Le désir sexuel, le langage, un combat inégal - France Catholique
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Le désir sexuel, le langage, un combat inégal

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J’ai suggéré dans un article précédent que la contraception avait changé la façon dont les gens considèrent le sexe. Au lieu de désigner l’union conjugale ouverte à la vie entre un homme et une femme, le mot « sexualité », à l’heure actuelle, signifie souvent toute forme de stimulation sexuelle, y compris la masturbation. En utilisant ce nouveau langage, vous pouvez, par exemple dire que vous avez une relation sexuelle virtuelle avec une femme virtuelle. Mais parler ainsi c’est tordre les mots, ça n’a pas plus de sens que de dire que vous enfoncez des clous virtuels avec un marteau virtuel. Essayez donc de décrocher un emploi de menuisier avec ces références-là.

Quand une personne enfonçant des clous virtuels avec un marteau virtuel assure qu’elle « bâtit une maison », elle ne parle pas le même langage qu’un vrai menuisier. Elle ne peut pas s’asseoir avec lui autour d’une table pour partager des histoires de construction comme le feraient deux menuisiers, l’un spécialisé dans le bâtiment et l’autre dans l’ameublement. Ces deux-là font référence à deux formes de construction, le type à l’ordinateur fait référence à un pâle simulacre du réel.

Il en est de même de ce que les gens appellent actuellement sexualité. Rien d’autre qu’un étrange simulacre de la véritable sexualité incarnée. Un vrai menuisier dirait : « Eh garçon, prend donc quelques clous et commence à bâtir quelque chose. C’est ça se servir d’un marteau. » Jouer du marteau n’est pas une fin en soi pour un véritable menuisier, mais un moyen pour atteindre une fin, créer quelque chose comme une maison ou une table.

Dans le même ordre d’idées, vous pourriez imaginer un adulte pratiquant une vraie sexualité, qui ayant écouté la description de ce que les jeunes considèrent souvent comme la sexualité — cette activité stérile sous contraception — s’écrirait : « Ce n’est pas ça la sexualité, tout comme faire semblant de jouer du marteau n’est pas clouer : prend de vrais clous, garçon, et bâtis quelque chose ! »

Les gens modernes disent d’étranges choses telles que celles-ci. « Quoi ? des enfants ? pourquoi feraient-ils partie intégrante de la sexualité ? » Mais c’est à peu près pareil que de dire : « Quoi ? des clous ? qu’est-ce qu’ils auraient à voir avec l’usage du marteau ? » Le vrai menuisier ne pourrait que se gratter la tête : « Mais qu’enseignent-ils donc aux enfants à l’heure actuelle ? »

J’enseigne la théologie, et les questions qui me sont le plus souvent posées ont trait à l’enseignement de l’Eglise sur la sexualité. On entend souvent critiquer l’Eglise comme « obsédée » par la sexualité au détriment de ses autres enseignements moraux. J’enseigne la justice sociale et j’aimerais être interrogé sur l’enseignement de l’Eglise relativement à la propriété privée et à la destination universelle des ressources terrestres. Mais les étudiants ne le font jamais.

L’Eglise n’est pas obsédée par la sexualité — elle possède une tradition morale riche et variée qui couvre toute chose — de la politique aux pouvoirs de l’âme. Ce sont les Américains qui sont obsédés. En fait, pour se préparer à leur vie d’adulte, mes étudiants n’ont eu droit qu’au cours d’éducation sexuelle. Ils n’ont pas eu de cours d’éducation maritale, ou sur la façon de financer une maison, de négocier une assurance. Alors naturellement, mes étudiants pensent que les adultes ne pensent qu’au sexe : comment, quand, pourquoi, avec qui et les restrictions.

La plupart des étudiants (et pas conséquent des adultes) qui m’interrogent sur l’enseignement de l’Eglise dans ce domaine ne cherchent pas un guide moral, ils veulent savoir jusqu’à quel point l’Eglise enseigne des choses débiles. Pas à propos de la Trinité ou de l’Incarnation bien sûr — dans ce domaine, les gens sont autorisés à croire aux choses les plus farfelues, que ce soit aux anges, aux dieux hindous ou aux ovnis.

Non, mes questionneurs veulent savoir comment nous catholiques pouvons avoir des idées aussi folles à propos de l’avortement, de la contraception et du mariage homosexuel, et sur ces sujets ils sont beaucoup moins tolérants pour ce qu’ils considèrent comme des aberrations. Dites aux gens que vous croyez au dieu-plante Vege-Nu, c’est parfait. Informez-les calmement que vous pensez que la contraception n’est pas utile dans un mariage, et vous êtes perçu comme un dangereux cinglé bon à interner.

Quand on me pose de telles questions, le débat n’est pas équitable. Dans l’équipe adverse, nous avons l’intervention de la bande des quatre attaquants : le constant aiguillon de la passion adolescente, le bombardement continuel des média avec des images de sexualité débridée, l’implacable influence des pairs, et un environnement culturel qui considère toute évocation de limites morales comme insupportable et inacceptable. Et en face, il n’y a que moi, disposant de peut-être quatre à cinq minutes d’attention. Et je suis censé remporter le débat ?

Soyons clairs sur ce que nous affrontons : un mastodonte bien financé et bien armé intellectuellement, destiné à faire des millions en vendant des choses à nos enfants, après les avoir détachés des bornes que leurs familles et de sages traditions ont fixées, afin qu’aiguillonnés par leurs passions ils achètent de façon incontrôlée pour correspondre à un style de vie qui leur donne un certain sentiment « d’appartenance » dans cette société de déracinés où ils vivent.

Si les parents veulent que les enseignants soient capables de contrer les forces qui menacent le bien-être de leurs enfants, il faut qu’il entrent un tant soit peu sur le champ de bataille. Il n’y a guère de chance que l’Eglise touche les oreilles d’adolescents qui n’ont jamais appris à dompter leurs passions, n’ont guère d’expérience des vraies joies d’une véritable camaraderie « adulte »et dont les esprits et sentiments ont été systématiquement biaisés en faveur d’intérêts intellectuels puissants insistant sur le fait que finalement tout se résume ainsi : les gens voulant ce qu’ils veulent, pourquoi ne l’obtiendraient-il pas ?

J’expliquerai la prochaine fois pourquoi ce n’est pas la bonne question et pourquoi c’est une erreur d’essayer d’y répondre.

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http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/lust-language-and-the-un-level-playing-field.html

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Photo :

Bratz dolls: marketed to “over-8s”

Ces poupées Bratz sont destinées aux plus de 8 ans… [NDT : les poupées Bratz suscitent des polémiques pour leur « sexualisation » qui aurait des effets néfastes sur les enfants…]