Le président du groupe pétrolier français Total Christophe de Margerie a trouvé la mort à l’aéroport de Moscou-Vnoukovo dans la nuit de lundi à mardi, dans une violente collision entre son avion privé et… une déneigeuse, dont le conducteur aurait été déclaré en état d’ivresse par le comité d’enquête russe… Une accusation démentie par l’avocat de cet employé moscovite qui le déclare hors d’état de boire de l’alcool en raison d’une maladie du cœur, et qui précise qu’il a « suivi toutes les instructions » du « dispatcher » de l’organisation des pistes…
Le choc s’est produit au niveau du train de roulement de l’appareil qui, lancé à la vitesse de 300 kilomètres/heure d’après la chaîne de télévision russe NTV, tentait de décoller pour quitter la Russie après une réunion de travail internationale avec Dmitri Medvedev, le Premier ministre de Vladimir Poutine.
Le PDG de Total et les trois membres de l’équipage ont péri dans cette tragique collision. Le conducteur de la déneigeuse russe n’a pas été blessé, mais se déclare choqué psychologiquement. Cette terrible affaire s’est produite alors que la visibilité était mauvaise, réduite à 350 mètres, d’après l’aéroport.
Le comité d’enquête russe dénonce plus généralement une « négligence criminelle » de la direction de l’aéroport, et a affirmé que certains des cadres de cet aéroport tout proche de Moscou seraient prochainement suspendus de leurs fonctions, afin de ne pas être tentés d’entraver le déroulement de l’enquête officielle. Les autorités russes mettent déjà en cause une mauvaise coordination du travail du personnel de Vnoukovo, et signalent « une erreur des aiguilleurs du ciel ».
On annonce qu’une enquête sera menée par une commission d’un Comité intergouvernemental d’aviation civile, avec la participation de spécialistes de l’Agence fédérale du transport aérien. D’ores et déjà, le Président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine a présenté ses condoléances à la République française après cette tragédie, déclarant qu’il « connaissait Christophe de Margerie depuis longtemps et reconnaissait ses grandes qualités manageriales, aussi bien que son engagement à promouvoir les relations franco-russes ». Et ajoutant un peu plus tard : « Nous avons perdu un vrai ami ». Gazprom a également présenté des condoléances.
D’après la Presse quotidienne française, Total est actionnaire de la compagnie pétrolière russe Novatek, elle-même contrôlée à 23% par un proche de Poutine, Guennadi Timtchenko, qui fait aujourd’hui l’objet de sanctions occidentales dans le cadre du conflit avec l’Ukraine voisine. La compagnie française Total participe actuellement avec Novatek à un grand projet dans le Nord de la Sibérie centrale. Sur le plan de la sécurité du ciel, les catastrophes aériennes sont assez fréquentes en Russie, soit du fait du vieillissement du matériel, soit du fait d’« erreurs humaines », malgré les réelles qualités professionnelles de la plupart des pilotes russes.