L’algérie est devenue officiellement indépendante le 5 juillet 1962. Le programme des cérémonies du cinquantenaire devrait y occuper toute l’année jusqu’au 5 juillet 2013, mais, semble-t-il, rien que de très convenu dans les manifestations. Le régime ne prévoit pas d’embarrasser le nouveau président français sur ce sujet. Il n’entend pas non plus sortir de l’iconographie officielle qui a cours depuis cinquante ans et qui ne rend pas justice à tous les acteurs intérieurs de la rébellion. Ce n’est pas au moment où l’ex-parti unique, le FLN, vient de remporter les élections législatives de mai dernier, que le pouvoir va évoluer sur ce qui fonde sa légitimité théorique.
Le président Hollande est dans les meilleures dispositions pour ouvrir une nouvelle page dans les relations de coopération entre Paris et Alger. Le nouvel ambassadeur de France, André Parant, ex-conseiller Afrique de Nicolas Sarkozy, qui a présenté ses lettres de créance au président Bouteflika le 25 juin, a déclaré que le moment était venu de leur donner « une nouvelle impulsion ». De Giscard d’Estaing à Mitterrand, de Chirac à Sarkozy, chacun a pensé inaugurer son mandat par une réconciliation spectaculaire avec l’Algérie. N’en va-t-il pas en effet de l’acte de naissance de la Cinquième République ? Chacun y a échoué. Qu’est-ce qui ferait réussir Hollande ?
D’abord, le fait que son prédécesseur s’était préparé au pire dès le début de l’année en éludant tout projet de commémoration et, évidemment, toute repentance. Par rapport à lui, Hollande apparaît donc comme un homme neuf. Il n’a pas à donner de gages. Né en 1954, et en dépit de son paternel OAS notoire, cette histoire ne le concerne pas personnellement. L’idée n’est donc pas de vouloir solder à tout prix, passer par pertes et profits, évacuer un passé qui dérange. Le présent n’est plus aux témoignages qui s’affrontent dans une « guerre des mémoires ». L’avenir appartient à l’histoire libre, intégrale, de ces années de braise, qui seule peut répondre à la curiosité légitime des nouvelles générations françaises.
Pour la jeunesse algérienne, également, l’avenir passe par une relève de générations qui n’interviendra toutefois au mieux qu’après les prochaines élections présidentielles prévues en avril 2014. L’Algérie a en effet échappé aux effluves des « printemps arabes ». Mais cela pourrait changer avec l’élection d’un Frère Musulman à la présidence égyptienne. Le chemin paraît certes très long avant que les chefs militaires algériens, qui contrôlent la réalité du pouvoir, acceptent, comme leurs homologues égyptiens, et avant eux turcs, de travailler à un accord avec les partis islamistes. Mais l’expérience égyptienne, comme celle de la Turquie d’Erdogan, peut être l’aimant d’une évolution politique de l’islam algérien. La rébellion algérienne n’avait-elle pas son centre au Caire au temps du pan-islamisme puis du panarabisme nassérien ? Nous en sommes très loin aujourd’hui, mais une piste est ouverte. Hollande ne pourra pas en faire l’économie.
L’Algérie court le risque d’un encerclement islamique. Bouteflika redoute le retour au Sahara d’Al Qaeda Maghreb islamique (AQMI). Il répugne à devenir la plaque tournante de la lutte anti-terroriste au Sahel. Or, contrairement à Sarkozy qui ne souhaitait pas lui confier ce rôle, préférant intervenir directement, Hollande pourrait promouvoir cette solution. Il vient de désigner un ambassadeur itinérant pour le Sahel en la personne de Jean Félix-Paganon, ex-ambassadeur de France en Égypte…
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