Marthe Robin : Une petite lumière dans le monde - France Catholique
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Marthe Robin : Une petite lumière dans le monde

Les éditions Foyer de Charité et la maison de production de la Communauté de l'Emmanuel (SAJE Prod) diffusent un DVD sur Marthe Robin (1902-1981). Publiée en français mais aussi en anglais, allemand, italien, polonais, chinois, vietnamien, arabe, la vidéo est un florilège des points saillants de la vie d'une des grandes figures chrétiennes du XXe siècle.
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La vidéo, d’une quarantaine de minutes, s’ouvre sur de brefs témoignages d’élèves des écoles des Foyers de Charité. Il faut rappeler que l’œuvre de Marthe Robin a commencé avec la création d’une école de filles en 1934, à Châteauneuf-de-Galaure (dans le département de la Drôme), non loin de la petite chambre de ferme où elle a reçu le monde entier. Entre ingénuité et spontanéité propres aux enfants, les jeunes témoins sont directs : « Marthe moi je l’ai pas connue » ; « Elle a vécu sa vie difficilement mais elle aimait beaucoup Dieu » ; « Elle donnait des Bibles ou du saucisson ou des cigarettes aux gens dans les prisons » ; « Comment a-t-elle fait pour vivre si longtemps sans manger ? » ; « Je lui demande beaucoup de grâces, c’est comme une amie » ; « C’est quelqu’un d’assez étrange pour moi » ou encore « C’est une petite lumière dans le monde ».

D’entrée de jeu, le DVD invite donc à la rencontre de Marthe Robin, avec alternance entre morceaux choisis dans sa biographie expliqués par le P. Bernard Peyrous, postulateur de sa cause de béatification, par l’exégète le P. Jacques Bernard et Sophie Guex, membre d’un Foyer et docteur en philologie, qui travaillent tous deux sur les écrits de Marthe Robin, et des récits de ceux qui l’ont connue de près, tels Thérèse, François, Anne-Marie, Marie-Madeleine, Louis, qui l’ont vue « rire, faire des blagues, pleurer, entrer dans la Passion du Christ » qu’elle vivait chaque jeudi. Parmi les grands témoins aussi, Jean Vanier, fondateur de L’Arche et Mgr Marchand, évêque émérite de Valence.
À travers les récits éloquents, les citations en voix off accompagnées de musiques méditatives, les photos d’époque, illustrations et vues du village, la jeune Drômoise née dans une famille d’agriculteurs prend vie : joyeuse — un « rire de cascade » — mais de santé fragile, Marthe tombe malade en 1918 d’une encéphalite « écrasante » et devient peu à peu infirme. Dix ans plus tard, en 1928, deux capucins de Lyon sont invités par le curé, le P. Faure, à prêcher une mission sur la paroisse et visitent Marthe Robin : c’est un renversement pour la jeune malade qui rencontre l’espérance « non pas dans la guérison de sa maladie, mais dans un regard différent sur sa maladie… elle choisit sa vie, comprenant que le sommet de l’amour c’est de tout donner. Et quand on n’a pas de santé, on peut donner son manque de santé », souligne le P. Peyrous.

Le 10 février 1936, elle rencontre le P. Georges Finet, avec lequel elle fonde l’œuvre des Foyers de Charité, une œuvre « pour l’humanité », voulue comme des lieux « de cénacle » où les gens pourraient « rencontrer Dieu », dans le monde entier. Marthe découvre « la joie la plus douce, celle de vivre pour les autres ». Elle est aussi à l’origine d’une vingtaine de communautés fondées avant et après le Concile Vatican II : on reconnaît en elle un « personnage central dans l’histoire de l’Église de France au XXe siècle et au XXIe siècle », un prophète de la nouvelle évangélisation qui a vu « que l’Église ne pouvait se renouveler que dans une perspective missionnaire ».

Le DVD intègre de nouvelles études sur le Journal de Marthe Robin (1929-1932), publié récemment aux éditions Foyer de Charité (voir FC n° 3359). Le rythme est bien mené, on ne s’ennuie pas, fascinés par les paradoxes d’une vie mystérieuse — Marthe qui ne pouvait déglutir mais absorbait l’hostie consacrée —, par les émotions mystiques qu’elle exprimait, par sa vie vécue « en permanence avec la Vierge », par son accueil « très concret », s’intéressant aux besoins de chacun, ne jugeant jamais.

Au terme de cette histoire, son actualité et sa fécondité révèlent toute leur ampleur à travers le témoignage de Christophe, Armelle, Claire, Lilian, Sophie et d’autres qui, tous jeunes, n’ont pas connu Marthe Robin mais témoignent du « cœur à cœur » qu’ils vivent, même après sa mort, avec celle qui est devenue pour beaucoup « une grande sœur qu’on vient visiter ».

Marthe Robin en effet « est pour le monde » : non pas « rétrécie à la dimension des Foyers », elle présente « un visage ecclésial et universel ». « Cassée en deux dans son lit, elle est une leçon terrible pour notre temps qui pense que la souffrance n’a pas de sens », fait observer le P. Bernard Peyrous. Aujourd’hui encore, son histoire ne se lasse pas de confirmer que « La Vie est belle ».

La vidéo se conclut par un enregistrement audio inédit de Marthe Robin et du P. Finet récitant la prière qu’elle a composée, « Ô Mère bien-aimée », achevée par des communautés du monde entier. Une bande son précieuse, quand on sait que quiconque allait visiter Marthe était frappé par cette voix « très fraîche, très polie, très gentille, très simple », qui résonnait dans sa chambre plongée dans la pénombre.

Le pape François a autorisé, le 7 novembre, le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour la Cause des saints, à inscrire Marthe au nombre des « serviteurs de Dieu ». Elle est désormais « vénérable ». La reconnaissance d’un miracle pourrait ouvrir la voie à sa béatification.