« Pascal est l'incarnation d'un génie français » - France Catholique
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L'incroyable histoire des chrétiens du Japon
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« Pascal est l’incarnation d’un génie français »

Si tout le monde connaît son nom, son œuvre est méconnue. Pire : elle est souvent invoquée à contresens. Mise au point avec Jean de Saint-Cheron, auteur de Voilà ce que c’est que la foi (éd. Salvator).
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Tout le monde connaît Pascal. Comment expliquer ce succès ?

Jean de Saint-Cheron : Par son génie de la langue française et en particulier par son génie de la formule, de l’image et de la pensée frappante et ramassée qu’il est facile de connaître par cœur. Pascal était aussi un penseur, un philosophe de très haute volée dont la réflexion est extrêmement articulée. Et puis il y a bien sûr son génie mathématique éclatant. Tout cela fait beaucoup pour un seul homme. Il est, d’une certaine manière, l’incarnation d’un certain génie français.

L’œuvre de Pascal est protéiforme… Comment la lire ?

De prime abord, Pascal peut être très plaisant à picorer. C’est ce que font, au demeurant, de nombreux lecteurs : beaucoup tombent sur des considérations extraordinaires au sujet de la grandeur et des misères de l’homme. Des phrases tellement justes dans l’observation des mœurs humaines, parfois très dures, mais qui peuvent nous faire éclater de rire : « Si tous les hommes savaient ce que disent les uns les autres, il n’y aurait pas quatre amis dans le monde. » C’est tout à la fois génial et cruel. Mais le risque, quand l’on picore, est de passer à côté de ce que Pascal dit réellement. On ne peut pas se permettre juste de piocher dans son œuvre ici ou là : il faut faire l’effort de l’appréhender comme un tout cohérent !

Justement, votre livre, qui propose une sélection de textes commentés, bat en brèche certaines idées reçues, comme celle de faire de Pascal le promoteur d’une vie casanière…

C’est l’une des phrases de Pascal les plus célèbres et les plus mal comprises : « Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose : ne pas savoir se tenir en repos seul dans une chambre. » On a voulu faire de Pascal le père du confinement ! Alors que ce qu’a compris Pascal, c’est que le bonheur consiste à nous trouver dans une condition qui nous comble : cela s’appelle la béatitude et c’est ce que vivent Dieu et les saints qui sont avec lui. Or, quand l’homme est seul en repos dans une chambre, il se met à penser à son désœuvrement et à l’inutilité de son existence. Se pose alors à lui de grandes questions existentielles, où surgissent la peur de la mort et de la maladie, ou le souvenir des personnes perdues… On rejoint alors le grand constat de Pascal : nous nous trouvons dans une condition terrestre tragique, alors même que nous aspirons à la vérité et au bonheur, auxquels nous sommes incapables de parvenir par nous-mêmes ! De ce fait, nous nous divertissons dans ce qui est, d’une certaine manière, une fuite nécessaire.
Mais Pascal ne s’arrête pas là : tout son effort est d’essayer de nous détourner un instant de nos divertissements et de nous faire comprendre pourquoi notre condition est tragique. C’est le point de départ de son apologétique : elle est tragique parce que nous sommes marqués par le péché originel, mais nous sommes tout de même faits pour le bonheur. Or, celui-ci est possible parce que nous avons un sauveur : Jésus-Christ. Pour comprendre tout cela, il faut savoir se tenir en repos, seul, dans une chambre !

Retrouvez l’entretien complet dans notre numéro spécial.