« La joie au pied de la croix » - France Catholique
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L'Église dans l'attente
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« La joie au pied de la croix »

L’association ANAK-Tnk vient en aide aux enfants les plus pauvres de Manille. Directeur depuis 2011, après en avoir été l’aumônier, l’abbé Matthieu Dauchez témoigne du paradoxe de leur joie extraordinaire, au milieu de la souffrance.
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« Sans ces temps d’adoration, il n’y aurait pas cette joie si intense. »

« Sans ces temps d’adoration, il n’y aurait pas cette joie si intense. »

© ANAK-tnk

Votre livre Le prodigieux mystère de la joie vient de ressortir chez Artège. Vous êtes le témoin quotidien de cette joie ?

Abbé Matthieu Dauchez : Il est vrai que c’est très paradoxal : ces enfants ont été abandonnés, battus, violés… Parfois par leurs parents. Pourtant, toutes les personnes qui passent dans nos centres sont impressionnées par la joie qui y règne. Et je peux témoigner qu’elle est authentique. Il y a plus de joie chez ces enfants… que dans les rues de Paris !

De quelle nature est leur joie, dont Dominique Lapierre, récemment décédé, avait lui aussi été le témoin à Calcutta ?

Notre monde recherche une joie superficielle, qui se confond avec le plaisir. Elle est centrée sur soi. Les gens qui font l’expérience du don d’eux-mêmes connaissent une autre joie, celle de l’exigence évangélique : commencez par donner la joie et vous connaîtrez une joie plus intense, plus profonde ! Le message de l’Évangile, c’est de rendre l’autre heureux ! La recherche effrénée du plaisir et l’individualisme étouffent la vraie joie. Celle des enfants des rues se situe à un autre niveau : elle est ancrée dans une souffrance vive et surgit au cœur même de cette souffrance. Ces petits sont tellement unis au Christ souffrant sur la croix qu’ils partagent, de la même manière, sa victoire sur le mal. Et la joie qui en découle, dont il est la source. Sans en avoir conscience, ils vivent de cette espérance merveilleuse. Leur joie ne s’explique que par leur union au Christ souffrant.

Il y a pourtant une dimension révoltante dans la souffrance ?

Quand nous les rencontrons, ces enfants vivent comme des morts-vivants, hagards, sans aucune espérance. Certains vivaient même réfugiés dans un cimetière… Ils se considèrent tous comme les déchets de la société… Pourquoi ? Parce qu’ils ne connaissent pas l’amour. Quand ils arrivent dans nos centres, ils comprennent soudain qu’ils sont dignes d’être aimés et d’aimer : c’est un véritable tsunami pour eux ! À partir du moment où ils ouvrent leur cœur à l’espérance de l’amour, la joie s’engouffre en eux. Leur union privilégiée avec le Christ en croix est la source de la vraie joie, de l’amour, de la paix, de l’espérance… Ils en vivent aussi naturellement les fruits. Voilà pourquoi, au cœur des ténèbres, ils voient plus la lumière que nous, qui sommes à demi aveuglés. C’est vertigineux d’en être le témoin.

Retrouvez l’entretien complet et notre Grand Angle dans le magazine.