L'Apocalypse au cinéma - France Catholique
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L'incroyable histoire des chrétiens du Japon
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L’Apocalypse au cinéma

Épousant les craintes des époques, le genre apocalyptique reflète les inquiétudes, très matérialistes, de la société occidentale.
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Saint Jean (Richard Harris) face aux élus lavant leur robe « par le sang de l’Agneau » (Ap 7, 14), dans L’Apocalypse, de Raffaele Mertes (2002).

Saint Jean (Richard Harris) face aux élus lavant leur robe « par le sang de l’Agneau » (Ap 7, 14), dans L’Apocalypse, de Raffaele Mertes (2002).

La fascination pour la fin des temps au cinéma est presque aussi ancienne que le septième art lui-même. Dès les années 1910, alors que le cinéma prend son envol, le Danois August Blom met en scène La Fin du monde (1916). Le désastre vient du ciel, où le passage d’une comète sème la désolation, ne laissant qu’une poignée de survivants. Le motif de la comète se retrouvera quinze ans plus tard dans une autre Fin du monde (1931), française cette fois-ci, réalisée par Abel Gance. Les spectateurs des années 1950 regardent toujours vers le ciel : cette fois, ce sont les extraterrestres et la menace nucléaire – les premiers servant souvent de métaphore pour la seconde –, qui nourrissent la crainte de la fin des temps. Le Jour où la Terre s’arrêta (1951) et la Guerre des Mondes (1953), adapté du roman de H. G. Wells, en sont de bons exemples.

Le septième sceau

L’Apocalypse chrétienne reste bien loin des préoccupations des réalisateurs, si ce n’est par quelques touches impressionnistes. Ainsi Ingmar Bergman entame-t-il son célèbre Septième Sceau (1957), qui se déroule durant la grande peste du XIVe siècle, par un inquiétant Dies irae suivi d’un silence, tandis qu’un aigle plane dans le ciel. Soit la mise en image, relativement fidèle, de l’ouverture du septième et dernier sceau par l’Agneau (Ap 8, 1-13). Bien que le reste du film délaisse la thématique, ces simples images sont suffisamment rares dans l’histoire du cinéma pour être soulignées. Car la vision et la crainte purement matérielles de l’Apocalypse semblent tellement s’ancrer dans les mentalités que le cinéma en vient, à partir des années 1970, au genre post-apocalyptique : l’humanité, quasiment éradiquée, est alors condamnée à survivre dans les ruines d’un monde retourné à l’état sauvage – comme dans Mad Max (1979) et ses suites – ou ravagé par la guerre atomique – Les Nouveaux barbares, 1983 –, quand elle n’est pas, en outre, combattue par les machines, comme dans Terminator (1984) de James Cameron. Idée qui se retrouvera dans Matrix (1999), des frères Wachowski, où l’humanité est élevée en batterie pour fournir de l’énergie aux machines.

Faut-il enfin voir dans le cinéma de ces vingt dernières années le reflet d’une société inquiète jusqu’à la névrose ? Catastrophes naturelles, effondrement de la société, morts-vivants, machines : tous ces thèmes, jusqu’à présent distillés au fil des décennies, se succèdent et se combinent au gré des sorties en salle où l’humanité n’a d’autre horizon que sa survie – et son salut – par ses propres forces.

L’Apocalypse « catholique » reste donc un angle mort du cinéma, sans doute à cause de l’exigeant cahier des charges visuel qu’elle implique. Le récit, tel que relaté dans la Bible, n’aura guère été mis en scène qu’en 2002, dans un téléfilm italien sobrement intitulé L’Apocalypse.

La victoire finale de l’Agneau

Richard Harris, vu deux ans plus tôt sous les traits de Marc-Aurèle dans Gladiator, y tient le rôle de saint Jean. Malgré des effets visuels inégaux, censés représenter les visions reçues par l’apôtre, et en dépit du jeu approximatif de certains acteurs, le film est loin d’être dénué de qualités : porté par la présence de son acteur principal, vieil homme restant fidèle malgré les privations et les vexations au Christ qu’il a tant aimé, L’Apocalypse est une ressource intéressante pour les éducateurs souhaitant faire découvrir aux enfants la foi sans faille des communautés chrétiennes persécutées par l’empereur Domitien, mise à l’honneur dans de nombreuses scènes, ainsi que ce qu’est la vraie Apocalypse : non pas la mort de l’humanité, mais la victoire finale de l’Agneau.