Lorànt Deutsch, sur le bout de la langue - France Catholique
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Pontificat de François - numéro spécial
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Lorànt Deutsch, sur le bout de la langue

Du 16 au 24 mars se déroule la semaine de la langue française et de la francophonie. Rencontre avec un comédien et conteur hors pair. Lorànt Deutsch a déjà entraîné des millions de lecteurs à la découverte de l’histoire de Paris et de la France. Il nous convie dans son dernier ouvrage à une odyssée de 2 000 ans à travers les métamorphoses de la langue française.
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Métronome avait provoqué les critiques de certains historiens. Ne craignez-vous pas de provoquer la colère des linguistes en piétinant leurs plates-bandes ? Lorànt Deutsch : Ceux qui m’ont critiqué par principe sont toujours les sempiternels mêmes militants. Quand on se penche sur les chantres de l’histoire globale ou mondialisée, on découvre souvent des militants très ancrés à gauche, pétris d’un internationalisme triomphant. Ce sont des procureurs. Pour ma part, je suis dans le camp de ceux qui veulent faire de l’histoire comme un divertissement, un moyen d’évasion, d’enrichissement, de savoir joyeux. Si je ne m’intéresse pas à l’époque contemporaine, c’est parce qu’elle est encore objet de souffrance. J’aime quand les os sont bien blanchis, car alors il n’y a plus de bourreaux ou de victimes, il n’y a que des aïeux, les pires comme les plus saints. Reconnaître le premier des larrons comme son frère, c’est très chrétien ! J’accepte aussi bien Louis XVI que Robespierre, parce qu’ils ont fabriqué le jardin merveilleux dans lequel je vis. D’ailleurs, je crois que dans tous les grands historiens, se cache le petit enfant qui a été passionné par Peter Pan et qui a voulu en savoir plus, en s’appuyant sur les ailes de la vérité. Quant aux linguistes, je prépare actuellement un livre avec l’un des plus éminents d’entre eux, Alain Rey, qui m’a écrit pour me dire à quel point il avait aimé mon travail. Ce grand lexicologue a vu que ce qui m’anime, c’est la passion, le plaisir, le bonheur des mots. Il s’agira sans doute d’un entretien, destiné aux écoles. Évidemment, je ne suis pas un universitaire. Il y aurait des choses à dire par rapport à ce que je peux avancer sur l’origine de tel ou tel mot. Mais le principe d’un étymologiste est de ne jamais être d’accord avec son voisin. Je m’inscris dans ce courant-là… Plutôt que d’un manuel ou d’un traité savant, vous invitez vos lecteurs à une promenade, à feuilleter le roman de la langue française… Comment ne pas écrire un « roman », quand on parle de la langue française, qui est une langue romane ? À l’origine, le français représentait, face au latin, l’idiome vulgaire : la romana rustica lingua. Ainsi, « vulgariser » c’est mettre en roman, rendre accessible au profane. C’est ce que j’ai voulu faire ! En tant que profane, je cherche à accompagner d’autres profanes comme moi, dans ce formidable voyage qui a été la création de notre langue. Retrouver l’intégralité de l’entretien dans notre magazine.
—  Photo : © E. Sokol