Les mensonges de la guerre d’Algérie - France Catholique
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Pontificat de François - numéro spécial
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Les mensonges de la guerre d’Algérie

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Jacques Demougins. Les mensonges de la guerre d’Algérie.

Edit. Cide et France-Loisirs, 2006, 319 pages

Diplômé de lettres, ayant fait carrière aux éditions Larousse puis Hachette, et auteur de dictionnaires de littérature, Jacques Demougin a été appelé en Algérie de 1958 à 1962. Il a complèté son expérience par la lecture des principaux ouvrages consacrés à cette guerre, et nous livre une étude minutieuse des secrets de ce drame, dont il éclaire les malentendus et les zones d’ombre.

Se référant aux jugements de Ciceron, Ibn Khaldoun, Tocqueville et Albert Camus, il rappelle que la mémoire va toujours avec son double, l’amnésie, et qu’elle dénature les faits par la projection du présent sur le passé, et inversement. Il cite en particulier les déclarations, évolutives et contradictoires, des acteurs : Mendès-France, de Gaulle, Ferhat Abbas, Abane Ramdane, et le mentir vrai des intellectuels, qui selon François Furet, substituent le droit au fait, les valeurs à l’action.

Les chapitres successifs sont autant de brillantes démontrations :

– cette guerre qui n’osait pas dire son nom avait ses traîtres et ses déserteurs,
– l’Algérie n’était pas tout à fait la France, l’assimilation n’était pas accomplie,
– le paternalisme était accepté, sans apartheid, par les familles patriarcales,
– les divisions du FLN ont abouti à une nation en miettes,
– les militaires français n’étaient pas des factieux, mais des factotum,
– terrorisme et torture, un miroir à deux faces, signe de déshonneur pour les deux camps,
– la gauche heureuse de voir le Général faire le sale travail,
– le temps des illusions, pour les complices du FLN, prend fin avec la dictature de ben Bella,
– l’échec du pragmatisme du général de Gaulle, Bonaparte de la décadence.

Après avoir montré la faillite de l’Etat algérien, dans lequel selon Lacheraf l’islam véhicule les valeurs d’une civilisation rurale archaïque, Jacques Demougin conclut avec le mensonge des bilans truqués.

Cette recension très incomplète ne rend pas compte de toute la richesse de ce livre, qui passionnera ceux qui aiment l’histoire.

Maurice Faivre, le 14 mai 2008