Le comportement masculin des évêques en public est la clé de la présence de l’Eglise dans la société. Vatican II enseigne une conception sexuée de l’Eglise selon laquelle cette dernière est l’épouse de Jésus-Christ. Cette référence au mariage renvoie à la manière dont Dieu courtise et épouse son peuple dans l’Ancien Testament, et cette relation sexuée persiste dans l’Eglise où la communauté est « féminine » dans sa réception de l’autorité masculine de la hiérarchie. Telle est la mise en pratique quotidienne de l’union du Christ et de son peuple.
C’est pourquoi on trouve dans les textes conciliaires des paragraphes de ce genre : « Le Christ aime l’Eglise comme Son épouse, se faisant le modèle de l’homme qui aime son épouse comme son propre corps ; l’Eglise, de son côté, est soumise à celui qui est Sa Tête. Puisqu’en Lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité, Il remplit de ses dons divins l’Eglise qui est Son corps et Sa plénitude pour qu’elle tende et parvienne à toute la plénitude de Dieu ». [Constitution dogmatique sur l’Eglise, par.7]
Les évêques sont la présence physique pleine de grâce du Christ et « celui qui les écoute écoute le Christ, mais celui qui les méprise méprise le Christ et celui qui a envoyé le Christ ». (Vatican II, ibid. par.20). Le complément féminin de leur activité est l’acte de foi de la communauté dont le meilleur exemple est l’acceptation fidèle de Marie. C’est pourquoi « l’Eglise, dans la bienheureuse Vierge Marie, atteint déjà à la perfection qui la fait être sans tache ni ride ». [65]
Cette structure sexuée de l’Eglise ne concorde pas avec les idéologies actuelles du genre, mais se fonde sur les relations entre les humains et traduit la manière dont Dieu a choisi de procéder.
Les évêques vraiment masculins, « en tant que pères dans le Christ, prennent soin des fidèles qu’ils ont engendrés par le baptême et leur prêche ». Le décret du Concile sur la charge pastorale des évêques est très clair. Les évêques ont reçu « l’ordre et le pouvoir d’enseigner toutes les nations, de sanctifier les hommes dans la vérité et de les nourrir ». Il est évident que ceux qui ont écrit ce texte l’ont oublié une fois rentrés chez eux, autrement nous aurions eu une foule d’évêques enseignant l’Evangile. Imaginez la situation si cela s’était produit.
Ce n’est pas se conduire en homme que d’être chargé d’une tâche aussi massive et de la négliger. Et pourtant, combien d’évêques passent quelques heures par jour à enseigner l’Evangile ? Ce n’est pas se conduire en homme que de connaître l’Evangile et de ne pas donner de sa personne pour le partager. C’est la clé. Dans le Rosaire nous méditons sur Jésus prêchant le Royaume. Au coin des rues, dans les champs, dans des bâtiments publics. Car Jésus intervenait personnellement dans la vie des gens. Le mâle qui a reçu le sacerdoce dispense la vérité du Royaume à la foi « féminine » de l’individu réceptif qui se tient devant lui.
En ce qui concerne les valeurs et les modèles transmis par la culture actuelle, ils dépendent dans une large mesure de la nomination aux postes de dirigeants d’hommes capables de déclarer ouvertement leur position. Nous avons un besoin urgent de personnalités publiques masculines prêtes à démontrer l’importance du respect de l’Evangile. Or, nous n’avons que trop de figures masculines faisant exactement le contraire.
La masculinité pleine de grâce, présentant l’Eglise directement aux fidèles, montre l’Eglise dans toute sa beauté sexuée. L’union de l’Eglise avec le Christ apparaît clairement à toute la société comme le fondement de l’union d’un homme et d’une femme. La présence virile du Christ agissant par l’intermédiaire de l’évêque évangélisateur exprime la relation du Christ à son Eglise. Mais rabaisser la présence de l’Eglise à celle d’une société commerciale comme une banque ou une chaîne de hamburgers c’est en éliminer le caractère unique et la relation conjugale au Christ. L’institution devient aussi banale que n’importe quelle autre.
Les évêques ont contribué à l’échec national du mariage. Ils sont mariés à l’Eglise dans le Christ et devraient manifester le trésor que représente cette union conjugale au lieu de présenter une Eglise conçue simplement comme une structure juridique. Ils ont contribué à la méconnaissance de l’Eglise dans la société américaine simplement en ne disant rien, en n’étant jamais en première ligne. Aujourd’hui, la plupart des gens sont informés des faits concernant l’Eglise par le New York Times ou par CNN. Jésus serait vraiment fier.
Ce type de comportement passe sous silence de nombreux points doctrinaux et ne cadre pas avec le fonctionnement qui devrait découler de l’union sexuée du Christ et de son Eglise. Si le Christ s’était tu, l’Eglise se serait évaporée. Sa mort n’aurait eu aucun sens sans les explications qu’Il a fournies.
Accepter la culture américaine actuelle de l’émasculation des hommes, comme si cette culture était une espèce de révélation divine, entraîne la désagrégation de la structure de l’Eglise. Son enseignement n’est plus dispensé par un époux et perd du coup tous les marqueurs sexués comme le sens du mariage, les relations entre un homme et une femme, ce que nous pouvons apprendre de la Vierge Marie, la nature de l’Eglise etc. C’est ce qui arrive quand les vérités ne sont pas dites et qu’elles ne le sont peut-être jamais parce que ce serait une conduite vraiment masculine.
Il n’y a pas loin de ces prêcheurs officiels incapables d’enseigner à une Eglise qui n’aurait rien à enseigner.
Dimanche 16 novembre 2014
Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/emasculated-bishops-and-church-presence.html
Photographie : Rencontre d’un évêque (et enseignant) particulièrement masculin et de séminaristes américains
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Père Bevil Bramwell, OMI, Docteur ès lettres, est l’ancien doyen des étudiants en licence de la Catholic Distance University. Ses ouvrages sont notamment : Laity : Beautiful, Good and True ; The World of the Sacraments ; et plus récemment Catholics read the Scriptures : Commentary on Benedict XVI’s Verbum Domini.