Du rigorisme à la miséricorde - France Catholique
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L'Église dans l'attente
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Du rigorisme à la miséricorde

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Crédits : Pascal Deloche / GODONG

Confesseur réputé, le Curé d’Ars (1786-1859) est passé d’un attachement strict à des règles morales à la contemplation du sens profond de la Passion du Seigneur.

Saint Jean-Marie Vianney n’avait pas pu suivre correctement la formation dispensée au séminaire et s’est donc préparé à être prêtre sous la direction de l’abbé Charles Balley (1751-1817), son maître, qui lui léguera sa bibliothèque à sa mort. Comme tout le clergé de son temps, l’abbé Balley était rigoriste en morale, et donc dans l’administration du sacrement de pénitence. Il avait aussi une vie très ascétique. Inévitablement, son jeune protégé, qui devint son vicaire après l’ordination en 1815, devait en être marqué. On peut le voir dans les sermons qu’il faisait au début de sa présence à Ars. Des études comparatives ont été faites entre les sermonnaires qu’il recopiait et ses sermons. Elles montrent la tendance qu’avait le jeune desservant d’Ars à durcir le propos, par exemple en élargissant à tout péché ce qui relevait du péché mortel.

L’influence d’Alphonse de Liguori

C’est au contact de la foule des pénitents, et également sous l’influence de Mgr Devie, nommé évêque de Belley en 1823, qu’il va progressivement évoluer. D’une part, en effet, le nouvel évêque revient d’exil en Italie avec la doctrine de saint Alphonse de Liguori, ce grand évêque et docteur de l’Église qui s’était battu toute sa vie contre le rigorisme et avait fait triompher une pastorale de miséricorde et de liberté. Il n’est pas douteux que Mgr Devie influença les prêtres de son diocèse. Il fut d’ailleurs conduit à faire passer une sorte d’examen au Curé d’Ars, après des dénonciations sur la manière de confesser de ce dernier. Lui, ancien professeur de morale au séminaire de Valence, estima que le jugement du saint Curé était juste.

D’autre part, saint Jean-Marie Vianney apprit auprès des pénitents la complexité du coeur humain et les replis profonds qui peuvent obscurcir une conscience ou affaiblir la perception du péché. Il disait : « Si je n’avais pas été prêtre, je n’aurais jamais su ce que c’était que le péché. » Si la radicalité de l’abbé Balley s’était durablement imprimée en lui, sans doute les échanges qu’ils avaient eus, durant leur temps libre, pour parler de Dieu et s’exciter à l’aimer davantage ont aussi porté des fruits. Loin de le durcir, le contact avec le péché l’a ému de compassion pour le pécheur. « Je leur [aux pénitents] donne une petite pénitence, et je fais le reste à leur place. » Il ne s’agissait pas pour lui d’une astuce pour attirer le pénitent, mais d’une conscience claire de la communion des saints. Son enseignement sur le sacrement de la réconciliation devint de plus en plus limpide : « Mes enfants, on ne peut comprendre la bonté que Dieu a eue pour nous d’instituer ce grand sacrement. Si nous avions eu une grâce à demander à Notre Seigneur, nous n’aurions jamais pensé « Je pleure de ce que vous ne pleurez pas » à lui demander celle-là. Mais il a prévu notre fragilité et notre inconstance dans le bien, et son amour l’a porté à faire ce que nous n’aurions pas osé lui demander. »

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