Euthanasie, l’ultime transgression - France Catholique
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Euthanasie, l’ultime transgression

La légalisation de l’euthanasie romprait avec le respect de la vie et la charité due aux personnes les plus fragiles. Emmanuel Macron prend son temps, mais la machine législative est bel et bien en marche.
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© Parentingupstream / Pixabay

« Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément. » Ce sont trois phrases dans le serment d’Hippocrate que prononcent les jeunes médecins. Trois courtes phrases qu’ils s’appliquent à respecter, et qui sont au cœur des débats sur la fin de vie. Parce qu’elles constituent le fondement de l’éthique médicale. Mais surtout parce qu’elles découlent d’une anthropologie – d’ailleurs antérieure à la révélation chrétienne – que la légalisation de l’euthanasie bouleverserait de fond en comble.

Fils d’un couple de médecins, Emmanuel Macron ne peut pas ignorer les conséquences d’une telle révolution. Impossible d’abréger les jours d’un patient sans contrevenir au respect de la vie, que l’on doit a fortiori aux plus fragiles d’entre nous. Peut-on confier aux médecins cette responsabilité, alors qu’ils font profession de soigner ? Et si l’on fait fi de la charité due aux malades, qu’adviendra-t-il ensuite des personnes handicapées, voire des personnes âgées dont certains soulignent déjà qu’elles coûtent plus à la collectivité qu’elles ne lui rapportent ? « La mise en œuvre de garde-fous législatifs […] ne parviendrait pas, à terme, à endiguer les menaces que l’injonction de mort ferait peser sur les personnes les plus vulnérables, ce que l’on observe aujourd’hui dans tous les pays ayant légalisé l’euthanasie », préviennent treize organisations représentant 800 000 soignants, dans un texte publié en février 2023.

« En même temps »

Sur ce sujet, Emmanuel Macron avance à pas comptés. En 2022, il avait seulement promis dans son programme de « lancer une convention citoyenne qui associera[it] citoyens, spécialistes de l’éthique, professionnels ». Dans le but de « cristalliser une décision instruite, connue et toujours aussi difficile sur le plan éthique », précisait-il le 17 mars 2022. Noyautée par les militants du « droit à mourir dans la dignité », cette convention s’est prononcée, l’an dernier, pour l’ouverture sous conditions du suicide assisté et de l’euthanasie (lire FC n° 3804).

Faut-il y voir une astuce d’Emmanuel Macron pour ne pas assumer une décision dont il sera de toute façon comptable ? Le chef de l’État a souvent fait part de ses hésitations aux responsables des cultes. « C’est une immense bataille entre Éros et Thanatos », résumait-il le 9 mars 2023, lors d’un dîner sur ce thème, revendiquant sur ce sujet « un doute salvateur ». Le 8 janvier de cette année, il a surtout insisté sur les soins palliatifs et la prise en charge de la douleur, lors de ses vœux aux autorités religieuses. Ses invités en ont conclu qu’il y aurait deux lois distinctes, comme le réclamaient les soignants hostiles à l’euthanasie : l’une sur le développement des soins palliatifs, l’autre sur « l’aide à mourir » – ce qu’a finalement démenti l’Élysée. Ces deux volets feront l’objet d’un même projet de loi, le Président appliquant finalement à la fin de vie son « en même temps » coutumier.

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