Plus de soixante ans après l’indépendance, le réel aura-t-il enfin raison de la chape de plomb qui pèse sur la relation franco-algérienne ? Des décennies de repentance à sens unique vont peut-être céder la place à une nouvelle séquence marquée par la lucidité. L’Algérie apparaît pour ce qu’elle est : un foyer de déstabilisation et de haine de la France. Précisons bien sûr que l’Algérie dont il est question ici est celle qu’incarnent le pouvoir FLN et non la société algérienne – d’ailleurs très plurielle – dont le sens de l’accueil, et parfois la nostalgie, frappent souvent les visiteurs français qui franchissent la Méditerranée.
Les accords d’Évian bafoués
Que le pouvoir FLN soit corrompu et arc-bouté sur la « rente mémorielle », voilà qui semble à peu près acquis. Ce qui, en revanche, mérite d’être interrogé, c’est la raison pour laquelle la France s’est si longtemps couchée devant lui. Symbolisé par les innombrables gerbes déposées depuis des années par les officiels français au « monument des martyrs » d’Alger, là où sont honorés les combattants de l’ALN qui ont tout de même tué 30 000 Français – au combat certes, mais aussi dans des opérations terroristes –, ce renoncement ne date pas d’hier.
Il remonte aux accords d’Évian de 1962, qui établissaient certaines garanties pour les intérêts français, mais qui ont été presque immédiatement bafoués sans que Paris ne cille. Combien de fois, depuis, la France a-t-elle donné le sentiment de faire profil bas face aux provocations et aux leçons de morale… Vu d’Alger, pourquoi respecter un pays dont le Président a dit en 2017, alors qu’il était en campagne électorale, qu’il s’était rendu coupable d’un « crime contre l’humanité » en colonisant les terres qui deviendront l’Algérie par la suite ?
Dans ces conditions, rien n’empêche d’embastiller un écrivain franco-algérien qui a contesté l’identité algérienne du Sahara occidental, en l’occurrence Boualem Sansal. Et pourquoi ne pas refuser à 14 reprises de reprendre sur son sol un ressortissant schizophrène sous OQTF, Brahim Abdessemed, le tueur de Mulhouse, puisque cela ne risque pas de susciter la moindre sanction ? Résultat : la France est impuissante aujourd’hui à récupérer l’un de ses ressortissants, détenu à Alger dans le plus complet des arbitraires, comme elle est impuissante à expulser la lie des Algériens.
Ce paradoxe finit par devenir insupportable. Alors, bien sûr, un Jean-Michel Apathie peut délirer à l’antenne de RTL (25/02) en fantasmant que « nous avons fait des centaines d’Oradour-sur-Glane en Algérie », ce qui n’est qu’une « reprise du narratif du FLN » comme l’a observé Jean Sévillia sur X (25/02). Sur Sud Radio (27/02), la députée européenne et militante pro-Hamas Rima Hassan peut continuer d’affirmer que l’Algérie « est La Mecque de la liberté », plus personne n’y croit.
Avec constance, dès qu'il s'agit de l'Algérie, @jmaphatie pratique l'amalgame, le manichéisme et l'anachronisme, en lançant des mots que ne tiendrait pas un historien, mais toujours en reprenant le narratif du FLN contre la France. Etonnant, non ? https://t.co/iPWb6iwrQT
— Jean Sévillia (@jeansevillia) February 25, 2025
L’opposition d’Emmanuel Macron
Les choses vont-elles changer ? « Il faut accepter un rapport de force avec l’Algérie », a déclaré Bruno Retailleau sur TF1 (22/02). Et François Bayrou a affirmé le 26 février qu’il entendait « réexaminer la totalité des accords entre les deux pays et la manière dont ils sont exécutés ». Mais deux jours plus tard, Emmanuel Macron s’est refusé à dénoncer « de manière unilatérale » les accords de 1968, affirmant que cela n’aurait « aucun sens »…
Au risque d’ignorer l’exaspération des Français ? 84 % d’entre eux veulent suspendre les visas octroyés aux Algériens (sondage CSA pour Cnews, le JDD et Europe 1 du 26 février) et 70 % disent ressentir un sentiment de submersion migratoire (sondage Odoxa-Backbone pour Le Figaro du 30 janvier).