait la question du rapport entre Dieu et l’homme. Comment Dieu s’adresse-t-il à l’homme et qu’est-ce que cela veut dire sur Dieu lui-même ?

Evocation de Georges Auzou, bibliste rouennais

Ce colloque se propose donc de considérer l’œuvre de Richard Simon à l’occasion du 300e anniversaire de sa mort. Pour comprendre à la fois la nouveauté de son approche et la manière dont celle-ci fut accueillie, nous accorderons une part importante à la compréhension du contexte historique et idéologique du travail de Simon. Politique et religion étaient étroitement liées en France à cette époque. Travailler sur le texte sacré et remettre en cause son interprétation ne pouvait laisser indifférent le pouvoir politique. Une telle œuvre n’est pas non plus apparue sans une longue maturation idéologique. Apprécier ce développement est nécessaire pour appréhender à sa juste mesure l’œuvre de Simon. De fait, le rejet violent dont il fera l’objet par les autorités politiques et religieuses, mais aussi le devenir de la critique littéraire au 19e siècle dans les contextes protestants et catholiques doivent être éclairés par la matrice historique qui a vu naître celle-ci. Nous pourrons ensuite voir comment aujourd’hui l’herméneutique biblique ne saurait se faire sans le fruit du labeur de Simon. L’évocation de Georges Auzou, bibliste rouennais de renom ayant vécu au 20e siècle, sera une belle illustration de la fécondité de Richard Simon.

L’ouverture, comme en contre-point, à l’approche juive et musulmane de l’herméneutique du texte sacré permettra d’apprécier la spécificité de chaque religion et de mieux comprendre l’intérêt de l’approche développée par Richard Simon.

Père Jean-Baptiste Edart


Les intervenants au colloque

●Vendredi 12 octobre●

Richard Simon et son siècle

En mai 1678, en plein règne de Louis XIV, un prêtre érudit de l’Oratoire, Richard Simon, spécialiste de l’hébreu et des langues orientales, envisageait de dédier au roi son prochain ouvrage, Histoire critique du Vieux Testament. C’est alors que Bossuet, précepteur du dauphin, s’opposa à sa parution, au prétexte que l’auteur refusait à Moïse la qualité d’unique rédacteur des textes qui lui étaient attribués. Un décret du Conseil d’Etat fut rendu, et les 1 300 exemplaires de l’édition originale, à quelques unités près, furent détruits. Cette condamnation représente un moment essentiel dans l’histoire naissante de l’exégèse historico-critique. Pour bien la comprendre, il est important de replacer cette affaire dans le contexte politique et religieux du temps : celui d’une Eglise puissante et structurée, premier ordre du royaume, autonome par rapport à Rome, revigorée par le renouveau spirituel de la première partie du siècle (le « Siècle des saints ») et une meilleure formation de son clergé, mais crispée sur son autorité doctrinale, et que les vives controverses avec le protestantisme et le jansénisme avaient acculée à une attitude craintive face aux recherches nouvelles.

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Jean-Christian Petitfils

Jean-Christian Petitfils, historien et écrivain, docteur d’Etat en science politique, est l’auteur de nombreuses études historiques (L’Assassinat d’Henri IV, Le Masque de fer, L’Affaire des Poisons…) et de biographies (Fouquet, Louise de La Vallière, Louis XIII, Louis XIV et Louis XVI…), dont certaines ont été couronnées par l’Académie française et l’Académie des sciences morales et politiques. Sa vie de Jésus, parue chez Fayard 2011, a rencontré un très large succès.

Regards sur la Bible au xviie siècle – Contexte idéologique et enjeu de la proposition de Richard Simon

Dans la variété des regards que le xviie siècle français porte sur la Bible, on choisira de partir de deux personnages, Blaise Pascal et l’oratorien Bernard Lamy. Pascal se situe au croisement des diverses manières de considérer la Bible dans la période qui précède immédiatement les travaux de Richard Simon. Vers 1650, Pascal considère que tout ce qui concerne les livres sacrés est soumis à la seule autorité, contrairement aux sciences, qui relèvent de l’expérience et du raisonnement. Cette soumission à l’autorité est liée à une adhésion à l’augustinisme, qu’on retrouve à la fois à Port-Royal, à l’Oratoire et chez Bossuet.

À partir de l’Abrégé de la vie de Jésus-Christ, on voit se développer chez Pascal une attention critique au sens littéral. Ce qu’il va chercher dans la Bible, c’est une argumentation pour des écrits polémiques, puis pour l’apologie de la religion chrétienne. Dans son interprétation, il ne recourt pas à l’exégèse, mais à l’herméneutique, en insistant sur le sens caché de l’Ancien Testament, et sur les figures.

Bernard Lamy, qui a été le condisciple de Richard Simon, explique dans les Entretiens sur les sciences comment leur maître commun les a initiés aux études bibliques. Il y a là un tournant, à partir duquel une approche scientifique, fondée sur l’histoire et l’étude des langues et prenant en compte les recherches des exégètes protestants, rivalisera avec un recours systématique à l’autorité fondée sur une herméneutique augustinienne. Les audaces de Lamy seront contestées, mais elles vont dans la même direction que les travaux de Richard Simon.

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Michel Le Guern

Michel Le Guern, né en 1937 à Bourbriac (Côtes d’Armor), est professeur émérite de l’Université Lumière-Lyon 2. Il est l’auteur de L’Image dans l’œuvre de Pascal, (1969), Pascal et Descartes (1971), Sémantique de la métaphore et de la métonymie (1972), Pascal et Arnauld (2003), Les Deux Logiques du langage (2003), Nicolas Beauzée, grammairien philosophe (2009). Il a édité les Œuvres complètes de Pascal dans la Bibliothèque de la Pléiade.  

L’œuvre de Richard Simon : entre héritage et fondation – Richard Simon (1638-1712) et la Critique biblique

Si les avatars de l’Histoire n’étaient par trop intervenus dans l’itinéraire intellectuel de Richard Simon, c’est la mémoire d’un érudit à la fois exigeant et paisible que nous aurions conservée. La trop logique incompréhension de Bossuet dans les limites propres à son intelligence et à son temps en décidèrent autrement. C’est pourtant en héritier que Simon s’est d’abord situé dès le début de sa carrière de théologien humaniste. Son premier grand ouvrage, l’Histoire Critique du Vieux Testament, en attente de sa suite normale pour le Nouveau, témoigne d’abord d’un héritage. En même temps, sa nécessaire érudition autant que la maturation de l’époque ne pouvaient que le pousser à ordonner, voire à établir une épistémologie qui fonderait un nouvel âge de l’étude biblique. L’exégèse critique, si elle prolonge jusqu’à nos jours un malentendu aux limites souvent franchies du rejet et de l’incompréhension de lecteurs croyants, reste pourtant exploration et fondation d’un authentique théologien qui n’accepta jamais le malentendu dont son travail fut – et reste trop souvent encore – la victime.

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Père Pierre Gibert

Pierre Gibert, jésuite, professeur honoraire de l’Université Catholique de Lyon, exégète de l’Ancien Testament a assuré l’édition critique des Conjectures sur la Genèse (1753) de Jean Astruc (Editions Noêsis, Paris, 1999), et de l’Histoire critique du Vieux Testament (1678) de R. Simon (Bayard, Paris, 2008). En 2010, il a publié L’invention critique de la Bible. XVe-XVIIIe siècle (Coll. « Bibliothèque des histoires, Gallimard, Paris).

L’herméneutique biblique aujourd’hui – Que reste-t-il de l’héritage de Richard Simon ?

L’œuvre de Richard Simon connut une postérité féconde, même s’il lui fallut patienter quelques siècles avant de porter son fruit. L’accueil de l’exégèse critique dans l’Église catholique fut complexe et reste encore sujette à de nombreuses incompréhensions. L’exégèse critique conduit à reconsidérer le rapport entre Écriture et théologie. Richard Simon n’a jamais voulu séparer les deux, mais l’histoire de l’exégèse du 19e et 20e siècle montre que la compréhension de l’articulation entre l’étude critique du texte sacré et la théologie est encore en gestation. Certes, le magistère catholique, à travers la constitution Dei Verbum du Concile Vatican II, le document de la Commission Biblique Pontificale (1993) et l’exhortation apostolique Verbum Domini (2010) a pleinement accueilli l’héritage de Richard Simon. Toutefois, l’expérience montre que cet enseignement n’est pas encore pleinement compris et intégré, et que les théologiens balancent souvent entre une réduction de la lecture théologique à l’histoire ou une exclusion de l’histoire de l’élaboration théologique.

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Père Jean-Baptiste Edart

Jean-Baptiste Edart, prêtre de la communauté de l’Emmanuel et du diocèse de Rouen, professeur d’exégèse au Séminaire Saint Sulpice (Issy-les-Moulineaux), a publié L’épître aux Philippiens, étude du lien entre le style et l’argumentation (Gabalda, Paris, 2002), Clarifications sur l’homosexualité dans la Bible (Cerf, Paris, 2007).

Témoignage : lecture de la Bible et milieux populaires

Georges Auzou a été le premier à nous parler de Richard Simon. C’est en participant à la formation biblique des responsables de la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne, puis avec l’ACO (Action catholique Ouvrière) et l’ACGF (ancien nom de l’Action Catholique des Femmes) que j’ai découvert l’importance de situer les textes bibliques dans leur contexte pour qu’ils soient compris dans leur juste sens pour les hommes et les femmes d’aujourd’hui. J’ai pu constater combien la Bible lue de cette façon dans les milieux populaires prend un relief nouveau et une actualité qui nourrit l’espérance au cœur des luttes de libération.

« Il n’y a pas de texte sans contexte » disait Paulo Freire. Lire la Bible en tenant compte de cela évite de placer l‘espérance qu’elle porte uniquement dans l’au-delà faisant accepter aux pauvres l’exploitation dont ils sont victimes ici-bas.

Richard Simon nous rappelle que la Bible n’est pas tombée du Ciel. Elle s’est formée à travers l’histoire des hommes. La Parole de Dieu passe toujours par des paroles humaines situées dans l’histoire.

Lire la Bible après Richard Simon est un appel à la créativité : dire l’Evangile en cohérence avec nos expériences humaines ; s’inspirer de la même audace et du même dynamisme que celui des auteurs bibliques.
Cette démarche nous préserve du fondamentalisme qui est « une forme de suicide de la pensée » disait le document romain de 1993 reconnaissant le travail de pionnier de Richard Simon.

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Père Jean-Marie Héricher

Jean-Marie Héricher, prêtre du diocèse de Rouen, est délégué diocésain de la Mission ouvrière, responsable des relations avec l’Islam, aumônier de la Mission de la mer et membre de l’équipe diocésaine du Service de la pastorale des migrants et des personnes itinérantes.

Témoignage : la figure de Georges Auzou

Il est difficile de résumer ce qui ne peut être qu’un témoignage. Car c’est bien d’un témoignage qu’il s’agit : témoignage d’une rencontre avec un homme dont je n’ai rien oublié de ce que j’ai reçu ; témoignage en un sens d’une rencontre avec la Bible, pas la première ni non plus la dernière, bien entendu. Je voudrais surtout souligner le rôle que, pour moi comme pour beaucoup d’autres, Georges Auzou a joué dans l’ouverture de la Bible aux chrétiens à une époque où ce n’était pas évident, souvenons-nous. Il a su le faire en nous faisant entrer dans ses livres, de La Tradition Biblique au tout dernier, au fur et à mesure qu’ils mûrissaient en lui, en prenant surtout l’initiative audacieuse en 1961 de son premier GEB (Groupe d’Etudes Bibliques) suivi les deux années suivantes des GEB 2 et 3, de plus en plus nombreux

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Pierre Jay

Titulaire de l’agrégation de lettres classiques et d’un doctorat ès-lettres, Pierre Jay a été professeur de latin à l’université de Rouen jusqu’à son départ en retraite en 1992. Il y a consacré sa recherche essentiellement à l’exégèse latine chrétienne au IV° siècle et spécialement saint Jérôme, et il y a suscité un Groupe de Recherche pluridisciplinaire sur l’Antiquité Chrétienne (Grac). Il s’est intéressé ces dernières années à un Groupe de recherche « Textes pour l’histoire de l’Antiquité tardive » (CNRS) et participe à un séminaire préparant pour « Sources Chrétiennes » une édition des Préfaces de Jérôme à ses diverses traductions de livres bibliques sur le grec et sur l’hébreu.

●Samedi 13 octobre●

Un exégète normand : Georges Auzou

Dans un colloque consacré à Richard Simon, Georges Auzou a tout à fait sa place, non seulement en qualité de normand, mais surtout parce qu’il se reconnaît héritier de ces siècles de labeur, qui ont préparé le renouveau des études bibliques auquel il a donné vie avec un grand talent pédagogique. La tâche première sera de dégager les grands axes d’une œuvre solide et exigeante, accessible et toujours utile, aussi bien pour les questions fondamentales relatives à la Parole de Dieu que pour l’introduction aux livres bibliques.

A une cinquantaine d’années d’écart le climat a changé. De nouvelles sources d’information jumelées avec de sérieuses réflexions épistémologiques invitent à prendre quelque distance avec certaines positions exégétiques de l’époque. Par sa passion de la vérité et son attention constante aux nouvelles recherches, Georges Auzou peut encore servir de guide dans cette tâche qui s’offre à nous aujourd’hui : donner au peuple de Dieu le goût de la Parole de Dieu en s’appuyant les développements récents de l’exégèse.

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Père Joseph Auneau

Joseph Auneau, prêtre de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice, bibliste, est curé des paroisses Saint-Curé-d’Ars et La Sainte-Famille du Kremlin-Bicêtre. Il a donné un enseignement spécialisé sur le Pentateuque et les livres historiques aux séminaires de Coutances et de Caen (1965-1985), puis au séminaire Saint-Sulpice à Issy-les-Moulineaux et un enseignement sur le Pentateuque au Centre Théologique Universitaire de Rouen (2011-2012). Il a publié Sacerdoce : Ancien Orient et Ancien Testament dans le DBS (Dictionnaire Biblique Supplément) et participé à l’ouvrage les Prophètes et les Ecrits (collaboration et direction) dans la Petite Bibliothèque des Sciences Bibliques. Il est membre du comité de rédaction de la revue « Esprit et Vie ».

Les juifs présentés aux chrétiens du 17e siècle par Richard Simon  

Richard Simon ne se contenta pas d’étudier l’hébreu biblique, le syriaque, le copte, l’arabe, il fit connaissance avec des juifs de son temps. Chargé du catalogue des manuscrits orientaux à l’Oratoire, c’est un juif – Jona Salvador – qui va l’aider à comprendre les questions soulevées par Moïse et le Pentateuque.

A la demande de celui-ci, dans l’affaire Raphaël Lévy, juif de Metz accusé de meurtre rituel sur un enfant et condamné au bûcher, Richard Simon va publier un factum servant de réponse au livre intitulé Abrégé du procès fait aux juifs de Metz. Son intervention eut un effet dissuasif sur la répression qui allait s’abattre sur la communauté juive messine. Il combattit courageusement les préjugés de son temps.

Mais son intérêt pour les Juifs est surtout marqué par la traduction en 1674 de l’ouvrage d’un rabbin de Venise, Léon de Modène, sous le titre de Cérémonies et coutumes qui s’observent aujourd’hui parmi les juifs qu’il complète avec une Comparaison des cérémonies des Juifs et de la discipline de l’Eglise (1681), réimprimée en 1684 et en 1710. Arnold Van Gennep a vu dans ses travaux la naissance de l’orientalisme et de l’histoire comparée des religions.

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Paul Paumier

Paul Paumier est professeur agrégé de l’Université de Rouen. Membre du Groupe de Recherche d’Histoire (GRHIS), il a créé une veille scientifique sur les Religions et est responsable de la filière Documentation au Département d’Histoire. Il a publié « Des chrétiens précurseurs d’un dialogue interreligieux entre l’Europe et l’Inde ? » (Arrogance ou tolérance ? Attitudes de l’Inde et de la France à propos de la spiritualité et de la culture – Actes publiés par le Sénat dans la collection « Les conférences de l’AFUI » – Paris : Sénat – 2003 – p. 22-28) ; « Le cyber-pèlerinage a-t-il un avenir ? Essai sur la pérégrination virtuelle » (Identités pèlerines – Dirigé par Catherine Vincent – Presses Universitaires de Rouen – 2004 – p. 137-154) ; « Françoise Thelamon : du Centre Lenain de Tillemont au gdr – Textes pour l’histoire de l’Antiquité tardive. Itinéraire d’un enseignant-chercheur en Histoire et Sciences des Religions » (Dieu(x) et Hommes. Histoire et iconographie des sociétés païennes et chrétiennes de l’Antiquité à nos jours. Mélanges en l’honneur de Françoise Thelamon – Textes réunis par Sylvie Crogiez-Pétrequin – Publications des Universités de Rouen et du Havre n° 379 – 2005 – p. 11-24)

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Quelle relecture des textes fondateurs de l’Islam est aujourd’hui possible ?

Tareq Oubrou a publié en 2009 Profession Imâm (Albin Michel – octobre 2009). La présentation de l’ouvrage indique : « au cœur de la communauté musulmane, l’imam dispose du privilège de s’adresser aux fidèles du haut de sa chaire. C’est le cas de Tareq Oubrou qui, après trente ans d’engagement, opère un retour réflexif sur son cheminement, depuis l’invisibilité des années 1980 jusqu’à l’avènement d’un islam français devenu incontournable.
Philosophe et juriste (canoniste, plutôt), Tareq Oubrou affronte les questions que soulève la présence de l’islam dans la France laïque en se référant aussi bien à la pensée islamique traditionnelle qu’aux sciences humaines contemporaines. Il revisite la tradition avec rigueur et audace récusant autant le littéralisme aveugle que le modernisme sans freins. Dans ces entretiens, il confronte son propre parcours avec l’histoire récente de l’islam de France. Son bilan, sans complaisance, ouvre des perspectives nouvelles sur la formation des imams, le rapport entre sharia et laïcité, le dialogue interreligieux, la comparaison des modèles français et anglo-saxon… Cet esprit libre et impliqué dans la communauté n’hésite pas à prendre des positions claires sur les problèmes les plus délicats. »


Tareq Oubrou, Imâm, est Recteur de la mosquée de Bordeaux. Son prochain ouvrage, Un Imam en colère, sortira chez Bayard au 3e trimestre 2012.
Eglise Saint-Jacques à Dieppe


Hommage à Richard Simon

Parole de Dieu – Parole de vie

Lecture et partage de la Parole

Faisant suite au colloque qui permettra de découvrir tout ce que notre lecture de la Bible doit à Richard Simon, les mouvements apostoliques du diocèse et les paroisses de Dieppe invitent tous ceux qui le peuvent à vivre un après-midi de partage de la Parole de Dieu. Présentation par le Père Philippe Maheut, Vicaire général du diocèse de Rouen

Pourquoi les mouvements apostoliques ?
Tout simplement parce que ces mouvements ont une pratique originale de relecture de la vie des hommes à la lumière de la Parole de Dieu et que cette pratique rejoint la volonté de Richard Simon de remettre sans cesse la Bible dans son contexte historique.

Pourquoi à Dieppe ?

Parce que Richard Simon y est né et qu’il y est mort. Le rassemblement a d’ailleurs lieu dans l’église Saint-Jacques où il est enterré et où une plaque rappelle ce qu’il a apporté à l’exégèse biblique.

Pour faire quoi ?

Une expérience d’écoute et de partage de la Parole de Dieu. Comme un vaste partage d’Evangile dont le modèle biblique pourrait être celui de la multiplication des pains.

Le déroulement est le suivant :

●Evocation de la figure et de l’apport de Richard Simon.

●Présentation de l’Evangile du jeune homme riche qui est celui du dimanche à suivre.

●Partage sur le texte en petits groupes.

●Temps de prière et envoi par Mgr Descubes.

●Suite de l’échange autour des brioches et du cidre.

Avec qui ?

Avec sœur Marie-Pierre Mathieu, bibliste de notre diocèse, qui présentera le texte de l’Evangile, avec les paroissiens de Dieppe, les membres des mouvements – ACI (Action Catholique des milieux Indépendants), ACO (Action Catholique Ouvrière), CMR (Chrétiens dans le Monde Rural), Action Catholique des Femmes, MCR (Mouvement Chrétien des Retraités), MCC (Mouvement Chrétien des Cadres et dirigeants), CDEP (Chrétiens Dans l’Enseignement Public) et EDC (Les Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens) – et tous ceux qui viendront vivre ce temps de grâce. Tout le monde est invité et on peut venir en famille.


Programme

Colloque : centre diocésain, 41 route de Neufchâtel à Rouen

Vendredi 12 octobre

9h30 – Ouverture : Mgr Jean-Charles Descubes

10 h. : M. Jean-Christian Petitfils

11h15 : M. Michel Le Guern

Déjeuner

14h30 : Père Pierre Gibert

15h30 : Père Jean-Baptiste Edart

16h30 – Témoignages : Père Jean-Marie Héricher et M. Pierre Jay

Samedi 13 octobre

9 h. : introduction

9h30 : Père Joseph Auneau

10h15 : M. Paul Paumier

11 h. : M. le Recteur Tareq Aubrou

Déjeuner

13h30 : départ du car vers Dieppe

Hommage : église Saint-Jacques à Dieppe (14h30 – 17h30)

●Evocation de la figure et de l’apport de Richard Simon.

●Présentation de l’Evangile du jeune homme riche qui est celui du dimanche à suivre.

●Partage sur le texte en petits groupes.

●Temps de prière et envoi par Mgr Descubes.

●Suite de l’échange autour des brioches et du cidre.


Modalités pratiques

Participation : 25 € et 10 € (tarif étudiant)
Déjeuner vendredi et samedi midi au Centre diocésain : 13 € le repas

Inscription à retourner avant le 5/10/2012 à

Association Art et Culture

Centre diocésain – 41, route de Neufchâtel – 76044 Rouen Cedex 1

Site Internet du diocèse de Rouen : http://rouen.catholique.fr/

  1. « Les débuts de la critique littéraire remontent au XVIIe siècle, avec l’œuvre de Richard Simon » (in document de la Commission biblique pontificale – L’interprétation de la Bible dans L’Eglise – 15 avril 1993 – préfacé par le cardinal Joseph Ratzinger, Président de la Commission biblique pontificale).