« Knuckleballs », la Grâce et l’Eglise - France Catholique
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« Knuckleballs », la Grâce et l’Eglise

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R.A. Dickey, le lanceur de balle du New York Mets, est mon joueur de baseball favori. Quand c’est son tour de monter au créneau, je me sens poussé à le regarder par une force intérieure dont je ne comprends pas très bien l’origine. Peut-être est-ce à cause de son itinéraire personnel qu’il a su dépasser : foyer brisé, abus sexuel à l’âge de 8 ans, et des années d’efforts dans un club mineur jusqu’à ce qu’il atteigne le stade de grande star.

Peut-être est-ce à cause de sa maîtrise d’un des lancers du base ball le plus séduisant et très peu usité « Knuckleball » 1. Peut-être est-ce dû au courage et l’élégance de son jeu sur le terrain. Ou encore à sa foi chrétienne profonde qui en a fait l’homme et le lanceur qu’il est devenu aujourd’hui.
Cette dernière qualité ressort de sa récente autobiographie. Quels que soient mes détours, récit émouvant et véritable « catharsis » de son enfance et de son odyssée dans le Baseball. A travers ses luttes – particulièrement quand sa vie a touché le fond – c’est sa foi en Jésus Christ qui lui a donné l’espoir, et l’a remis sur la voie étroite qui mène à la vie.

En tant que catholique, ce ne sont pas les moyens par lesquels Dickey s’est converti, qui m’ont frappé. Cela s’est passé sous l’influence d’un camarade de classe qui l’a invité aux réunions du groupe chrétien des athlètes. C’est la logistique qui m’étonne : quand il a demandé comment faire pour devenir chrétien, on lui a répondu : « Tu n’as qu’à inviter Jésus Christ dans ta vie » et fais ta profession de foi. Et c’est ce que Dickey a fait, avec son ami et la mère de son ami, dans leur maison. Le pas suivant, lui a-t-on dit, serait d’apprendre et d’étudier la Bible.

Je ne mets absolument pas en doute la foi, la sincérité ou l’engagement de Dickey. Pourtant, son expérience telle qu’il la décrit, manque d’un élément clé. Il s’est engagé personnellement envers le Christ à qui d’autres l’ont conduit, mais le moment de grâce n’a été que pour lui : pas d’authentification extérieure, pas d’incorporation dans quelque chose qui le dépasse. En d’autres termes, ce qui manquait dans son expérience, c’était le baptême et l’Eglise catholique.

Pour les catholiques, le baptême est certainement une rencontre personnelle avec Dieu, même si les promesses du baptême sont faites à notre place en cas de baptême d’enfant. Mais cette rencontre s’opère à travers l’Eglise, qui est le moyen pour Dieu de nous communiquer sa grâce et de nous amener à entrer en communion avec lui. Les Ecritures sont claires : Dieu n’a pas voulu sauver des individus en tant qu’individus, mais un peuple – Son Peuple. Son alliance avec Israël présageait l’alliance nouvelle et éternelle dans le Christ qui est ouverte à tous ceux qui répondent à son invitation.

Par le baptême, nous sommes formellement incorporés dans l’Eglise, Corps Mystique du Christ, qui, comme le dit Saint Paul, a de nombreux membres. Tous sont unis dans un même dessein par le Christ qui en est la tête. Chacun de nous a sa vocation propre par laquelle il travaille à son Salut avec « crainte et tremblements ». Pourtant nos chemins apparemment tous différents, sont reliés entre eux pas la Providence de Dieu, et ils nous conduisent à un but commun : Au ciel dans la communion des Saints, qui est précisément cela : une communion des bienheureux avec Dieu.
Il y a un deuxième aspect de l’itinéraire de la foi de Dickey qui témoigne de la splendeur de l’enseignement catholique : Le drame du péché et de la rédemption. Victime d’abus sexuel quand il était enfant, Dickey fut tourmenté par la culpabilité et la honte tout au long de sa vie adulte, jusqu’à ce qu’il affronte son passé vers la trentaine. Avant d’atteindre ce moment, son passé a pesé sur le mal qu’il avait à supporter ses déficiences personnelles. Et il atteste que tandis qu’il luttait contre ses difficultés, l’examen régulier de soi lui a permis de devenir un homme meilleur.

Pour les catholiques, l’examen de soi prend une importance surnaturelle quand il est vécu dans le contexte de la confession sacramentelle. La pratique honorée depuis longtemps de l’examen de conscience nous permet d’estimer les grâces reçues et les péchés commis dans le contexte de l’amour et du pardon permanent de Dieu. Quand nous nous confessons, nous plaçons humblement devant Dieu les résultats de notre examen de conscience, et par le ministère du prêtre, Il nous accorde pardon et paix. Par l’intermédiaire de l’Eglise, notre examen devient le moyen de nous transcender sur la route de la Communion des Saints.

Le pèlerinage du catholique n’est pas un chemin de solitude, mais de solidarité avec tous les membres du Corps du Christ, y compris ceux qui nous ont précédés. Cette solidarité est spirituelle, reconnue par la Foi en Jésus Christ qui a prié pour que nous ne fassions qu’un comme le Père et Lui ne font qu’un. Cette Unité n’est pas un but terrestre ou politique, mais une réalité surnaturelle rendue possible par la grâce de Dieu, communiquée par l’Eglise qui nous indique le but ultime.

Dans ce livre, Dickey déclare que la difficulté pour apprendre le « knuckleball » vient du peu de moniteurs qui peuvent l’enseigner. Résultat : les « Knckleballistes » forment une petite fraternité très intime. Dickey n’a réussi à maîtriser ce lancer délicat qu’après que plusieurs membres de cette fraternité le lui aient enseigné, sur plusieurs années.

De même, tout seul dans sa chambre avec sa Bible, l’individu n’a jamais participé à la vie catholique. Chacun a sa propre vocation, mais comprise dans ce que nous appelons la communion en Dieu et en Jésus Christ. Nous ne trouvons la plénitude de cette communion que dans la communauté de l’Eglise catholique, partagée par la Communion des Saints.

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David G. Bonagura, Jr. Est professeur de théologie adjoint au Séminaire de l’Immaculée Conception, Huntington, NY.


Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/knuckleballs-grace-and-the-church.html

  1. On pourrait traduire par « une balle molle » par opposition au « pitch » (= lancer) vigoureux habituel ; ça déstabilise souvent le batter.
    Pitcher: lanceur. Il lance la balle (trois essais) vers le batter. Celle-ci doit arriver à hauteur des épaules ou un peu plus bas (je ne me rappelle pas la règle exacte) et, si elle est ratée par la batte, le catcher accroupi derrière peut tenter de la bloquer et la renvoyer aussitôt au « pitcher », ce qui renvoie le batter au vestiaire. Tout ça pour que, si la balle est renvoyée d’un coup de batte, le batter se met à courir pour aller vers la prochaine base, puis, éventuellement la suivante, la troisième et réussir l’exploit du « home run ». P.L.