« Sola Scriptura » ? Les Saintes Ecritures et la foi - France Catholique
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« Sola Scriptura » ? Les Saintes Ecritures et la foi

Si importante soit-elle, la Sainte Écriture n’est pas la seule source en matière de foi. Il y a aussi la Tradition apostolique, continuée par le Magistère de l’Église. Voici pourquoi.
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Luther à la Diète de Worms en 1521 (recadré), 1877, Anton von Werner,Staatsgalerie, Stuttgart, Allemagne

Quand un catholique discute avec un protestant, le principe « Sola Scriptura » vient rapidement sur la table. Face à telle ou telle affirmation dogmatique du catholique, le protestant répliquera en effet : « Ah oui ? L’Immaculée Conception, très intéressant ! Peux-tu me montrer le verset de la Bible qui enseigne cette doctrine extraordinaire ? »

Et là, de deux choses l’une : ou bien le catholique se met à feuilleter fébrilement sa Bible à la recherche de la citation qui tue – et ça va mal finir pour lui, car elle n’existe peut-être pas. Ou bien – et c’est la bonne voie – il se rappelle son cours de catéchisme et répond au protestant que l’Écriture n’est pas l’unique source en matière de foi. Qu’il y a aussi la Tradition apostolique, continuée par le Magistère de l’Église. Le concile Vatican II l’affirme clairement : « La sainte Tradition, la Sainte Écriture et le Magistère de l’Église, selon le très sage dessein de Dieu, sont tellement reliés et solidaires entre eux qu’aucune de ces réalités ne subsiste sans les autres » (Constitution dogmatique Dei Verbum sur la Révélation divine).

Certes, direz-vous, mais comment convaincre le protestant d’une chose pareille ? Lui asséner la Tradition sans plus d’explication, cela ne revient-il pas à lui demander de devenir catholique sans lui donner d’argument ? Effectivement, ce n’est pas la bonne méthode. Il faut expliquer. Alors expliquons.

L’Église a précédé les Évangiles

Premier point : l’existence même des Évangiles présuppose l’existence de la Tradition et de l’Église enseignante. Pour une raison très simple : le groupe des apôtres a existé, transmis la Parole et enseigné avant que les Évangiles ne fussent rédigés. Concrètement : l’Église a commencé d’exister du vivant de Jésus alors que les Évangiles furent rédigés entre 50 et 90.

Or, les évangélistes le disent eux-mêmes : ils n’ont pas pu tout consigner par écrit : « Jésus a fait encore beaucoup d’autres choses ; si on les écrivait en détail, je ne pense pas que le monde même pût contenir les livres qu’on écrirait » (Jn 21, 25). Il faut donc ici le répéter : le christianisme n’est pas une « religion du Livre », mais la religion de la Parole, transmise par les Apôtres et leurs successeurs.

En outre, pour que les paroles du Christ demeurent, dans leur sens véritable jusqu’à la fin du monde (Mt 24, 35), il importe qu’une instance interprétative infaillible demeure elle aussi, faute de quoi l’on tomberait dans le subjectivisme interprétatif. Comme disait le cardinal Newman : « De même que la création du monde implique la conservation du monde, la révélation implique l’infaillibilité. » Sans un canal sécurisé pour conserver, expliciter et interpréter le contenu révélé, ce dernier serait promis à la dégradation et à la dilution.

Le principe « Sola Scriptura » n’est donc pas tenable. Assurément, l’Écriture est capitale, mais elle n’a pas l’unique source. Comme le dit le Catéchisme (§96) : « La Sainte Tradition et la Sainte Écriture constituent un unique dépôt sacré de la parole de Dieu. » On peut toucher du doigt cette nécessité en posant aux protestants deux questions très simples. La première : si le principe « Sola Scriptura » était vrai – à savoir que l’Écriture serait l’unique et suffisante source de norme et de vérité pour le salut – il faudrait que ce principe soit mentionné quelque part dans l’Écriture. Or, il ne l’est pas. Le principe ne peut donc pas satisfaire à sa propre exigence. C’est tout de même gênant.

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