Doctrine sociale / ministère U.S. de la santé - France Catholique
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Pontificat de François - numéro spécial
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Doctrine sociale / ministère U.S. de la santé

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Presque tout le monde est désormais au courant, le Professeur Obama a proposé son « compromis » sur les règles édictées par son ministère de la Santé et des Affaires sociales, imposant à tous les employeurs, y-compris la plupart des organismes religieux, d’assurer dans la couverture « santé » de leur personnel la contraception, la stérilisation, et les médicaments abortifs, le tout à 100%.

C’était un faux [faux en français dans le texte] compromis. La Compagnie d’assurance, et non l’employeur, doit informer l’employé que ce sont des options, alors qu’elle doit assurer ces services « à titre gratuit ». Mais, comme le signale un groupe d’érudits, « peu importe QUI explique les termes de l’assurance contractée par l’organisme religieux ou par l’employé pratiquant. L’important est de savoir quels risques sont couverts par l’assurance.» Et comme on ne rase pas gratis, le surcoût sera inévitablement supporté par l’employeur.

Rien n’a changé dans le fond. Un employeur religieux dont la conscience interdit de s’associer à des actes qu’il croit intrinsèquement mauvais doit procurer à ses employés une assurance-santé incluant des clauses qu’il sait intrinsèquement mauvaises.

Néanmoins plusieurs personnes et associations ont applaudi à ce « compromis ». Le journaliste du Washington Post E.J. Dionne, par exemple, a écrit un article bien pensé pour approuver le président. Louant au début le Président, « l’Association Catholique de la Santé » semble maintenant engager la marche arrière, alors que « Catholiques Unis » affiche un soutien imperturbable.

Bien que chacun annonce son attachement à la doctrine sociale de l’Église, la lecture des encycliques sur le sujet révèle non pas un bref théologique en faveur du décret et du faux compromis émis par le Ministère de la Santé mais plutôt une hostilité marquée.

Dans « Humanae vitae », par exemple, le Pape Paul VI appelle les chefs d’États à « ne tolérer aucune législation susceptible d’introduire dans la famille des pratiques opposées à la loi naturelle de Dieu. » En conséquence, si l’Église enseigne que l’État ne devrait pas introduire ces pratiques dans le grand public, il est évidemment bien pire de voir un État contraindre un employeur catholique ou un organisme de paroisse à les introduire auprès de son personnel.

Cependant, si un catholique, ou un organisme catholique venait à accepter cette contrainte gouvernementale, ce serait non seulement agir mal, mais ce serait faire scandale car montrant qu’il rejette « Humanae Vitae » qui recommande de se méfier du danger couru en laissant la question entre les mains des dirigeants publics qui n’ont guère souci des préceptes de la loi morale.

« Catholiques Unis » a bien raison de déclarer que l’Encyclique du Pape Léon XIII « Rerum Novarum » (1891) est généralement considérée comme le document inaugurant la tradition catholique sociale. Mais le décret du Ministère de la Santé soutenu par « Catholiques Unis » est incompatible avec les principes contenus dans cette encyclique.

Pour prendre la mesure du problème, demandons-nous : Des organismes à fondement religieux tels que des hôpitaux ou des universités catholiques, et des entreprises catholiques ont-ils le droit de contracter une assurance (ou de s’auto-assurer) avec des garanties offertes au personnel ne comprenant pas la contraception, l’avortement, la stérilisation, etc. ?

La réponse est « NON » (sauf dans le cas étroitement défini de « lieux de culte »). En fait le Ministère de la Santé contraint l’Église et certains de ses membres à consacrer leurs moyens à l’introduction dans l’existence de leur personnel et de leurs familles de pratiques contraires à la loi naturelle de Dieu, telle qu’énoncée par « Humanae Vitae ».

En ce qui concerne la question pour l’État à obliger l’Église et ses membres à engager des dépenses dans de tels buts, « Rerum Novarum » établit des principes bien clairs:

« Il faut éviter d’empiéter sur les droits des citoyens et de prendre, sous couleur d’utilité publique, une décision qui serait désavouée par la raison. Car une loi ne mérite obéissance qu’autant qu’elle est conforme à la droite raison et, ainsi, à la loi éternelle de Dieu…

…Ici se présentent à Notre esprit les confréries, les congrégations et les ordres religieux de tout genre, auxquels l’autorité de l’Eglise et la piété des fidèles avaient donné naissance… Du côté où elles touchent à la religion, elles ne relèvent que de l’Eglise. Les pouvoirs publics ne peuvent donc légitimement prétendre à aucun droit sur elles, ni s’en attribuer l’administration. Leur devoir est plutôt de les respecter, de les protéger et, s’il en est besoin, de les défendre. »

Le Pape Léon XIII déplore déjà en son temps qu’un chemin différent ait été suivi :

« Dans beaucoup de pays, l’Etat a porté la main sur ces sociétés et a accumulé à leur égard les injustices : assujettissement aux lois civiles, privation du droit légitime de personnalité morale, spoliation des biens. Sur ces biens, l’Eglise avait pourtant ses droits ; chacun des membres avait les siens; les donateurs qui leur avaient fixé une destination, ceux enfin qui en retiraient des secours et du soulagement avaient les leurs. »

Alors Léon XIII ajoute que l’Église « ne peut retenir ses plaintes à propos de spoliations injustes et marquées par le mal qui en découle; notre plainte est d’autant plus justifiée qu’en cette même époque où la loi proclame le droit d’association pour tous, Nous voyons des sociétés catholiques, ô combien pacifiques et utiles, harcelées de toutes parts, alors que la plus grande liberté est accordée à des individus à la fois voués à attaquer la religion et dangereux pour la société. »

La doctrine sociale de l’Église est autant fondée à dire ces vérités au pouvoir qu’à empêcher ceux qui en sont proches ou qui y participent de proférer la contre-vérité.


http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/catholic-social-thought-and-the-hhs-mandate.html

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Illustration : Léon XIII