Catholicisme évangélique : être ambassadeur du Christ - France Catholique
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Pontificat de François - numéro spécial
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Catholicisme évangélique : être ambassadeur du Christ

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Dans son dernier ouvrage Evangelical Catholicism (Catholicisme évangélique) George Weigel soutient cette thèse: l’Église catholique entre dans une nouvelle ère où Elle doit s’affirmer, porter son message et offrir ses grâces à une civilisation qui, en Occident, est devenue de plus en plus matérialiste et agressivement hostile au message du Christ et de Son Église. Ce qui, bien sûr, doit s’accompagner d’un témoignage vibrant et attrayant de la part des fidèles, du clergé et du Magistère. Car lorsque le message est découplé des témoins — soit une foi sans espérance ni charité — le message de l’Église n’est plus « qu’airain qui résonne ou cymbale qui retentit. » (1 Co, 13:1).

Lisant les recommandations de Weigel, je laissai mon esprit vagabonder vers l’œuvre de mon bon ami Gregory P. Koukl avec qui j’ai collaboré en 1998 pour le livre Relativism, Feet Firmlly Planted in Mid-Air (Relativisme : les pieds fermement ancrés en l’air). Greg, Protestant, préside l’équipe Stand to Reason (Raison garder), un organisme évangélique chargé de la formation de chrétiens « pour une pensée plus limpide à propos de leur foi, et la défense ouverte, incisive et cependant agréable de la Chrétienté historique et des valeurs chrétiennes historiques sur la place publique. »

Raison Garder arme ses ambassadeurs de savoir, de sagesse et de caractère, offrant une définition de chaque élément. Le « Savoir », acquisition des préceptes fondamentaux du Royaume [des Cieux]. La « Sagesse », utilisation habile, tactique, honnête et diplomatique du Savoir. Et le « Caractère », expression chaleureuse de la force et de la personnalité.
Inspiré par l’affirmation de Saint Paul que « Nous sommes donc en ambassade pour le Christ; c’est comme si Dieu exhortait par nous. » (2 Co, 5:20), Greg a composé un Credo de l’ambassadeur comportant plusieurs traits proches de l’appel de Weigel à l’Évangélisme catholique:

Un ambassadeur est à l’affut des occasions pour représenter le Christ et ne reculera pas devant un défi ou une occasion ….

Un ambassadeur ne disputera pas, mais écoutera afin de comprendre, puis, avec douceur, tentera de corriger respectueusement ses contradicteurs …..

Un ambassadeur a des convictions argumentées (pas seulement des impressions), donne ses raisons, pose des questions, arrache des réponses, et ne se laissera pas coincer deux fois par le même argument ….

Un ambassadeur s’adapte à chaque interlocuteur, à chaque situation, manœuvrant avec sagesse pour relever les mauvaises pensées et proposant la vérité de façon compréhensible et incontestable ….

Un ambassadeur s’exprime par un langage clair, ne s’appuie pas sur un jargon religieux ni sur une rhétorique douteuse ….

Un ambassadeur se comportera avec grâce, délicatesse et bonnes manières, il ne déshonorera pas le Christ par sa conduite ….

Un ambassadeur sait qu’il sera efficace en joignant ses plus grands efforts au pouvoir de Dieu ….

Dans le contexte américain ces orientations sont essentielles à un catholicisme évangélique frémissant. Car nous sommes à un tournant de l’Histoire où l’Église et son message sont considérés par des médias soucieux de culture,de philosophie, de politique, et incapables par nature de reprendre et répandre le message du catholicisme (ou de toute autre forme sérieuse de chrétienté).

Ainsi, par exemple, discutant la position de l’Église sur la vie avant la naissance, le mariage, la justice sociale, la peine de mort, la nature du salut, ou même la prêtrise ou les réformes liturgiques de Vatican II, on nous suggère d’adopter un point de vue politique incompatible avec l’anthropologie philosophique qui éclaire les positions de l’Église. On nous dit que l’Église est « conservatrice » au sujet de l’avortement ou de la prêtrise, et « Libérale » sur la justice sociale et la peine de mort, que le Pape Benoît XVI est un « conservateur » dans le domaine liturgique parce qu’il a, dit-on, « réformé la réforme ».

Ironiquement, selon la nomenclature de Weigel, les « catholiques traditionnels » tout comme les « catholiques progressistes » se trouveraient d’accord, sans aller plus loin. Mais un « catholique évangélique » verrait là l’occasion de corriger, clarifier, expliquer l’enseignement de l’Église, et, sur la lancée, suggérer, en toute charité et en toute amitié, que « libéral » et « conservateur » ne figurent pas parmi les catégories théologiques.

Qu’ils reflètent bien ou mal les réalités politiques aux États-Unis ou dans d’autres pays occidentaux, ces termes ne peuvent s’employer pour les questions théologiques qui touchent les sujets les plus graves sur la nature de l’homme et notre destinée ultime.

Prenons un autre exemple: au lieu de protester contre le viol de la liberté religieuse des citoyens catholiques par la couverture obligatoire de l’avortement et de la stérilisation du système d’assurance-maladie Obamacare (c’est effectivement un viol de conscience), le catholique évangélique explique pourquoi les positions de l’Église sur le contraception, l’amour conjugal et la vie avant la naissance sont rationnellement défendables. Il vit en accord avec ces enseignements et, ainsi, est le témoin vivant de ces vérités. Il ne laisse pas les laïcs ranger la théologie morale de l’Église avec l’équivalent intellectuel d’élucubrations sans bases philosophiques ni consistance.

Le catholique évangélique ne célèbre ni ne déplore ces problèmes. Il s’y implique, car il se considère comme un ambassadeur de l’Église, faisant « toute pensée captive pour l’amener à obéir au Christ.» (2 Co, 10:5). Le catholique évangélique » est toujours « prêt à la défense contre quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous. Mais que ce soit avec douceur et respect.» (1 P, 3:14-16).

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/evangelical-catholicism-and-being-an-ambassador-for-christ.html

NDT: : texte français des citations bibliques tiré de la Bible de Jérusalem.

Tableau : Les premiers Apôtres – Domenico Ghirlandaio, 1481.