L’Inquisition médiévale : légende et vérité - France Catholique
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L'incroyable histoire des chrétiens du Japon
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L’Inquisition médiévale : légende et vérité

L’Inquisition cherchait d’abord à convertir les hérétiques, dont les croyances mettaient en péril l’unité de l’Église mais aussi celle de la société. Pour juger de son action, il faut la comparer à la justice séculière, bien plus expéditive.
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Si, dans la société moderne individualiste et atomisée, chacun est son propre maître à penser, la chrétienté médiévale recherchait l’unanimité sociale dans la foi catholique. Vis-à-vis des dissidents, le compelle intrare – « forcez-les à entrer » (Lc 14, 16-24, cf. Mt 22, 1-14) – incitait à faire pression pour qu’ils se convertissent et soient sauvés. À défaut, ils devaient être séparés pour que les autres ne se perdissent point.

Une papauté sous pression

Les évêques, successeurs des apôtres, devaient garder le dépôt de la foi. Mais l’hérésie se développait et les souverains faisaient pression pour sévir… même quand ils étaient excommuniés ! Le concile de Latran III (1179) puis la paix de Constance (1183) autorisèrent alors le recours à la force contre les hérétiques, étendant même la croisade aux terres chrétiennes. Si saint Dominique et son ordre mendiant (1207-1215) assumèrent la pauvreté volontaire des Cathares pour les convertir en prêchant par la parole et l’exemple, Philippe Auguste envoya Simon de Montfort mater les Albigeois et massacrer Béziers. Dans le Saint-Empire, Frédéric II imposa qu’un hérétique convaincu par l’évêque soit brûlé. Si bien qu’en avril 1233, le pape Grégoire IX, voulant reprendre la main, pénalisa l’hérésie sur ce modèle civil, tout en réservant à l’Église de la déterminer.

Une contre-société

L’Inquisition était un tribunal ecclésiastique d’exception placé sous l’autorité du pape, qui luttait contre l’hérésie en lien étroit avec le pouvoir séculier. L’Église étendit peu à peu son champ d’application : en plus de l’hérésie, Jean XXII reprit aux curies diocésaines les cas de devins et sorciers, puis inclut béguins et franciscains « fraticelles » qui prêchaient la pauvreté radicale (1323), jusqu’aux schismatiques.

Les hérétiques étaient aussi radicaux que les inquisiteurs car ils se voulaient souvent exemplaires. Les Albigeois, inspirés du manichéisme dualiste, s’appelaient « bons hommes » ou parfaits, purs – cathares en grec – et rejetaient le mariage. Les Vaudois, disciples du laïc Pierre Valdès, se voulaient véritable Église évangélique.

La chrétienté ne reposait pas sur le contrat social mais sur l’unanimité car on est sauvé ou non, on va au Paradis ou en enfer. Tout ce qui divise relève du diable qui cherche à entraîner le maximum dans sa rébellion. La nécessité absolue du consensus entraînait l’impossibilité absolue de compromis. L’hérétique n’était pas un libéral pragmatique, ses convictions l’emportaient sur sa sécurité. Il ne vivait que pour son groupe qu’il prenait pour la vraie Église. Cette défiance contre l’Église concrète induisait une contre-Église et une contre-société. Hérétique et inquisiteur s’accusaient du même crime et se justifiaient de la même manière.

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