Qui a tué Claude Erignac ? - France Catholique
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Qui a tué Claude Erignac ?

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C’est le nouvel épisode d’un long feuilleton politico-judiciaire qui s’est ouvert lundi dernier avec le procès en appel d’Yvan Colonna, condamné en 2007 pour le meurtre du préfet Erignac. Tous l’espèrent, on va enfin connaître la vérité sur ce qui s’est passé le 6 février 1998, vers 21 heures, à Ajaccio. On va enfin pouvoir répondre à la question : qui a tué Claude Erignac ?

Du seul point de vue judiciaire, l’affaire n’est pas aussi nette qu’on aimerait le croire. Aucun témoin n’a signalé la présence d’Yvan Colonna sur les lieux du crime et aucune trace matérielle n’a encore permis d’établir cette présence de façon certaine. Les seuls éléments à charge sont les déclarations de membres du « commando », sur lesquelles lesdits membres sont revenus avec plus ou moins de netteté. A cela il faut ajouter une enquête mal conduite et dont, en première instance, la défense a implacablement relevé les failles. En fait, le principal élément à charge semble être la longue cavale d’Yvan Colonna qui jette un sérieux doute sur son innocence. Mais, pour l’instant, le doute demeure non moins sérieux quant à sa culpabilité.

Qui a tué le préfet Erignac ? On devrait en toute logique attendre le verdict, dans un mois, pour répondre à la question : peut-être Yvan Colonna et ses éventuels complices. Mais cette affaire n’est pas seulement une affaire judiciaire.

En fait, la vraie question pourrait être : qu’est-ce qui a tué le préfet Erignac ? Il faut ici laisser la parole à la victime elle-même. Dans une des pages de son journal personnel, le préfet assassiné écrit, à l’occasion de son arrivée en Corse : « Le seul problème sérieux est que j’ai clairement conscience de partir vers une mission impossible, faite de contradictions éclatantes entre le discours public du gouvernement, les négociations plus ou moins secrètes, les intentions réelles des uns et des autres ». Plus loin, il parle du « grand écart » qui lui est imposé. La mort de Claude Erignac n’est pas seulement un crime politique commis par un commando, c’est le fruit empoisonné de dizaines d’années de politique irresponsable oscillant entre répression imbécile et arrangements douteux avec les partisans de la violence.

Plus profondément, l’assassinat de Claude Erignac est le triste résultat d’une absence de vraie politique de l’Etat en Corse. Même minoritaire, le nationalisme corse, qu’il soit autonomiste ou séparatiste, n’est pas né par hasard. Le procès Colonna sera utile s’il permet à la République d’en finir avec ses vieilles manies jacobines et finalement si peu républicaines.

Serge Plenier