Une partie des syndicats enseignants estiment que la nomination de Mark Sherringham aux commandes du Conseil supérieur des programmes (CSP) est une provocation.
par
Véronique Jacquier
Copier le lien
« Le retour du catholicisme d’État [sic] actuellement à l’oeuvre », « une nouvelle preuve de la dérive concordataire du ministère qui s’éloigne toujours davantage du principe de laïcité »… Le syndicat SUD éducation emploie les grands mots pour contester la nomination le 10 février 2022 de Mark Sherringham à ce qui est un poste hautement stratégique. En pleine campagne présidentielle, même le candidat Yannick Jadot s’indigne du choix de Jean-Michel Blanquer. Dans un tweet, l’écologiste évoque Mark Sherringham comme « un partisan de l’intégration explicite du christianisme dans les questions d’éducation ». Le syndicat SE-UNSA préfère s’en tenir à l’homme catalogué en « idéologue conservateur » donc forcément incapable de dialogue et d’impartialité.
Pourtant Mark Sherringham a fait ses preuves. Né en 1955, le nouveau président du Conseil supérieur des programmes est normalien, agrégé de philosophie, et il fut nommé inspecteur général de l’Éducation nationale en 2005. Ce haut fonctionnaire s’est engagé auprès de plusieurs ministres de l’Éducation. Il fut conseiller de François Fillon entre 2004 et 2005 puis de Xavier Darcos de 2007 à 2009. Protestant, il a aussi été président du conseil de la Faculté libre de théologie réformée d’Aix-en-Provence de 1989 à 1998. Un parcours prestigieux donc mais, au sein du temple de la laïcité, l’homme a commis un péché mortel : il n’a jamais caché vouloir faire de l’héritage chrétien une richesse pour l’école. Le philosophe écrivait ainsi dans son livre Christianisme et éducation paru en 2001 : « Si l’on devait faire abstraction des principes, des contenus, des méthodes et des institutions que le christianisme a directement proposés et développés en France et en Europe depuis deux mille ans, notre système éducatif actuel serait vidé d’une bonne partie de sa substance. »
L’homme est aussi critiqué par les syndicats pour son soutien aux écoles hors contrat. Ainsi en janvier 2020, il a prodigué des conseils juridiques et pratiques à de futurs directeurs dans le cadre de l’association Créer son école fondée par Anne Coffinier. À la tête du Conseil supérieur des programmes, Mark Sherringham a-t-il autant de pouvoirs que ceux redoutés par les syndicats ? Son rôle est de proposer des programmes au ministre Jean-Michel Blanquer. Pour autant, le programme est ce qu’un professeur en fait…
Retrouvez l’intégralité de l’article dans notre magazine