Lucrèce : le crépuscule des dieux - France Catholique
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L'incroyable histoire des chrétiens du Japon
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Lucrèce : le crépuscule des dieux

Comme tous les grands Anciens, Lucrèce recherche une Divinité qui soit plus vraie et plus divine que les dieux et les déesses du Panthéon antique.
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Gravure du poète romain Lucrèce, 1682, dessiné et gravé par Michael Burghers.

Gravure du poète romain Lucrèce, 1682, dessiné et gravé par Michael Burghers.

Après Homère, Socrate et Aristote, la logique voudrait que nous nous attardions sur la figure de Virgile – cet autre « monument » de la littérature. Mais avant Virgile, il faut parler de celui qui le précéda et l’introduisit : Lucrèce. Virgile revêt la toge virile – signe qu’il devient adulte – à l’âge de 17 ans, en 55 avant J.-C., l’année même où Lucrèce meurt, à 46 ans.

Lucrèce nous est connu par son œuvre majeure De rerum natura, « De la nature des choses », qui est un grand traité encyclopédique destiné à son ami Mennius et, par lui, à tous ses lecteurs. Dans ce poème, il traite de l’origine du monde et de ses lois, voulant apporter aux hommes, à travers la philosophie d’Épicure que nous connaissons surtout par lui, cette « bonne nouvelle » que les dieux n’existent pas : ils sont les produits de nos fantasmes, avec lesquels nous voulons nous faire peur comme font les enfants dans le noir. Cette angoisse disparaît si nous connaissons les lois qui commandent la nature des choses, ce qu’il expose dans son poème, composé de six livres et de 7 400 vers.

Le livre de chevet de Montaigne et de Pascal

Dans la traduction qu’il en fit, vers pour vers, aux éditions des Belles Lettres dans la collection « Livre de poche », Oliviers Sers écrit : « Guérir le mal de vivre par la promesse du néant, soigner l’angoisse par la contemplation des lois d’un monde fruit du hasard, de la liberté et de la logique, où rien ne se perd ni ne se crée, composer un traité de physique en vers enluminés de poésie et de beauté, de désespoir et de gaieté, tel est le pari réussi de Lucrèce […], amère absinthe enrobée de miel mais aussi potion magique, grosse pour le meilleur et pour le pire de la “maîtrise et possession de la nature”, livre de chevet de Montaigne, de Pascal et de Frédéric le Grand. » « Il faut parler avec respect de Lucrèce », affirmait Gustave Flaubert.

Dans ce traité, Lucrèce apporte effectivement nombre de choses nouvelles. Après avoir salué Vénus comme la seule déesse digne de respect parce qu’elle est la mère de l’amour et que c’est l’amour qui crée, et non pas la peur, Lucrèce va chercher la nature des choses et y trouve des « corps premiers élémentaires », qu’on appellera plus tard des atomes. Il professe aussi que, contrairement à ce que pensait son temps, il y a du vide dans l’univers, d’où naît le hasard, et que cet univers, comme chacun de nous, aura une fin – ce qui était contraire à la croyance ordinaire qui voyait l’histoire comme un perpétuel recommencement. Pour Lucrèce, il y a eu un commencement et il y aura une fin. Cette pensée novatrice rencontrera un grand écho chez les premiers chrétiens qui y verront la dénonciation implacable de l’idolâtrie et de la vanité des religions anciennes.

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