Une jeunesse à la guerre d’Algérie. - France Catholique
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Pontificat de François - numéro spécial
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Une jeunesse à la guerre d’Algérie.

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Daniel Tremblay.

Une jeunesse à la guerre d’Algérie.

Préface du docteur Barthes.

Edit. Baudelaire, 2008, 234 pages dont 27 de photos, 17 €.

Sergent appelé, l’auteur relate les neuf mois qu’il a passé au 2/10° RAC à El Affroun, en 1957. Après un passage au camp Sainte Marthe à Marseille, dont l’ambiance pourrie est connue de ceux qui transitent vers l’Afrique, il découvre l’Algérie, dont il retrace la géographie et l’histoire. Il estime que la France fait tout pour le bien des populations… El Affroun, avec son maire, son instituteur, son curé, c’est un village français en plus beau.

Son emploi de secrétaire du bataillon ne l’empêche pas d’être chef de poste et de réprimander une sentinelle endormie. Dans le mois de son arrivée, il participe à trois opérations meurtrières, et échappe à deux attentats à la grenade. Dans le secteur de Blida au pied de l’atlas tellien, les rebelles se sont renforcés et sont très actifs en 1957. Daniel perd deux amis, René et Mohamed. Témoin de familles massacrées, il a entendu parler une seule fois de la torture, exploitée médiatiquement par les porteurs de valises coupables de trahison, et que l’on peut expliquer quand il s’agit de sauver des vies innocentes. Très humain, son chef de bataillon la refuse.

Il publie de nombreux documents, tracts, notes de service, ordres d’opérations, bulletins de renseignement, PV d’interrogatoire, liste de punitions. Le rapport sur le moral de novembre 1957 fait état du déficit en cadres, des progrès réalisés dans la construction des cantonnements et dans l’esprit de corps : l’aspiration à la quille n’exclut pas un très bon état d’esprit et le moral excellent de la troupe…A la longue, chaque soldat prenait conscience du danger et devenait plus observateur et plus discipliné.

Les lettres de sa fiancée, et une permission de 21 jours pour son mariage confortent son moral et lui permettent de supporter les horreurs de la guerre. Revenu dans son village, il a tourné la page, il souhaite la réconciliation, mais déplore que l’Algérie s’enfonce dans les drames et tragédies.

Ce témoignage réconfortant confirme la disponibilité des jeunes Français, constatée par tous les cadres et mise à mal par beaucoup de ceux qui ne l’ont pas vécue. Le docteur Barthes, spécialiste des trauma tismes de guerre et président des médecins anciens combattants, confirme que Daniel Trembay a su passer… des émotions, du dégoût… à un récit linéaire, où les combattants retrouveront leurs propres images.

Maurice Faivre