Lorsque le Père Rifat Bader se rend à Lourdes en 1997 et découvre la grotte de Massabielle, c’est le coup de foudre. Il ne songe dès lors qu’à une chose, une fois de retour en Jordanie : repartir dans les Hautes-Pyrénées. Plus de dix ans après, une autre idée germe dans son esprit : et si la paroisse du Sacré-Cœur de Jésus de Na’our, dont il est entre-temps devenu le curé, construisait une reproduction de la grotte ? Grâce aux dons des fidèles, son rêve se réalise en 2015. Depuis, Na’our est devenu un lieu de pèlerinage, où l’évêque de Tarbes et Lourdes, Mgr Jean-Marc Micas, s’est rendu visite ce 19 avril. « Des malades viennent prier pour obtenir leur guérison, des jeunes couples pour avoir des enfants, ou encore des jeunes femmes faisant face à des fiançailles difficiles », énumère le Père Bader, au pied de la reproduction de la grotte de Lourdes. Leur prière est-elle entendue ? « J’ai assisté à des rêves qui se sont réalisés, sourit le prêtre. Je me garderais de parler de miracle et je préfère parler d’écoute de la Vierge Marie. »
« Mère de la Lumière »
Même animé de la meilleure intention du monde, le visiteur de passage doit faire attention à sa façon de parler. La familiarité est bannie des lieux. Avec bienveillance, bien sûr. « On ne parle jamais simplement de “Marie”. Il ne s’agit pas de notre cousine ! » s’exclame en riant le Père Bashir Bader, curé de la paroisse du Sacré-Cœur de Na’our, qui compte 150 familles et où se trouve la réplique de la grotte. « Ici en Jordanie, nous parlons de “la Vierge Marie”, de “la Mère de la Lumière”, ou encore de “Notre-Dame de la Famille”. » La Vierge est la consolatrice et sa popularité parmi les Jordaniens ne faiblit pas, au point de dépasser le milieu catholique. Des musulmans l’honorent aussi, sans reconnaître pour autant en elle la Mère de Dieu.
« Nous prions la Vierge tous les jours et en particulier au mois de mai, au cours duquel nous récitons le chapelet quotidien », souligne Issa, un paroissien de Na’our. Ce soir-là, il a fait le déplacement, comme beaucoup d’autres, pour assister à la messe célébrée par l’évêque de Tarbes et Lourdes, puis à la procession qui s’est rendue au pied de la statue de la Sainte Vierge.
