Famine en Somalie - France Catholique
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Famine en Somalie

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La famine déclarée au sud de la Somalie risque de se propager à toute l’Afrique de l’Est. Plus de dix millions de personnes sont vulnérables.
Les Nations Unies ont décrété le 20 juillet un état de famine pour les deux provinces du sud de la Somalie, le Bas-Shebelle et le Bakool sud. Sous contrôle des milices islamistes Shabaab, qui ont expulsé le Programme Alimentaire Mondial (PAM) en 2010, ces régions sont frontalières du Nord du Kenya et du Sud de l’Ethiopie. D’ores et déjà des milliers de réfugiés somaliens étaient dispersés dans ces deux pays, surtout au Kenya où les camps de Dadaab étaient déjà surpeuplés. Or depuis le début de l’année, les somaliens arrivent à raison de dix mille par mois et dans les deux derniers mois, vingt mille. Il y a désormais plus d’un demi-million de réfugiés dans ces camps initialement conçus pour 90 000 personnes.

Le problème est accru par le fait que ces réfugiés arrivent dans les régions déjà les plus déshéritées du pays avec le même environnement. L’état de pré-famine avait été déclaré au nord du Kenya depuis janvier. La situation était probablement pire au sud de la Somalie mais personne n’en savait rien du fait de l’impossibilité de s’y rendre avec la présence des miliciens. Mais on s’en doutait. Maintenant (veille du Ramadan ?) c’est la panique. Ce serait la plus grave crise depuis la famine en Ethiopie en 1984/5 qui a fait un million de morts.

Pourquoi la communauté internationale n’a-t-elle pas agi plus tôt ? Les voisins pensaient d’abord à nourrir leur propre population. Les puissances avaient la tête ailleurs (elles avaient déplacé des navires du large de la Somalie au large de la Libye). Une intervention humanitaire en Somalie même aurait supposé un appui militaire, faisant ressurgir le spectre de la guerre de 1992/3. Or les maigres effectifs ougandais et burundais de la force de l’Union Africaine concentrés à Mogadiscio peinent déjà à protéger le gouvernement, le port et l’aéroport. Progressivement, les forces loyalistes auraient reconquis environ les trois-quarts de la capitale. Mais 400 000 nouveaux déplacés venus du Sud se massent désormais à la périphérie, sachant que c’est là qu’arrivera l’aide alimentaire internationale. Celle-ci n’est d’ailleurs acheminée qu’en convoi escorté par les marines de guerre du monde entier en lutte contre les pirates somaliens.

Le climat est une chose. Mais la guerre civile en est une autre. Dira-t-on que les réfugiés somaliens sont des réfugiés climatiques ? Pour la même raison que les Shaabab aujourd’hui jouent sur les termes : famine ou sécheresse ? L’ONU dispose de critères très clairs de la famine, dont le principal est : deux adultes (ou quatre enfants) morts par jour sur 10 000 habitants. Nous en sommes à plus du double, quatre fois dans les derniers arrivés, ce qui laisse à imaginer les dégâts sur place.

Le plus grave à venir est la déstabilisation générale de la région. Le Kenya n’est pas un Etat failli. C’est un Etat organisé qui a jusqu’à présent su faire face à son problème de « sécheresse ». Mais celui-ci perdurera jusqu’à au moins l’année prochaine. Le Kenya ne dispose que de 20% de terres arables sur la bande sud du pays déjà surpeuplée. Les populations du Nord sont sur un mouvement de migration lent – mais qui s’accélère- vers le Sud.

Les appels à l’aide des organisations internationales s’élèvent à plus d’un milliard et demi de dollars. Le débat encore une fois en Somalie et au Kenya n’est pas la sécheresse et donc le changement climatique, encore moins les politiques agricoles et d’élevage et l’agro-business, mais le cancer d’une guerre qui se traîne sans solution depuis vingt ans et empoisonne l’environnement politique, économique et social de toute la sous-région.

La Somalie meurt de faim

http://www.valeursactuelles.com/actualit%C3%A9s/monde/somalie-meurt-de-faim20110722.html