Environnement
UNE CONFERENCE INTERNATIONALE
SUR LES GRANDS BASSINS FORESTIERS POUR QUOI FAIRE ?
Au retour du Sommet de Copenhague le 22 décembre dernier, le Président français Nicolas Sarkozy annonçait l’organisation d’une conférence sur les grands bassins forestiers en France pour le début 2010. Le Premier ministre norvégien ayant fait une annonce similaire le même jour (les grands esprits ou les grands communicants se rencontrent), les deux pays se sont finalement entendus pour qu’une première réunion se tienne à Paris suivie d’une seconde un peu plus tard à Oslo.
C’est donc dans la capitale française que s’est tenue le 11 mars dernier la Conférence internationale sur les grands bassins forestiers coprésidée par Jean-Louis Borloo, ministre de l’écologie et du développement durable et son homologue brésilien Carlos Minc. Cinquante quatre pays, représentatifs des grands bassins forestiers d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie, ainsi que douze Etats bailleurs de fonds, se sont ainsi retrouvés pour approfondir et mettre en œuvre le mécanisme de réduction de la déforestation, l’un des rares acquis de l’accord de Copenhague.
Dans son discours introductif, le Président français n’a pas manqué d’insister sur le rôle joué par la France pour faire aboutir ce projet et plus généralement pour que la forêt soit une priorité internationale. De par son expertise forestière, la France veut en effet tenir une place de premier rang dans la lutte contre la déforestation et la dégradation des forêts, compte tenu de l’enjeu que celle-ci représente dans la bataille contre le réchauffement climatique. Les experts estiment, en effet, que la déforestation constitue près de 20% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, davantage, par conséquent, que l’ensemble des transports terrestres, maritimes et aériens, pourtant jugés gros contributeurs en la matière.
En organisant cette conférence, l’objectif de la France était double : dans un premier temps, organiser une coordination efficace des financements et des actions précoces et, à plus longue échéance, engager la discussion sur un mécanisme pérenne afin de faciliter les actions dans ce domaine. A l’issue de cette réunion, on peut estimer que les buts ont été atteints. D’un côté, les pays accueillant de grands bassins forestiers, ont exposé leurs actions nationales et leurs stratégie de lutte contre la déforestation et la dégradation forestière et en faveur de la reforestation et de l’aménagement durable des forêts. De l’autre, les pays donateurs ont rappelé l’importance de la forêt dans le financement précoce pour lequel plusieurs d’entre eux ont promis d’y consacrer 20% de leurs engagements financiers de ce type tels que prévus par l’accord de Copenhague. En outre, la France avec l’Australie, les Etats-Unis, le Japon, la Norvège et la Grande-Bretagne ont confirmé leur engagement collectif à hauteur de 3,5 milliards de dollars pour la période 2010-2012.
Et comme il n’est pas désormais de conférence internationale sans bonne gouvernance, les Etats présents ont conclu à la nécessité d’une meilleure coordination du partenariat REDD+ (pour réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts) passant notamment par l’animation d’un groupe facilitateur de pays actifs parmi lesquels on retrouve naturellement la France, la Norvège et la Brésil et la mise en place d’un secrétariat léger chargé de recenser les besoins les plus urgents, les flux financiers, les actions existantes et les ressources disponibles. C’est donc manifestement satisfait que Jean-Louis Borloo a conclu les travaux en mettant l’accent sur cette « nouvelle solidarité Nord-Sud pour lutter contre la déforestation ».
Rendez-vous, comme promis, a donc été pris pour se retrouver en mai prochain à Oslo afin de mesurer les avancées, en matière forestière, de l’accord de Copenhague. Si l’on se fie à la géographie, les choses devraient aller bon train, car il n’y a guère de distance entre la capitale norvégienne et sa voisine danoise. Comme le disent les bûcherons, ce n’est pas le moment de jeter le manche après la cognée.