Le génie féminin du catholicisme - France Catholique
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Pèlerinage de Chartres : la jeunesse de l'Église
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Le génie féminin du catholicisme

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Les Filles de la Charité, 1859, Henriette Browne.

Les Filles de la Charité, 1859, Henriette Browne.

Les femmes ont-elles un rôle inférieur dans l’Église catholique ? À la suite de toute une tradition théologique – de type augustinien – ont-elles été réduites à une condition humiliante ? C’est en tout cas ce qu’on entend fréquemment dans les discussions et les recommandations pour une réforme de l’Église. Tel rapport officiel assure que l’Église « s’est longtemps caractérisée par une méfiance et une mise à l’écart des femmes, souvent renvoyées à des rôles et des représentations subalternes ».

Je ne vois pas pourquoi les femmes seraient défavorisées par rapport au peuple chrétien dans son ensemble, qui constitue un même laïcat. Et puis, il y a seulement un peu plus d’un demi-siècle, une telle réflexion aurait pour le moins étonné. La religion n’était-elle pas considérée comme une affaire de femmes ? Dans mon enfance, j’ai connu des messes pour les hommes destinées à regrouper un public masculin par trop minoritaire.

Plus d’influence que le clergé

Par ailleurs, c’est oublier le rôle considérable joué par les congrégations religieuses tout au long de l’histoire du christianisme. Congrégations non seulement contemplatives, mais vouées aussi au service de l’éducation et de la santé. Dans ma petite ville de province, nous avions la chance d’avoir des religieuses gardes-malades, que nous appelions les sœurs bleues (leur maison-mère était dans le Jura). Leur rôle était considérable auprès des familles de tous milieux, qui leur étaient très attachées. À peu près tous les faire-part de décès marquaient leur reconnaissance à l’égard d’un dévouement admirable. D’une certaine façon, ces religieuses avaient plus d’influence sur la population que le clergé local. En aucun cas, leur rôle n’était subalterne ou humiliant.

C’est ce que j’ai aussi envie de répondre à mon ami Régis Debray qui, dans la postface d’un ouvrage précieux sur la fin de vie (Claude Grange, Régis Debray, Le dernier souffle, « Témoins », Gallimard), entend nous expliquer que la supériorité des protestants vient de ce qu’ils ont assuré la revanche du féminin sur le masculin contre des catholiques machistes : « On peut reprocher beaucoup de choses aux protestants – le tout à l’ego en particulier – mais on peut se féliciter, écrit-il, que Luther, Calvin et la suite aient gagné la partie. Ils n’ont pas peu contribué à la juste revanche du féminin – tous et toutes pasteurs – et à l’avènement d’un monde moins en quête de souffrance rédemptrice, moins ramenard, plus modestement thérapeutique et à l’esprit pratique. »

La vindicte laïcarde

J’avoue que les bras m’en sont tombés ! Avez-vous oublié, cher Régis, que, pendant très longtemps, ce sont les religieuses qui ont encadré les services hospitaliers et que c’est la vindicte laïcarde qui les en a chassées ? N’avez-vous pas au fond de votre imaginaire, le souvenir des cornettes des Filles de la Charité de Louise de Marillac ? Le nom de la bienheureuse Rosalie Rendu, qui a laissé son nom à une rue de Paris, ne vous évoque-t-il rien, elle qui fut accompagnée au cimetière par la foule immense de tous ceux qui lui exprimaient leur reconnaissance ?

Mais ces remarques ne sont que l’esquisse d’une étude à faire sur le génie féminin du catholicisme. Celui qui trouve son origine dans le culte de la Vierge Marie et qui a porté Thérèse de Lisieux, Élisabeth de la Trinité et Edith Stein au sommet de la mystique.