Le sacrifice, un hommage à Dieu - France Catholique
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L'Église dans l'attente
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Le sacrifice, un hommage à Dieu

Sacrifice, pénitence… Ces termes font peur mais redeviennent d’actualité chez les jeunes. Quelle est leur place dans la vie chrétienne ? Paradoxalement, pourraient-ils être source de joie pour le croyant ? Entretien avec l’abbé Jean de Massia, FSSP.
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« Le sacrifice est l’acte suprême rendu à Dieu. » Le sacrifice d’Isaac, 1514, Raphaël, Musées du Vatican.

« Le sacrifice est l’acte suprême rendu à Dieu. » Le sacrifice d’Isaac, 1514, Raphaël, Musées du Vatican.

© Pascal Deloche / Godong

Pourquoi la notion de sacrifice fait-elle si peur aujourd’hui ?

Abbé Jean de Massia : Il est vrai que le thème du sacrifice, autrefois considéré comme une pièce maîtresse de l’enseignement traditionnel chrétien, est aujourd’hui sujet à controverse, et peine à trouver une place dans le cœur et la vie des croyants. Il est tellement lié, dans la conscience contemporaine à l’idée de la souffrance, du renoncement et de l’austérité qu’il est de plus en plus difficilement reçu. La souffrance est perçue comme un échec dans notre société hédoniste. Dans le meilleur des cas, on parlera d’offrande, de don, de générosité ; c’est tout de suite plus « positif », plus joyeux, que ce lourd mot de « sacrifice ».

À quoi sert le sacrifice ?

Le sacrifice est au cœur de la relation que l’homme entretient envers Dieu : dès qu’il y a une religion, il y a le sacrifice. Offrir un sacrifice à Dieu, c’est faire monter vers lui notre hommage, en reconnaissant que nous dépendons entièrement de lui, qu’il est notre principe – celui qui nous a faits – et notre but – celui qui seul peut nous combler – ; le sacrifice est ainsi toujours une réponse d’action de grâce pour les dons reçus de Dieu, à commencer par la vie. En retour, Dieu fait descendre sur lui une surabondance de bienfaits. Ainsi, au sens premier du terme, comme on le voit dans toute la Bible, le sacrifice est l’acte le plus grand de la vertu de religion : porté par l’amour, le sacrifice est le chemin du retour de la créature à son Créateur. Il est un acte de culte, il vise la gloire de Dieu et le bien véritable de l’homme : son union avec Dieu. Il est donc la porte de la joie.

Mais alors, pourquoi y a-t-il une notion de souffrance dans le sacrifice ?

Après le péché originel, la nature du sacrifice a changé car le drame du péché a justement modifié le rapport entre Dieu et l’homme. Si le sacrifice est bien l’hommage de l’homme à Dieu, à l’inverse, le péché est le refus, le rejet de Dieu : dans le sacrifice, l’homme doit reconnaître Dieu comme son créateur, alors que dans le péché, l’homme se prend pour Dieu, refusant toute loi, toute dépendance… Désormais, le sacrifice ne peut atteindre son but que si, en même temps, il détruit le péché. C’est sa nouvelle finalité : expier la faute de l’homme. Voilà pourquoi il se charge d’un aspect pénible, douloureux, qu’il n’avait pas à l’origine. Mais, ce sacrifice qu’offre l’homme pécheur ne peut plus être agréable à Dieu, car il est une sorte de mensonge. Et pourtant, il faut bien qu’il l’offre pour retourner à Dieu !

Retrouvez l’entretien complet et notre Grand angle dans le magazine.