Le méconnu du Vatican - France Catholique
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L'Église dans l'attente
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Le méconnu du Vatican

Mort en 1978 au terme d’un règne de 33 jours, Albino Luciani a été béatifié le 4 septembre par son successeur François. Derrière l’apparence d’un homme doux et souriant, on retiendra aussi un héritage spirituel ferme et profond, mais que le mystère de sa mort subite a relégué au second plan.
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Le pape Jean-Paul Ier lors de l’Angélus.

Le pape Jean-Paul Ier lors de l’Angélus.

© Sentinelle del mattino International / CC by-sa

« Tempesta magna est super me. » Ces quelques mots, qui signifient littéralement : « Une grande tempête est au-dessus de moi », sont prononcés par Jean-Paul Ier juste après son élection le 26 août 1978. Comme si le nouveau Souverain pontife savait qu’il accédait au trône pétrinien dans un contexte chaotique. Sombre propos qui n’est pas sans évoquer celui tenu par le cardinal Ratzinger lors du chemin de croix du 25 mars 2005 lorsqu’il comparait l’Église à une « barque qui prend l’eau de toutes parts », moins d’un mois avant de devenir le pape Benoît XVI.
La comparaison entre les deux hommes est tentante : doux de caractère, théologiens de haut niveau, ils ont tous les deux vu leurs pontificats brutalement abrégés sur fond d’inquiétantes rumeurs. Ce rapprochement s’arrête ici cependant, tant les contextes ont radicalement changé en près de quatre décennies.

Origine modeste

Certes, on ne saurait nier que ce sont les nombreuses énigmes qui entourent les circonstances de la mort de Jean-Paul Ier qui lui ont permis de passer à la postérité, au-delà de la brièveté exceptionnelle de son règne : à peine plus d’un mois. Si l’on veut rendre justice à ce Souverain pontife, il convient néanmoins et avant toute chose de s’intéresser à son héritage spirituel qui, on l’espère, finira par se substituer aux spéculations.

Dégageons d’abord son profil à grands traits : une naissance en 1912 à Canale d’Agordo, en Vénétie, dans un milieu modeste ; un père anticlérical et une mère très pieuse ; le petit séminaire de Feltre, le grand séminaire de Belluno et l’université « Grégorienne » à Rome ; l’ordination sacerdotale en juillet 1935 ; l’enseignement… Albino Luciani, que l’on ne saurait soupçonner de carriérisme, gravit ensuite les échelons de la hiérarchie : il devient évêque de Vittorio Venetto en décembre 1958, patriarche de Venise en décembre 1962, cardinal en mars 1973 et enfin pape après le décès de Paul VI – et ce dès le premier jour de conclave, alors que personne ne l’attendait.

Héritage spirituel

Mais sur le fond, que faut-il retenir de cet homme, le « dernier » pape italien, qui vient de rejoindre les rangs des bienheureux de l’Église ? Le pape François, au cours de la cérémonie de béatification, le 4 septembre, a esquissé quelques pistes : ce fut, dit-il, « un pasteur doux et humble », qui avait adopté « la pauvreté du disciple » et qui a su, « avec le sourire […], transmettre la bonté du Seigneur ». Son humilité transparaît dans le récit que l’intéressé fait de son élection lors de l’Angélus du 27 août 1978 : « Hier matin je me suis rendu à la Sixtine pour voter tranquillement. Jamais je n’aurais soupçonné ce qui allait arriver. À peine le danger s’est-il annoncé pour moi, que les deux collègues, mes voisins, m’ont murmuré des paroles de réconfort. L’un d’eux m’a dit : “Courage ! si le Seigneur charge d’un poids, il donne aussi l’aide pour le porter.” L’autre a poursuivi : “N’ayez pas peur, dans le monde entier il y a tant de personnes qui prient pour le nouveau pape.” Le moment venu, j’ai accepté. »

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