Des zombies dans l’Évangile ? - France Catholique
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Des zombies dans l’Évangile ?

Quelques réflexions sur un passage de l’Évangile selon saint Matthieu, qui embarrasse parfois les exégètes et les fidèles…
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La résurrection de la chair (détail), entre 1499 et 1502, Luca Signorelli, chapelle San Brizio, cathédrale d’Orvieto, Italie.

La résurrection de la chair (détail), entre 1499 et 1502, Luca Signorelli, chapelle San Brizio, cathédrale d’Orvieto, Italie.

Alors qu’il vient de rapporter la mort du Christ en croix, mort cruelle, simple et sèche, mort d’un crucifié parmi des brigands dans une petite province de l’Empire, saint Matthieu enchaîne par la description d’événements extraordinaires : « La terre trembla, les rochers se fendirent, les tombeaux s’ouvrirent et les corps de plusieurs saints qui étaient décédés ressuscitèrent. Ils sortirent des tombeaux, entrèrent dans la ville sainte après la résurrection de Jésus et apparurent à un grand nombre de personnes » (27, 52-53).

Ces versets surprennent et suscitent parfois une certaine perplexité. Notre imagination, comme malgré elle, et non sans une certaine répugnance, se figure en effet des morts-vivants, des « zombies » sortis de leur tombe, errant dans Jérusalem. Et tout cela sans que personne n’en ait consigné le souvenir ? Car non seulement aucun historien n’évoque cette déambulation de macchabées revenus à la vie dans Jérusalem, mais les autres évangélistes n’en parlent pas non plus – Marc et Luc se bornant à noter sobrement que la ville fut couverte de ténèbres au moment de la mort du Messie.

Un simple procédé littéraire ?

L’exégèse contemporaine, y compris la plus rigoureusement chrétienne, tend à considérer que ce passage n’est pas proprement historique. Il s’agirait plutôt d’une figure de style, en l’occurrence d’une préfiguration symbolique de la résurrection générale.

Précisons cette vision des choses. Il était de coutume, chez les historiens antiques, d’entourer le récit de la mort des grands hommes de toutes sortes de phénomènes météorologiques formidables, pour signifier le retentissement universel et pour ainsi dire cosmique de leur trépas. On pourra s’en faire une idée en lisant les récits de la mort de Jules César dans les Vies parallèles de Plutarque, ou de l’empereur Claude dans l’Histoire romaine de Dion Cassius : ténèbres, pluie de sang, comète, foudre, éruption volcanique – on ne lésine pas sur les effets pyrotechniques. À chaque fois, le message est clair : cette mort est de grande conséquence pour le monde. Mais le caractère symbolique de ces descriptions fait partie d’une convention implicite entre l’auteur et le lecteur.

Une anticipation de la Résurrection ?

Or, donc, la plupart des exégètes estiment que saint Matthieu nous offre une version biblique du même procédé littéraire : il souligne l’importance de l’événement non pas seulement par la mention de phénomènes naturels, mais par une anticipation de la Résurrection générale, qui reprend la prophétie d’Ézéchiel (37, 12) : « Je vais ouvrir vos tombeaux ; je vous ferai remonter de vos tombeaux, ô mon peuple » (voir aussi Isaïe 26, 19 et Zacharie 14, 4). Certes, me direz-vous, mais pourquoi ne pas prendre ce passage aussi au sens littéral ? Pourquoi cela ne serait-il pas arrivé réellement à ce moment-là ?

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