« Vierge Marie, au Céleste rivage/Après l’exil j’irai te voir toujours/Mais ici-bas ta douce Image/C’est mon Perpétuel Secours !… » Lorsque sainte Thérèse de Lisieux écrit ces vers dans sa cellule au Carmel, elle couche sur le papier une dévotion mariale remontant à l’enfance. « C’est de ses parents que Thérèse a hérité sa profonde piété mariale, souligne le Frère Baptiste de l’Assomption, religieux carme. Chaque enfant portait Marie comme premier prénom. Ils célébraient en particulier le mois de Marie en faisant des autels de fleurs dans la maison, pour honorer la Sainte Vierge. » La famille Martin avait également un attachement particulier à la basilique Notre-Dame-des-Victoires, à Paris, comme en témoigne cette lettre de Louis la décrivant « comme un petit paradis terrestre ».
Plusieurs grâces mariales
Par ailleurs, Thérèse, privée très jeune de sa mère Zélie, a reçu plusieurs grandes grâces mariales. Elle reçoit la première à 10 ans, au moment d’une longue maladie qui s’était déclenchée après l’entrée au Carmel de sa sœur, Marie, que Thérèse avait choisie comme « maman de cœur » après la mort de Zélie. Alors que Thérèse est au plus mal et que rien ne parvient à la guérir, elle racontera plus tard avoir eu « un Soleil auprès d’elle, ce Soleil était la statue miraculeuse de la Sainte Vierge qui avait parlé deux fois à Maman ». Alors que Louis Martin, son père, fait célébrer des messes pour elle à Notre-Dame-des-Victoires, Thérèse est soudainement guérie : « Tout à coup la Sainte Vierge me parut belle, si belle que jamais je n’avais rien vu de si beau, son visage respirait une bonté et une tendresse ineffable, mais ce qui me pénétra jusqu’au fond de l’âme ce fut le ravissant sourire de la Sainte Vierge. Alors toutes mes peines s’évanouirent… » Mais bien vite, cette très – trop – grande sensible se rend malade… de scrupules, craignant d’avoir inventé cette grâce… C’est en se rendant elle-même à la basilique parisienne qu’elle reçoit une deuxième grâce de Marie : « La Sainte Vierge m’a fait sentir que c’était vraiment elle qui m’avait souri et m’avait guérie. J’ai compris qu’elle veillait sur moi, que j’étais son enfant, aussi je ne pouvais plus lui donner que le nom de “Maman” car il me semblait encore plus tendre que celui de Mère… »
Prier pour les âmes et les prêtres
Enfin, à 15 ans, la jeune fille précoce arrive au port tant désiré et entre dans l’ordre de la bienheureuse Vierge Marie du Mont-Carmel. C’est l’ardent désir missionnaire de Thérèse qui l’a poussée à entrer au Carmel : « Thérèse offre sa vie pour prier pour les âmes et les prêtres, confirme le Frère Baptiste. À défaut de pouvoir être missionnaire dans les pays lointains, la future sainte souhaite être l’Amour dans le cœur de l’Église, injecter, en quelque sorte, la charité dans tous ses membres. » Dans son Message à la Conférence des évêques de France, le 28 mai, Léon XIV a rappelé qu’avec saint Jean Eudes et le Curé d’Ars, sainte Thérèse de Lisieux avait « aimé sans réserve Jésus de manière simple, forte et authentique », « fait l’expérience de sa bonté et de sa tendresse dans une particulière proximité quotidienne » et en avait témoigné « dans un admirable élan missionnaire ». La carmélite sera d’ailleurs faite patronne des missions.
Au Carmel, elle reçoit une nouvelle grâce mariale très forte, durant son noviciat, dont elle témoignera, dans ses Derniers entretiens, l’avoir vécu « entièrement cachée sous le voile de la Sainte Vierge ». Et c’est le 8 septembre 1890, en la fête de la Nativité de Marie, qu’elle fait sa profession perpétuelle : « Quelle belle fête que la Nativité de Marie pour devenir l’épouse de Jésus ! », se souviendra-t-elle.
Un an et demi avant sa mort, Thérèse entre dans sa grande nuit spirituelle, où elle vit des tentations contre la foi, sans jamais cesser d’expérimenter la présence de Marie : « Non, la Sainte Vierge ne sera jamais cachée pour moi », écrit-elle.
Son plus long poème
C’est à cette période qu’elle se désole d’avoir « entendu dire tant de choses sur la Sainte Vierge que cela la rend inabordable, alors qu’il faudrait la rendre imitable », elle qui est « plus Mère que Reine ». « Je ne voudrais pas mourir sans dire ce que j’ai à dire sur la Vierge », confie-t-elle. C’est ce qu’elle fait dans son dernier poème, le plus long (25 strophes), Pourquoi je t’aime ô Marie, écrit cinq mois avant sa mort, en mai 1897. Il est entièrement consacré à Marie et constitue un vrai catéchisme marial condensé : « J’ai dit tout ce que je prêcherais sur elle » écrit-elle. « C’est le sommet de sa dévotion mariale, confirme le Frère Baptiste. Thérèse contemple la Mère de Dieu à partir des Évangiles, et ouvre ainsi la voie à la théologie mariale biblique. » Dans ce poème apparaît notamment le lien entre Marie et la doctrine thérésienne de l’enfance spirituelle : « On pourrait même dire que la “petite voie” de Thérèse est celle de Marie ! En effet, elle explicite dans son poème qu’elle reconnaît en Marie les principes mêmes de sa “petite voie” : l’amour de Dieu qui est attiré et descend dans la faiblesse, la petitesse, l’humilité… Or, la première à l’attirer, c’est Marie, par son humilité » avance le Frère carme, soulignant que Thérèse finira par vivre la dévotion mariale jusque dans sa chair, lors de sa douloureuse agonie, « offrant elle-même sa vie jusqu’au bout, par amour, comme Marie offre son Fils sur la Croix ».
Le Souffle missionnaire du Carmel, Frère Maximilien-Marie Barrié, Éditions du Carmel, juin 2025, 128 pages, 13 €.
Opération estivale des éditions du Carmel
2 livres achetés dans une sélection mariale, 1 livre de Marie du Mont-Carmel offert.
https://editionsducarmel.com/