Pas une semaine ou presque sans que l’annonce d’une nouvelle profanation ne vienne serrer le cœur des catholiques de France. Dernière en date, celle dont a été témoin le 16 janvier le Père Simon de Violet, vicaire de la paroisse du Saint-Esprit (Paris XIIe) : alors qu’il venait de donner la communion à un homme, ce dernier a brisé l’hostie sous ses yeux avant de la jeter à terre. « Prions pour que le diable cesse de s’acharner sur l’Église » a commenté le jeune prêtre sur Twitter, sous la photo d’une patène contenant l’hostie réduite en miettes.
Profanation ce dimanche à la paroisse. Après l'avoir reçue, un homme brise l'hostie devant moi et la jette à terre. Prions pour lui, et pour que le diable cesse de s'acharner sur l'Église. pic.twitter.com/zgrkwh9Vmc
— Père Simon de Violet (@PSdeViolet) January 16, 2022
Cette vague, qui n’est pas sans évoquer celle de 2019, présente une particularité tragique : la réserve eucharistique est en effet presque systématiquement ciblée. Ce fut le cas dans la nuit du 6 au 7 janvier dans l’église Saint-Germain de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) ou dans la nuit du 9 au 10 janvier dans les églises Saint-Pierre de Bondy et Saint-Germain-l’Auxerrois de Romainville (Seine-Saint-Denis).
À cette triste litanie, on peut ajouter les dégradations qui ont visé la basilique de Saint-Denis dans la matinée du 5 janvier, ou encore le vol d’une relique de Jean-Paul II à Paray-le-Monial dans la nuit du 8 au 9 janvier. La Vienne, déjà ciblée lors de la vague précédente, a encore beaucoup souffert : en neuf mois, pas moins de quatorze églises du diocèse ont été cambriolées, rapporte Margaux d’Adhémar dans Le Figaro (12/01). Dans plusieurs cas, le vol ne semble pas être le seul mobile des profanateurs : le 6 janvier, à Poitiers, six statues de la crèche de l’église Sainte-Thérèse de Bel-Air ont ainsi été décapitées…
Les réactions sont-elles à la hauteur du phénomène ? Non, estimait Charlotte d’Ornellas sur CNews (12/01) : « Les églises et les chrétiens de manière générale sont infiniment plus attaqués aujourd’hui en France que les autres religions (…). Il y a plus de mille actes antichrétiens par an qui font infiniment moins de bruit que d’autres agressions qui font du bruit de manière d’ailleurs extrêmement légitime » a-t-elle déploré. On peut toutefois souligner que ce même 12 janvier, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Cultes, a annoncé l’ouverture d’une enquête pour retrouver les auteurs des profanations de Romainville et de Bondy, avant de se rendre le lendemain à la paroisse Saint-Germain-l’Auxerrois où il a condamné les vols et, étrange euphémisme, « un certain nombre de désagréments tout à fait insupportables pour les paroissiens »… Il a promis une enveloppe de quatre millions d’euros pour la sécurisation des lieux de culte « notamment à l’Église catholique ».
Faits divers ou flambée christianophobe ? Il convient d’aborder avec nuance chacune des profanations. Il n’empêche que cette série d’atteintes crée un climat d’inquiétude : « Ce genre d’actes, ça veut dire qu’on veut supprimer les chrétiens. Ça commence comme ça et ça finit autrement, comme les chrétiens d’Orient dans les pays musulmans. Ça fait peur », s’inquiétait ainsi une paroissienne de Bondy, interrogée par Guillaume Poingt dans Le Figaro (12/01). Le Père Henry Dollié, curé de Bondy, n’envisage pourtant pas un instant de céder à cette peur : « Je suis touché par l’énorme sursaut de la foi. La messe de réparation a été très fréquentée. Les chrétiens tiennent bon (…). Alors, loin d’être résignés ou découragés, avec eux, nous nous retroussons les manches et nous restons debout. Par ailleurs, la violence contre l’eucharistie nous invite à un surcroît d’adoration, de vénération du Seigneur et de vie spirituelle » a-t-il expliqué au Padreblog (14/01).