« Réparer la société avec Dieu » - France Catholique
Edit Template
L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
Edit Template

« Réparer la société avec Dieu »

Évêque d’Ajaccio depuis deux ans, Mgr François Bustillo sera créé cardinal le 30 septembre, lors du consistoire. Visite papale à Marseille, son message pour les prêtres et l’unité de l’Église, évangélisation… Il s’est confié à France Catholique lors d’un récent passage dans nos locaux.
Copier le lien
Mgr François Bustillo

Mgr François Bustillo

© Diocèse d’Ajaccio

Quel impact la visite du pape François à Marseille peut-elle avoir sur les catholiques de France ?

Mgr François Bustillo : La présence du pape à Marseille a été quelque chose de puissant. Il est venu nous parler de ce qui est important pour l’Église : comment passe-t-on de la mer Méditerranée à la « mère », berceau de notre civilisation, et comment réparer cette civilisation fragile en train de se déshumaniser ? Il y a eu des polémiques ici ou là, mais n’oublions pas la célébration de l’Eucharistie qui fut un intense moment de communion. La messe fait l’unité du peuple de Dieu et le corps du Christ fortifie le corps ecclésial. Vient-on à la messe pour écouter la parole de Dieu ou pour s’interroger sur la fragilité de l’Église ? Nous pouvons être surpris parfois par la liberté de ton du pape François et sa vision originale de la vie pastorale, mais il est venu nous dire que le temps n’est pas à la désunion ni aux critiques. Par ailleurs, la visite papale n’était pas une visite d’État. Elle s’inscrivait dans un mouvement spirituel initié en Italie à Bari en 2020 et à Florence en 2022 qui réunit les évêques du pourtour méditerranéen. C’est important pour nous, pasteurs, de connaître la réalité de ce que vivent d’autres chrétiens au Liban ou en Turquie.

Quel message l’Église doit-elle transmettre dans notre monde ?

Dieu est désormais absent de notre civilisation. Nous l’avons mis dehors. Or, je m’interroge. Je suis né en 1968. Cinquante-cinq ans après ce qui se voulait un « mouvement de libération », notre société est-elle plus heureuse ? J’observe beaucoup de divisions, de violences idéologiques. Le spectacle donné par certains élus à l’Assemblée nationale est préoccupant. Si même eux cèdent à la violence, comment dire aux Corses ou aux habitants des quartiers nord de Marseille, par exemple, d’être respectueux et pacifiés ? Comment avoir encore confiance dans les institutions humaines : l’hôpital, l’école, etc. ? Foi et confiance vont de pair. Or si nous n’avons plus foi en Dieu, ou si nous ne donnons plus envie d’avoir la foi, comment croire encore en la politique ?

Nous vivons une grande instabilité sociale et humaine, empreinte de matérialisme et d’individualisme. Nous devons donc « réparer » la société avec l’Église, et avec Dieu. Nous devons apporter l’intériorité là où les réseaux sociaux ne nous proposent que d’être à l’extérieur de nous-mêmes. La vie intérieure apporte le silence et favorise l’unité de l’être. Le catholique doit ainsi travailler à être connecté à sa vie intérieure, où il trouve Dieu.

Par ailleurs, nous devons témoigner du don inouï de Jésus pour les hommes. Quand on cherche des renseignements sur le Christ sur internet, nous découvrons ses miracles, ses actions, ses paroles. Mais qui annonce que Notre Seigneur est mort sur la Croix pour sauver l’humanité ? La jeune génération que je vois en Corse venir demander le baptême est vierge sur le plan religieux. Elle ne se soucie pas des histoires de pédophilie qui secouent l’institution. En revanche, elle veut connaître l’âme de l’Église. Cette dernière fait face à un beau défi : faire redécouvrir ses trésors, dont son enseignement fait partie.

Retrouvez l’entretien complet dans le magazine.