L'hérésie du bon personnalisme - France Catholique
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L’hérésie du bon personnalisme

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Une phrase habituelle, prononcée avec différentes nuances pendant des années aussi bien par le clergé que par les laïcs, a déformé la Doctrine Catholique et a sapé la Foi de nombreuses âmes. « Pour aller au Ciel tout ce qui est nécessaire est d’être une personne bonne ».

Bien entendu, il y a quelque vérité dans cette affirmation. Pour être comptés parmi les bienheureux du Ciel, vous devez être bons. Mais ce n’est qu’une demi-vérité, ce qui la rend dangereuse. Cette croyance, que j’appelle l’hérésie du bon personnalisme, contient deux graves erreurs théologiques : elle déforme volontairement le sens du mot « bon » et exclut délibérément la foi dans le Christ comme chemin vers le Ciel.

La plupart des hérésies et des erreurs théologiques sont façonnées par l’époque et la culture où elles apparaissent, et la théorie qu’une personne bonne est destinée au Ciel, n’est pas une exception. Des attitudes relativistes et indifférentes à l’égard de la religion et de la foi, une perte du sens du péché , une incapacité et une réticence à qualifier certaines actions comme étant mauvaises et, un jugement mal avisé des actions et des gens, ont tous contribué à former cette doctrine pernicieuse.

Qu’est-ce qu’une personne bonne dans ce système de pensée? C’est quelqu’un qui n’a commis ni meurtre ni vol et qui, généralement, se comporte de manière correcte avec ses voisins et ses collègues. En d’autres termes, quiconque n’est pas un fieffé coquin va très vite paraître comme étant une personne de bien pour laquelle St Pierre ouvrira avec joie les portes du Paradis quand son temps sera venu, sans se soucier s’il avait adoré Dieu ou s’il avait violé certains des autres huit commandements.

Cette situation peut sembler hyperbolique, mais c’est vraiment l’attitude tragique de nombreux Catholiques sous-cathéchisés d’une des récentes générations. Nous savons que Dieu est Amour et miséricordieux, mais le pardon n’est pas nécessaire – ni l’agonie du Christ et le Sacrifice de la Messe – si nous ne sommes pas des pécheurs qui avons fait le mal, et que nous cherchons à devenir bons avec la Grâce de Dieu. En présumant joyeusement que nous sommes bons, sans une compréhension correcte de Dieu, de la morale et des dix Commandements, nous devenons coupables d’un autre péché qui a aussi été oublié : La péché de présomption.

Une personne bonne est supposée accomplir de bonnes actions, et ces actions nous ouvrent le salut de Dieu, une réalité qui avait été manifestée aux contemporains de Jésus. « Maître que dois-je faire de bon pour gagner la vie éternelle? » (Matt 19:16) « si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements » répondit Jésus, qui ensuite cita tous les commandements relatifs à notre relation avec le prochain. (Et il y a aussi ceci: « Qui dit ‘Je le connais’ alors qu’il ne garde pas ses commandements est un menteur, et la vérité n’est pas en lui » (1 Jean 2:4).

La leçon du Maître est tout à fait claire : l’obéissance à tous les commandements est une condition sine qu’a non pour être bon et pour entrer au ciel. Il ne nous est pas permis d’observer seulement les commandements que nous préférons, ni d’extrapoler certaines actions de leurs éléments centraux – le meurtre est mal mais l’avortement est un choix personnel; l’adultère pour les gens mariés est mal, mais la fornication et la cohabitation pour les jeunes font partie de la croissance; le parjure est mal, mais mentir lors d’un entretien d’embauche fait partie de la compétition sur le marché.

Mais avant que Jésus ait réitéré ses commandements à son interlocuteur, Il les a placés dans leur vrai contexte : « Pourquoi me questionnes tu sur le bien à faire? » (Matt 19:17a). Dieu, le Dieu absolu, nous a donné ce commandement pour nous mettre en union avec Lui: « En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Matt 25:40).

La parabole des brebis et des boucs, ainsi que plusieurs autres, explique comment l’Ancienne Alliance des Commandements est accomplie, et non pas abolie, avec la Nouvelle Alliance de l’Amour du Christ. Les interdits du Décalogue sont reformulés en des commandements positifs d’aimer Dieu et son prochain. Obéissance n’est pas oppression ; c’est la voie de l’accomplissement, du bonheur et de la véritable bonté.

Donc par définition,nous ne pouvons être bons qu’avec l’aide de Dieu. Ceci met bien en évidence l’autre erreur de la théorie du bon personnalisme : cette croyance que Dieu et son Fils incarné n’est pas nécessaire pour notre salut. Les pages des Saintes Écritures sont parfaitement claires sur la position centrale qu’est Jésus Christ pour aller sûrement au Paradis : « il n’est de salut en aucun autre, car il n’est sous le ciel, aucun autre nom donné aux hommes, en qui nous devions être sauvés » (Acts 4:12).

Il est bien entendu vrai que l’Eglise enseigne que ceux qui étaient invinciblement ignorants du Christ et de son Eglise peuvent atteindre le Ciel, mais leur salut est accordé « non sans Grâce » (Lumen Gentium 16), même si ces personnes n’en sont pas conscientes. Le Concile Vatican Deux enseigne aussi que les Catholiques qui faillissent dans leur persévérance dans la grâce, « non seulement ne seront pas sauvés, mais de plus seront plus sévèrement jugés ».( Lumen Gentium 14).

Très souvent,détournés de la vérité par le Prince des Ténèbres,les
hommes sont devenus vaniteux dans leurs raisonnements, et ont échangé la Vérité de Dieu pour le mensonge et servi le monde
plutôt que le Créateur ».(Lumen Gentium 16). Tel est le cas avec le Bon Personnalisme, qui en expliquant le salut, a faussement expulsé Dieu et altéré la bonté en une douce tolérance profane.

Le Bon personnalisme peut ne pas être considéré comme une hérésie du point de vue canonique, mais il porte certainement les fruits d’une hérésie. Il déforme les enseignements du Christ et de l’Eglise et mène le peuple vers des dangers moraux et spirituels.

« Dieu seul est Bon », et quand nous contemplons sa bonté et que nous pensons au salut, nous devons nous dire « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Acts 5:29).


Tableau : Le Bon Pasteur par Philippe de Champaigne, c. 1650.

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/the-heresy-of-good-personism.html


David G. Bonagura, Jr. Est professeur adjoint au séminaire de « the Immaculate Conception », Huntington, New York.