La violence armée ordinaire et celle sortant de l'ordinaire - France Catholique
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La violence armée ordinaire et celle sortant de l’ordinaire

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Quand vous pensez à notre horrible problème américain de violence par arme à feu, il serait utile – et même essentiel – d’établir une distinction entre les différentes formes de violence par arme à feu. D’un côté, il y a ce que l’on pourrait appeler la violence ordinaire ; c’est-à-dire les fusillades qui surviennent chaque jour dans les quartiers défavorisés des grandes métropoles. Ces fusillades sont typiquement le fait d’adolescents ou d’hommes jeunes membres de gangs criminels. Les victimes sont également pour la plupart des hommes jeunes, souvent membres de gangs criminels rivaux ; occasionnellement, une victime innocente est prise dans la trajectoire des tirs.

Pour la plupart, ces tireurs ont grandi en l’absence d’un père. Soit le père a été complètement absent de la vie de son fils, n’ayant rien fait d’autre que fournir le spermatozoïde qui a permis sa conception ; soit il n’a été présent dans la vie du garçon que de façon occasionnelle et peu impliquée.

De l’autre côté, il y a la violence par arme à feu « qui sort de l’ordinaire ». J’ai à l’esprit les meurtres de masse tels que ceux qui se sont déroulés à Fort Hood, San Bernardino, Sandy Hook, Virginia Tech, Aurora CO, Charleston SC et – dernièrement – Orlando. A la différence de la violence ordinaire par arme à feu, ces faits n’arrivent pas tous les jours. Ils n’ont pas lieu dans des quartiers urbains défavorisés et ne sont pas commis par des personnes antérieurement criminelles ou membres de gangs criminels.

Ces fusillades sortant de l’ordinaire peuvent être classées en deux sous-catégories : le terrorisme idéologique, généralement islamique (Fort Hood, San Bernardino, Orlando) et le meurtre de masse individualiste (Virginia Tech, Sandy Hook, Aurora). Certains cas sont difficiles à classer. Par exemple la fusillade dans l’église de Charleston. Dylan a-t-il tué huit paroissiens noirs pour promouvoir un programme raciste ? Ou l’a-t-il fait seulement en raison de sa folie personnelle ?

Un débat sur la violence par arme à feu en Amérique qui ne ferait pas la distinction entre la violence ordinaire et la violence « extraordinaire », et qui ne ferait pas ensuite la distinction entre les deux sous-catégories de cette dernière ne serait tout simplement pas un débat sérieux. Dire « les Etats-Unis ont un problème de violence par arme à feu » sans distinguer entre les différentes formes de violence, c’est comme dire « les USA ont un problème de maladie » sans distinguer les différentes formes de maladie. Comment pourrions-nous traiter les cancers, la tuberculose, la maladie mentale, etc. si nous n’allons pas plus loin que les désigner toutes du terme générique de « maladies » ?

Les progressistes, en morale comme en politique, sont ceux qui sont le plus concernés – ou plus exactement ceux qui sont le plus susceptible de parler – à propos de la violence par arme à feu. Et cela a du sens. Car les progressistes ont une profonde aversion pour la violence (sauf bien sûr s’il s’agit d’avortement). En disant cela, je ne veux pas dire que les conservateurs en matière de morale ou de politique sont indifférents à la violence. Pas du tout. Mais la haine de la violence est au cœur du progressisme contemporain. Donc, ce sont les progressistes, et non les conservateurs, qui sont le plus à même de se trouver sur le front des campagnes contre le viol, le harcèlement, les violences domestiques, la guerre – et les armes à feu. Ils exècrent les armes à feu parce qu’elles sont les instruments de la violence, cette chose détestée.

Mais le fait de haïr une chose n’implique pas que la méthode que vous employez pour la détruire est la bonne.

Il est facile de voir quelle est la solution pour la violence ordinaire par arme à feu : restaurer la famille, la famille composée d’un père et d’une mère – qui a presque complètement disparu chez les noirs des classes les plus défavorisées et est en train de disparaître chez tous les Américains. Un garçon qui grandit a besoin d’un père, un père qui vit avec lui depuis son plus jeune âge, qui lui fournit la sécurité émotionnelle, morale et matérielle. Pourvu que le père lui-même ne soit pas un criminel violent, il est peu probable que le garçon qui grandit à ses côtés devienne un criminel violent. Je ne dis pas que c’est impossible que cela arrive ; je dis que c’est peu probable.

Mais les progressistes soutiendraient-ils la remise à l’honneur de la famille traditionnelle comme un moyen de réduire la violence par arme à feu aux Etats-Unis ? Non, ils soutiennent des lois contrôlant les armes à feu. L’idée que des lois sur le contrôle des armes à feu puissent empêcher les membres de gangs criminels de se procurer des armes à feu est si naïve qu’on est stupéfait de voir que des gens par ailleurs intelligents – les progressistes sont généralement intelligents – puissent embrasser une idée aussi stupide. Mais les progressistes ne peuvent pas promouvoir la restauration de la famille traditionnelle ; cependant ils sont bien obligés de dire quelque chose quand on leur demande comment la violence par arme à feu peut être réduite, et donc ils répondent : « faisons plus de lois pour contrôler les armes à feu ».

Pourquoi ne peuvent-ils promouvoir la famille traditionnelle, composée d’un père et d’une mère ? Parce qu’un tel soutien serait incompatible avec la valeur phénoménale qu’ils attribuent à la liberté sexuelle. Ils n’ont pas d’objection si quelqu’un désire vivre dans une famille traditionnelle. Mais ils rejettent la notion selon laquelle la famille traditionnelle serait supérieure à tout autre lien sexuel, et ils rejettent absolument la notion selon laquelle le lien sexuel qui unit un père et une mère est le lien sexuel idéal, les autres n’étant qu’une déviance par rapport à cet idéal.

Si l’horreur de la violence est la suprême valeur « négative » du progressisme contemporain, la liberté sexuelle est sa valeur « positive » suprême.

En ce qui concerne la réduction de la violence par arme à feu sortant de l’ordinaire, bien qu’étant personnellement favorable à un contrôle plus strict, je doute que ces lois puissent faire plus que la réduire légèrement. L’Europe a un contrôle très strict de l’accès aux armes à feu, et pourtant les terroristes musulmans à Paris et Bruxelles semblent ne pas avoir eu beaucoup de difficultés à se procurer des armes de tous calibres.

Les mesures qui seraient vraiment efficace pour réduire cette catégorie de violence par arme à feu – le profilage ethnique et religieux par la police, la surveillance des mosquées radicales – les progressistes ne veulent pas en entendre parler. Les progressistes, en raison de leurs partis pris idéologiques pour la liberté sexuelle et contre toute forme de violence, n’ont quasi rien d’utile à dire pour résoudre le problème de la violence par arme à feu.

C’est tragiquement regrettable, de ce fait, que ce soit les progressistes en matière de mœurs qui, en raison de leur prédominance dans les « postes de commande » de la culture populaire américaine (les médias, les industries du spectacle, nos universités les plus cotées) qui encadrent notre discussion nationale sur la violence par arme à feu – une discussion rendue quasiment inutile.

David Carlin est professeur de sociologie et de philosophie au Community College de Rhode Island.

Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/06/17/ordinary-vs-extraordinary-gun-violence/


États-Unis, 21 juillet 2016 : la police tire sur un homme noir allongé au sol

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