Virgile, un prophète païen ? - France Catholique
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Virgile, un prophète païen ?

Parce qu’il a semé son œuvre d’intuitions qui semblent annoncer la Bonne Nouvelle, Virgile, qui célébra Rome et Auguste, fut aimé aussi des chrétiens. Sa postérité fut telle que Dante le choisit comme guide dans La Divine Comédie.
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Virgile, Horace et Varius chez Mécène, vers 1846, Charles Jalabert, musée des Beaux-Arts, Nîmes.

Jouant sur son nom, Vergilius, ses amis napolitains l’appelaient virgo, « la vierge ». Parce que toute l’œuvre de Virgile rayonne d’une extraordinaire pureté. Mais aussi parce que la Vierge est bien présente à la quatrième églogue de ses Bucoliques : Jam redit et Virgo – « déjà revient aussi la Vierge » – qui annonce le dernier âge prédit par la prophétie de Cumes et le recommencement de la grande série des siècles : « Le dernier âge viendra, que la Sybille chantait / Cycle nouveau-né des ans écoulés, cycle parfait. »


Virgile (70-19 av. J.-C.) écrit Les Bucoliques à 28 ans : de petits poèmes, les églogues, évoquant la vie à la campagne mais distribuant aussi, sous la forme poétique, de grandes leçons politiques, quasiment universelles.


Rome a apporté la liberté en apportant l’ordre


La première églogue est restée célèbre. Un berger, Mélibée, fuit avec son troupeau et rencontre sur son chemin un autre berger, Tityre. Calme sous les ombrages, ce vieil homme chante sur son pipeau la beauté de sa maîtresse Amaryllis. Le fuyard dit sa surprise devant sa tranquillité. « Un dieu fit pour nous ces loisirs », répond Tityre. Qui est ce dieu ? « La ville qu’on appelle Rome », qui s’élève au milieu des autres comme s’élève le cyprès au milieu des viornes flexibles. Et quand Mélibée lui demande pourquoi il avait tant envie de voir Rome, Tityre répond : libertas – « la liberté ».


Rome a apporté la liberté parce qu’elle a apporté l’ordre. À Rome règne un jeune héros, l’empereur Auguste. Tityre est allé lui demander ce qu’il fallait faire pour garder cette liberté. Ce jeune héros lui a répondu : « Faites paître vos bœufs comme avant mes enfants, élevez des taureaux. » Tityre est un heureux vieillard – felix senex, dit Virgile. Pourtant, le jeune Auguste lui parle comme à un enfant. C’est qu’Auguste a apporté la paix, la liberté et la prospérité. L’églogue se termine par l’invitation que Tityre fait à Mélibée de rester avec lui car déjà les ombres s’allongent : il se fait tard, et il a des figues mûres, des châtaignes moelleuses et du fromage frais en abondance.


À la suite de la publication de ces Bucoliques, Mécène, protecteur des arts, ministre et ami d’Auguste, demande à Virgile d’écrire un poème pour inciter les Romains à revenir à la terre. Favorisant ainsi la politique du Prince, il voulait vider Rome d’une population oisive, entretenue sans rien faire, à qui étaient donnés du pain et des jeux, et qui trouvait dans cette oisiveté tous les motifs du désordre et de la violence.


Quand Auguste entendit Virgile lui lire Les Géorgiques, il lui demanda aussitôt d’écrire une épopée à la gloire du fondateur de Rome, Énée, neveu et gendre de Priam, Troyen rescapé du désastre de la ville et qui, conduit par les dieux, était venu en Italie fonder Rome. Virgile écrira alors L’Énéide qui décrit cette épopée, dont on dira aussitôt qu’elle est plus grande que L’Iliade et L’Odyssée et qu’elle n’aura pas d’équivalent.

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