Ce que révèle le scandale italien de la confession - France Catholique
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Ce que révèle le scandale italien de la confession

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Un ami m’écrivait récemment qu’il était perplexe devant les efforts de certains prélats lors du récent synode pour changer l’enseignement de l’Église sur les divorcés civilement remariés. Il observait que la solution proposée semblait assez inutile puisque la discipline de réception de la communion est déjà largement ignorée ici comme à l’étranger. Selon l’approche plutôt subjective et laxiste de ces questions, la plupart des divorcés remariés civilement sont peu susceptibles d’observer la discipline de l’Église alors qu’ils ont déjà rejeté la doctrine [de l’indissolubilité du mariage] sur laquelle elle s’appuie. S’ils veulent aller communier, il est très peu probable qu’ils demandent la permission de qui que ce soit.

En Italie, une journaliste agissant clandestinement a récemment violé la sacralité du confessionnal pour se procurer les éléments d’un article qu’elle écrivait sur ce thème précis. La réaction a été éclairante. Elle est allée se confesser et demander conseil pour savoir si elle pouvait recevoir la communion alors qu’elle était une catholique divorcée et civilement remariée – un subterfuge pour voir si la pratique confessionnelle suivait le rythme du mouvement « d’ouverture » initié par les évêques progressistes.

Le confesseur donnait quelques conseils assez intéressants. Le principal était basé sur une notion extrémiste de la conscience individuelle : il lui a simplement dit de suivre sa propre conscience. En d’autre mots, si elle était subjectivement convaincue que son second mariage était un vrai mariage, en dépit de l’enseignement de l’Église, elle devait recevoir la communion, puisque sa conscience lui disait qu’elle n’était pas en état de péché.

Il lui conseillait aussi d’envisager de changer de paroisse, afin d’éviter le scandale (ce qui indique que le prêtre était tout à fait conscient de l’enseignement de l’Église, tout comme nombre de ses paroissiens). Il l’a ensuite encouragé à demander la reconnaissance de nullité [de son premier mariage], mais on peut bien se demander pourquoi, si elle est convaincue en toute conscience d’être réellement mariée et digne des sacrements. Pourquoi se casser la tête ?

Ce confesseur a ensuite essayer de s’excuser et peut-être de soulager sa propre conscience en poursuivant ses conseils : « je vous dis ce que l’Église demande, mais en définitive c’est vous qui choisissez… Il est clair que dans ma position, je ne vais jamais vous dire que vous pouvez communier aussi longtemps que l’Église ne reconnaît qu’un mariage. Mais je ne vous dirai pas non plus que vous ne pouvez pas communier. »

Au final, un pathétique manquement au devoir de la part du confesseur, qui charge le pénitent de toute la responsabilité. Cela ressemble à un fonctionnaire lisant une réglementation à quelqu’un et déclarant ensuite : vous ferez à votre idée. Je ne vous dis pas d’obéir à la loi. Je me contente de vous la lire et de vous l’expliquer au cas où vous seriez incapable de la lire ou de la comprendre.

Le confesseur n’a jamais essayé d’aider convenablement sa pénitente, d’éclairer sa conscience selon l’enseignement et la loi de l’Église. Il a éludé tout cela au profit d’une interprétation totalement subjective de l’obligation de suivre sa conscience (correctement comprise, l’obligation de suivre sa conscience est bien un enseignement de l’Église). C’est si facile pour le confesseur : chaque fois qu’il fait face à un enseignement pénible, il suffit de tout renvoyer à la conscience subjective du pénitent. Du moins tant que le Sixième Commandement est concerné. Un tel confesseur donnerait-il le même avis si le pénitent confessait une tentation de meurtre – « Bon, je vais vous lire le Cinquième Commandement, mais après vous suivez votre propre conscience. »

Dans ce micmac de conseils de confessionnal, il y a deux points de sortie de la discipline de l’Église en lien avec le problème de la communion aux divorcés civilement remariés : la conscience individuelle et la facilité de reconnaissance de nullité. Suivez votre propre conscience, voilà un échappatoire bien commode pour les confesseurs qui veulent traiter de la confession d’inconduites sexuelles fréquentes – et cependant rester populaires. Ça a longtemps été la solution pastorale pratique pour les évêques et prêtres qui voulaient garder leur emploi et également être aimés par ceux qui rejettent l’enseignement de l’Église sur la contraception. C’est là que le conseil « suivez votre conscience » a vraiment débuté, avant même Humanae Vitae et Vatican II.

De fait, une des façons d’interpréter les efforts des évêques progressistes et de la commission de contrôle des naissances pour changer l’enseignement moral de l’Église est qu’ils essayaient tout simplement de résoudre ce qui était un tracas pour les confesseurs et un problème d’enseignement pour les intellectuels et les prélats. Les catholiques, en nombre grandissant, pratiquaient déjà la contraception depuis la fin de la seconde guerre mondiale et la tendance s’est emballée avec la production de la pilule seulement quelques années avant le concile. La solution facile, c’était de changer l’enseignement de l’Église et de « libérer » les confesseurs et les enseignants de cette contrainte.

Une solution « post facto » du même style est mise en œuvre à l’heure actuelle avec le problème des divorcés remariés puisque de plus en plus de catholiques se trouvent dans ce cas. Mais si – selon leur conscience – ils sont déjà libres de recevoir la communion, comme un grand nombre le pense, parmi ceux qui se soucient un tant soit peu de l’Église, pourquoi s’astreindre à changer la discipline ? Mon ami suggère que cela a probablement plus à voir avec la paye des salariés de l’Église : ils sont de plus en plus nombreux à divorcer et à se remarier, mais veulent garder la sécurité de l’emploi.

Selon l’actuelle discipline de l’Église, les divorcés civilement remariés ne peuvent pas avoir un poste dans l’Église. Quel problème cela doit être en Allemagne pour les salariés de l’Église. Faut-il s’étonner de qui mène la charge du changement au sein du Synode ?


Le père Mark A. Pilon, un prêtre du diocèse d’Arlington, en Virginie, possède un doctorat de Théologie Sacrée de l’université de la Sainte Croix, à Rome. Il est l’ancien titulaire de la chaire de théologie au séminaire de Mont Sainte-Marie, un ancien rédacteur du magazine Triumph et un professeur retraité.

Illustration : « La confession » [détail] tableau de Giuseppe Molteni, 1838

source : http://www.thecatholicthing.org/2015/03/18/what-the-italian-confession-scandal-reveals/