Contrairement à certaines idées reçues, Jean-Paul Ier fut un homme profondément ancré dans son temps. La fugacité de son règne laisse de lui l’image d’un pape de transition, mais tout porte à croire que s’il n’était pas mort si rapidement, il aurait pu accomplir de grandes œuvres au sein de l’Église, dont il avait bien pris la mesure des fragilités lorsqu’il occupait encore un siège épiscopal.
Il s’en était expliqué un jour avec limpidité dans un hebdomadaire italien, en s’inspirant de la figure de Philippe le Hardi – aux côtés d’autres figures françaises qu’il citait volontiers : « Dans l’Église, nous constatons aujourd’hui un renouvellement intérieur et un dialogue avec les puissances de l’extérieur. Mais des difficultés apparaissent. En tant qu’évêque, il me semble parfois être dans la peau du dauphin, fils du roi de France Jean II. Pendant la bataille de Poitiers en 1356, le roi fut pris dans un terrible corps à corps. Son fils qui combattait à ses côtés ne cessait de le protéger en lui criant : “Père, prenez garde à droite ! Père, prenez garde à gauche !” Il me semble que c’est ce que je suis en train de faire continuellement. » Doux et humble sans doute, Mgr Luciani n’hésitait pas à se comparer à un jeune chevalier sur le champ de bataille, prêt à tout risquer pour sauver son Église. Autant dire que l’homme a du tempérament.
Unité et autorité
Il le montra de manière spectaculaire lors du schisme de Montaner, lorsqu’il était évêque de Vittori Venetto. En 1967, les habitants de ce petit village refusèrent de se soumettre à l’autorité du curé que venait de nommer Mgr Luciani, lui préférant un prêtre installé depuis longtemps dans la paroisse et dont ils étaient familiers.
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