Charles X, un roi mal servi - France Catholique
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Charles X, un roi mal servi

Malgré ses succès militaires – c’est lui qui lança l’expédition d’Algérie – il fut contraint d’abdiquer, victime des partis et des sociétés secrètes.
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Charles X, 1825, Thomas Lawrence, Royal Collection, château de Windsor.

Charles X, 1825, Thomas Lawrence, Royal Collection, château de Windsor.

Lorsque, à la mort de Louis XVIII, son frère le comte d’Artois lui succède sous le nom de Charles X, c’est un « jeune prince » de 67 ans qui devient roi. On dit « un jeune prince », car malgré son âge, celui qui deviendra Charles X est resté un grand cavalier et un grand chasseur. De tempérament plus chevaleresque que son frère, il déteste les concessions et aime à dire qu’il préférerait scier du bois plutôt que d’être roi comme le roi d’Angleterre.
Il hérite d’un royaume pacifié, mais où les germes de l’esprit de parti sont très présents. L’Europe est couverte de sociétés secrètes qui, pour la plupart, veulent propager la Révolution et, de l’autre côté, lutter contre elle, mais en employant des moyens très semblables.

Redonner sa place à la France

Le règne de Charles X se déroule sur deux plans : une extrême complication dans la vie du ministère et du Parlement, à laquelle s’ajoute une agitation fomentée par ces sociétés secrètes et entretenues par la presse qui relaie les débats des chambres ; une grande simplicité dans la politique extérieure, qui consiste à redonner sa place à la France dans le concert européen, et à ouvrir un univers nouveau à la jeunesse française, en Afrique, à Madagascar, et en Algérie.

L’opération d’Algérie doit tout à la présence du roi qui l’a conduite malgré l’opposition des chambres, dans le but de pacifier la Méditerranée et d’éviter une prépondérance maritime de l’Angleterre dans cette mer qu’il considérait comme nôtre : « mare nostrum ». Il réussira si pleinement que son successeur Louis-Philippe, qui n’était pas partisan de cette opération, continuera la conquête de l’Algérie, notamment avec ses fils – prise de la smala d’Abdel Kader par le jeune duc d’Aumale –, contre les récriminations de son ministre Guizot.

Les succès militaires ne suffirent pas à protéger le roi des troupes intérieures. Le meilleur des ministres, Villèle, n’arrivait pas à calmer les dissensions partisanes. Ceux qui auraient dû être ses meilleurs soutiens le desservaient par leurs querelles. On a pu dire de François-René de Chateaubriand qu’il avait été le principal responsable de l’échec de la Restauration. Libéral et romantique dans ses convictions, il était ultra fleurdelisé dans son style. Il persécuta Villèle jusqu’à le faire démissionner.

Le peuple manipulé

Quand Charles X comprit que les Chambres voulaient lui imposer un gouvernement choisi par elles, il se cabra et, comme par provocation, confia son gouvernement à son ami Polignac. Courageux et fidèle, Polignac n’était absolument pas un homme de gouvernement, et de surcroît, inapte à saisir les politiques parlementaires et les manœuvres des sociétés secrètes. La promulgation des ordonnances sur la presse et sur la loi électorale servit de prétexte aux émeutes de 1830, « Les Trois Glorieuses ». Les sociétés secrètes mirent les ouvriers de l’imprimerie dans la rue en leur faisant croire que ces ordonnances leur faisaient perdre leur gagne-pain. Le mouvement fut suivi par les nostalgiques de l’Empire qui pensèrent que ces mêmes ordonnances liquidaient le Code civil, alors qu’elles n’en disaient pas un mot. Polignac ne vit pas que tout ce qui en France, venu de la Révolution ou de l’Empire, aspirait à la paix et à l’autorité, pouvait se rallier au roi, et que celui-ci, très populaire, pouvait efficacement combattre la révolution bourgeoise des partis et des sociétés maçonniques. Dans la crainte de voir apparaître la République, ces hommes, qui auraient été le soutien de Charles X mais à qui le roi ne faisait pas appel, se tournèrent vers le duc d’Orléans pour en faire « le lieutenant général du Royaume », ce qui permettra de garder la royauté après le départ de Charles X.

De ce départ, Balzac a laissé un tableau : « En ce moment, ce vieillard à cheveux blancs, enveloppé dans une idée, victime de son idée, fidèle à son idée, et dont ni vous ni moi ne pouvons dire s’il fut imprudent ou sage, ce vieillard vous semble pauvre, hélas ! il emporte avec lui la fortune de la France… Un moment viendra que secrètement ou publiquement la moitié des Français regrettera le départ de ce vieillard, de cet enfant et dira : si la révolution de 1830 était à faire, elle ne se ferait pas. »