Mauvais esprit... à propos du Grand Orient - France Catholique
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Pontificat de François - numéro spécial
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Mauvais esprit… à propos du Grand Orient

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4 juin 2011 – Une information que livre le numéro daté d’hier de France Catholique : « Le Grand Orient de France s’étonne et s’inquiète des réactions de l’Église catholique concernant le projet sur la bioéthique, discuté en ce moment à l’Assemblée nationale ». J’ai déjà réfléchi sur l’impensable capacité d’influence dont fait preuve ce « groupuscule » qu’est le Grand Orient – seulement quelques dizaines de milliers d’« initiés » sur 65 millions de Français – qui lui permet ainsi de « s’étonner » et de « s’inquiéter » sur ce qu’ose dire l’Église catholique de France, qui est en réalité affirmé par l’ensemble de l’Église catholique universelle.
En fait je me réjouis de cet étonnement et de cette inquiétude : peut-être auront-ils un effet bénéfique sur les pensées de ces adeptes d’une idéologie qui m’a toujours paru ne défendre que les positions des athées les plus attardés… Une sorte de conservatoire de principes qui furent ceux défendus par Satan pour « orienter » – déjà ! – Adam et Ève vers le péché d’origine, dès avant la « Grosse explosion » d’où sortit notre « Espace-Temps ».
« Sans dénier à l’Église catholique le droit de dire une morale (encore heureux !) qui concerne ses adeptes, le Grand Orient de France rappelle que dans ce débat qui intéresse le pays tout entier dans la diversité de ses composantes philosophiques et religieuses, l’État est chez lui et l’Église doit rester chez elle. »

J’admire l’usage du chez lui et du chez elle, ce qui signifie en premier lieu que cette Église catholique n’a le droit que de s’adresser à ses « adeptes » et donc pas celui de dire ouvertement ce qu’elle pense, au nom de tous les siens, de ces questions d’importance vitale… Or chaque catholique est également un citoyen, qui attend de son Église qu’elle éclaire le débat et le situe à la hauteur où il doit l’être. Mgr Vingt-Trois a parfaitement raison de soutenir que voter la loi de bioéthique telle qu’est sortie du cerveau des sénateurs constituerait un « recul de civilisation ». J’oserai, pour ma part, dire que ce serait plutôt un déni de civilisation : une façon comme une autre de lancer le siècle sur la voie de la barbarie, déjà fort empruntée.

Il s’agit d’une prise de position qui, dans son humilité apparente, tient d’une prétention des plus outrée : si je compte en effet le nombre des affidés du Grand Orient présents au sein du gouvernement, de l’Assemblée nationale et du Sénat, on peut, sans risque d’erreur, affirmer que ce cercle de « réflexion » est incroyablement surreprésenté en nos instances nationales et qu’il peut donc se sentir en « droit » de réclamer pour lui-même l’étonnant « chez lui » qu’il considère apparemment comme n’étant que celui de l’État… Mais il faut noter aussitôt la sorte de revendication qui sous-tend son communiqué à pouvoir d’un mot reléguer l’Église en un « chez elle » très privé, de l’ordre de l’effacement, et même du silence.
Aucun catholique sérieux, conscient de l’enjeu, ne saurait accepter un tel renvoi, étant donné que tous ceux qui composent l’Église sont des citoyens tout aussi citoyens que les « initiés » du GO… tout en se comptant bien plus nombreux. En somme que l’Église s’enferme dans ces lieux de culte, ne se mêle plus de ce qui ne la regarde pas et laisse les surreprésentés s’occuper des affaires où l’État est « chez lui »… sauf que les catholiques mettent au monde plus d’enfants que les citoyens proches du GO !

Que diraient les affidés de cette « congrégation 1 » maçonnique si les catholiques de France leur demandaient de rester chez eux, rue Cadet, tout porche clos ? Si ce n’était une façon de faire injustifiable, intolérable même et scandaleuse, ce serait au-moins aussi légitime puisque ces chrétiens se comptent plus de 50 % de la population même s’ils ne se sont plus que 20 à 25% en tant que pratiquants occasionnels et 6 à 15% en tant que pratiquants plus ou moins réguliers…

Ce qui me parait incroyable c’est le culot additionnel de la réflexion finale : « Le respect de la laïcité garante de la paix et de la justice sociale est à ce prix ». Un prix qu’il est seulement demandé à l’Église catholique de payer ! Mais que vient faire la laïcité dans ce débat qui concerne chaque être humain ? Est-ce qu’elle serait capable, par hasard ou par nature, de dire quoi que ce soit sur la dignité ou l’indignité de l’embryon et dès lors de l’homme et de la femme ? Serait-elle une philosophie, une doctrine, une dogmatique, un sectarisme, moi qui l’aie toujours prise pour un simple ensemble de pratiques destinées à permettre que la société n’éclate pas ? Ne se déchire pas, malgré la multiplicité des occasions qu’elle aurait de le faire ? Une façon commode de se reconnaître des principes et des idéaux communs, malgré les différences, les divergences, les oppositions ?
Sans oublier bien entendu que la source même de cette « laïcité », mais bien comprise, n’est autre que l’Évangile !

Est-ce la laïcité que l’on peut penser en mesure de définir les conditions de la justice sociale ? Certes, pour que soit la justice sociale il faut que règne la paix entre les différents courants qui animent le corps social, mais la justice dépend en premier lieu de la conception que l’on a de l’être humain, de sa dignité, et vouloir par exemple et à toute force qu’il soit sans Dieu comme le pense, le croit et le proclame le GO, ne permet absolument pas d’établir les conditions idéales de cette justice pourtant désirée par tous, ne fut-elle que sociale, et dont chacun rêve sans jamais la voir réellement incarnée. C’est donc là une affirmation biaisée, qui n’a d’autre but que de chercher à discréditer l’Église catholique en tant qu’institution susceptible éminemment de concevoir ce que peuvent ou pourraient être en tout pays ces conditions. C’est l’avantage qu’elle a le droit de faire valoir de n’être pas fondée sur une idéologie ni sur un livre, mais d’être avant tout et essentiellement un rassemblement de vivants autour du Dieu Amour. Car seul l’amour sauve et la justice devrait être le bras secourable de cet amour.

La dignité de l’embryon ne dépend pas que de la foi sur quoi chaque être fonde sa vie : et cela va de la foi du chrétien à celle de l’athée, même si celui-ci pense que la raison seule justifie son athéisme, ce qui est faux, la foi du chrétien s’appuyant sur la raison même si celle-ci n’est pas la seule en cause. Cette dignité est de nature : si elle n’est pas reconnue, celle des adultes est alors infondée. D’où l’obstination de l’Église, cette immense foule, à ne rien lâcher à ce sujet.

  1. Usage que je ne veux absolument pas irrespectueux envers les congrégations religieuses… Mais l’athéisme primaire des maçons impose la vision d’une sorte de religion sans dieu, tandis que les chrétiens vivent d’une foi qui l’emporte sur les données du fait religieux.