QU’EST CE QUE L’EVOLUTION BIOLOGIQUE ? - France Catholique
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QU’EST CE QUE L’EVOLUTION BIOLOGIQUE ?

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J’ai pu lire sur le site internet de France Catholique le texte d’un auteur qui critique les théories de l’évolution biologique et nous apparaît par conséquent comme créationniste et très lié aux textes bibliques de la Genèse. Il travaille dans un laboratoire de biologie et déclare avoir étudié ces questions depuis 26 ans.

Je vais lui répondre, non pas en analysant son papier lignes par lignes, mais en rappelant ce que pensent aujourd’hui tous les biologistes vraiment spécialistes de cette question et en situant seulement quelques-unes de ses erreurs.


Par Michel Delsol

Pour lire l’article auquel il est répondu, cliquer ici :

http://www.france-catholique.fr/Forum-Reflexions-theologiques-d-un.html?var_recherche=%C3%A9volution

1/ Les données soulevées par les biologistes au sujet de l’évolution peuvent se résumer de la façon suivante :

a/ Les biologistes qui sont de tendance zoologiste, botaniste et paléontologiste ont classé, depuis plusieurs siècles, environ 2 millions d’espèces vivantes étudiées par eux. Ils pensent que plus de 10 à 15 millions n’ont pas encore été décrites. Le résultat du classement qu’ils ont constaté démontre que la structure classificatoire observée ressemble absolument à une généalogie que nous appelons phylogenèse. En outre, ils ont observé que la répartition des espèces animales ou végétales n’apparaît pas sur la terre au hasard, mais au contraire suivant le schéma qui se serait produit si ces espèces descendaient les unes des autres. Ce travail fut considérable. La seule collection de la Faune de France représente environ 50 volumes qui décrivent parfois sur une même page deux ou plusieurs espèces. Ils ont constaté que la notion d’espèce était très floue et bien souvent les classificateurs n’avaient pas les mêmes opinions. Ainsi, tantôt ils rassemblaient deux espèces décrites en une seule, ou au contraire ils la divisaient en plusieurs. De plus, ils ont bien vu, surtout en collaboration avec les paléontologistes, que les grands groupes passaient insensiblement de l’un à l’autre.

b/ La deuxième question que se posent les biologistes étudiant ces problèmes est relative au mécanisme de l’évolution. On admet aujourd’hui, quasi unanimement, que le système de l’évolution est dû principalement à des transformations de gènes héréditaires situés sur les chromosomes des cellules sexuelles. Dans une immense population les sujets atteints de mutations favorables se reproduisent mieux que les autres, et la population toute entière se transforme en général, en plusieurs milliers d’années, en une nouvelle espèce. Ce résumé est évidemment très sommaire, de nombreux autres faits complètent ces phénomènes. Certaines transformations ne sont pas dues à des mutations mais à l’inclusion de virus dans les chromosomes, par exemple. Certaines spéciations se réalisent très rapidement.

L’auteur dont nous critiquons le texte refuse le premier point décrit : le fait de l’évolution. Il n’a pas besoin évidemment de discuter de son mécanisme puisqu’il ne croit pas au phénomène. Ce refus témoigne d’une légèreté intellectuelle et d’une méconnaissance du problème qui fera sourire beaucoup de biologistes. Il faut dire que l’étude de cette question est immense. Des milliers de livres lui ont été consacrés, des centaines de chercheurs dans le monde travaillent sur ces sujets pendant leur vie entière, c’est leur métier !

2/ Quelques erreurs méritent d’être citées. L’auteur déclare que les poissons donnent les reptiles alors qu’ils donnent les amphibiens. Certes, pour un non zoologiste cette erreur parait bien faible, mais pour un biologiste, c’est grave. Les amphibiens constituent un immense groupe, le Traité de zoologie du Professeur Grassé, qui constitue environ 45 volumes, leur en a consacré deux, soit un total de 2 600 pages.

La deuxième erreur est plus grave encore : l’auteur déclare que l’on a jamais vu le passage d’une espèce à une autre. Effectivement le public ne voit jamais ces faits. Ceux qui l’ont vu ont consacré souvent des années à étudier la répartition géographique de certaines espèces pouvant se retrouver parfois sur des millions de kilomètres ². Dans certains cas ils ont vu alors, sur certaines zones, parfois relativement réduites, des populations de ces espèces se transformer et donner,en plusieurs étapes, une espèce voisine qui occupera une nouvelle région. On conçoit que le non spécialiste ne puisse pas effectuer de telles études et n’ait jamais vu des populations d’une espèce en devenir une autre. Ainsi, en Espagne il existe un petit crustacé terrestre du groupe des Porcellios, très nombreux dans ce pays et qui constitue alors l’espèce Porcellio violaceus . Dans la région d’Andorre, les sujets de cette espèce sur moins de 100 kilomètres se transforment en quelques étapes, en une espèce qui existe seulement en France, Porcellio monticola. Autour du pôle nord on connaît un oiseau qui ne se croise pas avec une autre espèce très voisine, c’est seulement l’absence d’une tache de couleur qui empêche le croisement ; en faisant apparaître celle-ci le croisement se réalise.

Ce sont des petits détails de ce genre qui nous font définir les espèces ; et de détail en détail on passe à des groupes plus complexes.
Dans certains cas les paléontologistes ont des séries si belles qu’elles changent peu à peu, d’étapes en étapes, dans les zones fossiles qu’ils utilisent. Les formes éloignées sont très différentes, mais comme elles passent lentement de l’une à l’autre on ne voit pas où est la nouvelle espèce : on la définit de façon subjective. C’est le cas pour les ammonites qui ont laissé beaucoup d’espèces. On a pu suivre plusieurs dizaines de cas de ce genre.

La vieille idée de Buffon, suggérant que les espèces ne se croisent pas, ou, si elles se croisent, elles donnent des descendants stériles, est un fait fréquent mais absolument pas général. Pour les grands groupes zoologiques, les spécialistes de l’évolution ont très souvent aujourd’hui retrouvé avec beaucoup de précision la série d’espèces qui, en plusieurs dizaines de millions d’années, ont constitué ce passage.

Il y a 70 ans, les professeurs de zoologie disaient à leurs étudiants que l’on était à peu près sûr que c’étaient des reptiles : les tortues qui avaient donné les mammifères primitifs, mais on ne possédait pas les squelettes nécessaires à cette affirmation. Aujourd’hui, à la suite de nombreux travaux, on a une série complète de fossiles qui établit le passage des tortues aux mammifères.

Il est très étonnant que l’on trouve encore des non biologistes chrétiens qui prennent ces positions créationnistes après ce qu’en a dit Jean-Paul II, sur ces sujets, en 1997.

Une réponse aux aspects théologiques de cet article a été magnifiquement donnée par un des contributeur du forum de France Catholique.

http://www.france-catholique.fr/Forum-Reflexions-theologiques-d-un.html?var_recherche=%C3%A9volution#forum784

Nous espérons que les quelques faits apportés rapidement ici montreront à l’auteur de l’article auquel nous répondons que la biologie ne s’est pas construite sur les approximations que connaît le public, quant au caractère des espèces, mais sur des travaux parfois tels qu’un spécialiste ne peux plus douter de l’évolution aujourd’hui.


ndlr

Lire aussi, à propos du bicentenaire de la naissance de Charles Darwin (12 février 1809) :

http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5gLstNL_1qC_6Tlj81p2vLDdV0Itg

http://www.sciencepresse.qc.ca/node/22835

http://www.blogdei.com/index.php/2009/02/11/4650-reponse-a-un-journaliste-quebecois-sur-darwin-et-le-creationnisme

http://qe.catholique.org/evolution-et-creation/21909-je-n-arrive-pas-a-concilier-l-enseignement