Peu importe le résultat de telle ou telle force politique, dans un contexte national, aux élections européennes. La réalité la plus importante est celle de l’abstention massive des Européens quand il s’agit d’élire leurs représentants.
Je suis moi-même étonné de constater combien d’Allemands, parmi mes connaissances, ne sont pas allés voter – alors que l’abstention est d’ordinaire moins élevée en Allemagne. C’est peut-être l’Allemagne qui révèle le mieux ce que j’appellerai « l’absence d’Europe ». Les électeurs ne font que renvoyer à la classe politique le reflet de son propre comportement. Ces dernières semaines, le gouvernement allemand a été confronté à un véritable tremblement de terre : la faillite de General Motors menace d’engloutir Opel, filiale allemande du constructeur américain. Fiat était intéressé pour racheter Opel mais demandait au gouvernement allemand de résister aux exigences de la partie américaine, qui ne veut laisser partir Opel qu’à condition que le rachat de cette dernière aide à combler les trous financiers du côté américain.
Lorsque GM a réclamé 300 millions d’euros supplémentaires, et que le gouvernement allemand a semblé obtempérer, Fiat a jeté l’éponge. Le repreneur canadien sur les rangs, Magna, avait écarté son principal rival.
N’est-il pas frappant, précisément, que le gouvernement allemand semble ne mettre quasiment aucune énergie à favoriser une possibilité de trouver une solution européenne pour Opel? Comment voulez-vous que l’électorat allemand prenne au sérieux une classe politique qui prêche l’Europe mais la pratique peu ?
Edouard Husson
Maître de Conférences-Directeur de recherches
Histoire contemporaine de l’Allemagne et de l’Europe
Université Paris-Sorbonne (Paris IV)
