BIOÉTHIQUE : état stationnaire ? - France Catholique
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BIOÉTHIQUE : état stationnaire ?

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Six mois après la fin des états-généraux de la bioéthique et à l’approche du débat à l’Assemblée nationale, la mission parlementaire dédiée au sujet a rendu ses conclusions. Durant tout ce processus qu’il a porté, le député UMP Jean Leo­netti, a affiché sa pru­dence : l’idée de tout bouleverser, dans un sens ou dans un autre, s’est éloignée. Selon qu’on regarde le verre à moitié vide ou à moitié plein, on peut s’en attrister ou s’en réjouir. Même si les graves transgressions déjà avalisées ne sont pas remises en cause, certains « remparts éthiques » sont confirmés. L’assistance médicale à la procréation demeurerait ainsi réservée aux couples médicalement infertiles et donc inaccessibles aux personnes homosexuelles, ainsi qu’aux célibataires ce que le député PS Alain Claeys regrette. En matière de recherche sur l’embryon, Jean Leonetti préconise le maintien du régime d’interdiction, assorti de dérogations. Une position en retrait par rapport à l’avis du Conseil d’État, et que déplore aussi Alain Claeys, du moins quant à son libellé. En réalité, cette notion d’interdit qu’on peut transgresser ne garantit rien. D’autant qu’on préconise d’assouplir les conditions posées pour déroger : l’expression « finalité thérapeutique » serait remplacée par « finalité médicale » ce qui revient à encourager toute recherche sur l’embryon, sans privilégier les techniques qui le respectent. La position est plus nette pour les mères porteuses : on en maintiendrait l’interdiction. Une attitude décomplexée, face au libéralisme anglo-saxon, et conforme à l’avis du Conseil d’État : la France n’a pas à s’aligner « sur le moins-disant éthique ». Les principes auxquels se réfère Jean Leonetti de­meurent « l’anonymat, la gratuité et le respect de la dignité » (une notion dont les définitions se contredisent). Le député emblématique de la bioéthique propose de rajouter à ces principes celui de « l’intérêt de l’enfant à naître ». C’est à ce titre qu’il récuse l’insémination post-mortem, c’est-à-dire de concevoir un enfant d’un père déjà mort qui aurait préalablement fait stocker son sperme. En revanche, il appuierait plutôt l’autorisation du transfert post-mortem d’embryons déjà conçus. C’est au moins une façon de bien différencier les gamètes, cellules essentielles mais qui ne sont pas un être humain, des embryons qui constituent déjà des êtres humains, pourvus de leur patrimoine génétique. Deux préconisations risquent enfin de provoquer des protestations. D’abord le refus d’accéder à la demande de personnes nées d’un don anonyme de gamètes qui veulent connaître leur origine biologique. Explication de Jean Leonetti : « Un enfant ressemble à celui qui l’a élevé, aimé et non à une combinaison génétique ». Ce déni du biologique n’a rien de scientifique. Par ailleurs, la mission parlementaire suit une préconisation récente du Comité Consultatif National d’Éthique qui a beaucoup choqué : celle d’inclure au diagnostic préimplantatoire le dépistage de la trisomie 21. On sait la composante eugénique du tri des embryons mais le législateur avait bien pris soin de ne pas constituer de liste des handicaps visés. Alors, pourquoi discriminer officiellement les seuls embryons trisomiques ? Pour les personnes qui vivent avec cette anomalie génétique, c’est un nouveau signal d’exclusion.
— – ci-dessous le rapport du Parti Chrétien Démocrate (Christine Boutin) sur cette question :

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