« Il puisait dans la Bible son inspiration et, par la féerie enchanteresse des couleurs, faisait rayonner dans ses œuvres la paix et la joie qui l’habitaient au plus profond. » C’est par ces mots que Dom Damien Thévenin, Père abbé de l’abbaye Saint-Paul de Wisques (Pas-de-Calais), évoque le Frère François de Sales, dans le livre consacré à ce moine-peintre exceptionnel et méconnu.
Né à Haarlem, aux Pays-Bas, dans une famille protestante, Jaap Mes devient catholique en 1914, à 22 ans, au cours de son service militaire. Trois ans plus tard, il entre à l’abbaye Saint-Paul d’Oosterhout, fondée par les bénédictins de Wisques, chassés de France par la République anticléricale.
En 1923, il est envoyé à l’abbaye de Wisques, revenue sur ses terres. Il y reste jusqu’à sa mort, en 1983, laissant le souvenir d’un moine humble et joyeux, exemplaire dans l’obéissance à la Règle bénédictine. Entré peintre à l’abbaye, il l’est demeuré, mettant ses talents au service de Dieu et de son Église : « Sa louange personnelle a été surtout l’offrande à Dieu de la beauté, de belles choses, de belles images des mystères chrétiens », dira le Père abbé Dom Jean Gaillard, dans l’homélie de ses funérailles.
Un don pour la couleur
C’est dans la contemplation des mystères divins qu’il puise son inspiration : « Il méditait les mystères de la vie du Christ ou de la vie des saints ; il contemplait la Vierge Mère […]. Il les voyait, il vivait en leur compagnie », rapporte son Père abbé. Dans un seul but : « Nous mettre en présence du Seigneur, de sa Mère, des saints. » Ses peintures, illuminées par son exceptionnel don pour la couleur, lui permettent d’exprimer sa foi « solide » et « joyeuse ». Et de la transmettre, hier comme aujourd’hui, comme le constate l’actuel Père abbé de Wisques : « Les œuvres du Frère François, en diffusant la paix et la joie, agissent à la manière d’un sacrement, signe sensible par où passe l’influx surnaturel de la grâce. »
Une leçon d’art chrétien
Outre son don de coloriste, les talents du Frère François sont multiples : peintures sur toile, fresques de chapelles et d’églises, gravures, illustrations de livres… dont l’abbaye de Wisques n’est pas seule à avoir bénéficié : de nombreuses églises autour de son monastère – et même aux Pays-Bas, où il est retourné peindre – sont décorées de sa main. Et de celles d’autres moines de l’abbaye Saint-Paul, également artistes. Au point qu’en 1946, la communauté fondera les Ateliers monastiques d’art (AMA). Une véritable leçon d’art chrétien, laissée aux artistes d’aujourd’hui, pour le renouveau qu’attend l’art sacré, au service de la liturgie.
Ce livre, illustré de nombreuses photos, permet d’en prendre conscience, à travers la vie et l’œuvre de ce moine artiste exceptionnel et trop oublié.
Frère François Mes (1892-1983). Un moine au pinceau d’or, Éd. Petrus a Stella, 2024, 272 pages, 24 €.