« Un fils de l’Orient venu en Occident » - France Catholique
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« Un fils de l’Orient venu en Occident »

Le pape François a déclaré le 21 janvier 2022 saint Irénée comme le 37e Docteur de l’Église, avec le titre de Docteur de l’unité. Il est révéré aussi bien en Orient qu’en Occident. Entretien avec le cardinal  Philippe Barbarin, archevêque émérite de Lyon et cheville ouvrière du projet.

Saint Irénée

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Icône orthodoxe de saint Irénée.

Icône orthodoxe de saint Irénée.

© Wolfymoza – CC by-sa

Depuis quand souhaitiez-vous que saint Irénée soit Docteur de l’Église ?

Cardinal  Philippe Barbarin : Quand j’étais à Lyon en tant qu’archevêque, j’ai vu passer dans la ville divers hauts hiérarques de toutes les Églises d’Orient : le patriarche de Constantinople, le Catholicos de l’Église des Arméniens, le pape de l’Église copte… Ils partageaient un point commun : tous voulaient aller prier au tombeau de saint Irénée ! Alors que malheureusement, on ne voit pas tellement de Francais y venir en pèlerinage… Cela m’a aidé à comprendre la place première d’Irénée. Il a été le premier à faire une œuvre théologique avant toutes nos divisions et il est un père pour les Latins, les Grecs, les Syriaques…

Je me suis alors dit qu’il serait beau de le regarder comme « Docteur de l’unité ». Aussi, j’ai commencé par aller en parler à Benoît XVI, qui s’est montré très intéressé et qui a réussi à faire sauter le premier obstacle, à savoir que d’ordinaire, on ne nomme pas docteur un martyr qui a donné le témoignage suprême du sang versé. Puis au pape François, qui a été emballé par l’idée. Ainsi, saint Irénée devient Docteur de l’Église avec le titre spécial de Docteur de l’unité. Le pape l’avait annoncé en octobre, devant des théologiens catholiques et orthodoxes. Il est significatif qu’il l’ait proclamé durant la Semaine pour l’unité des chrétiens. Ce titre de Docteur de l’Église ne veut pas dire que tout ce qu’il écrit a une valeur dogmatique. C’est simplement un encouragement fort à lire ses œuvres et à nous en nourrir.

Comment expliquer cet intérêt pour Irénée ?

Pour une raison très simple : c’est un fils de l’Orient venu en Occident. Irénée a grandi auprès de Polycarpe de Smyrne, en actuelle Turquie, puis est ensuite parti pour Rome, est sans doute passé par Marseille pour finir par arriver à Lyon vers 130-140.

Irénée est au premier plan du développement du christianisme en Gaule, lui qui est le deuxième évêque de Lyon, après saint Pothin. Saint Irénée est le « père des pères », car tous les pères de l’Église se nourrissent de son enseignement, aussi bien les géants d’Orient comme Basile de Césarée et Jean Chrysostome que ceux d’Occident comme Jérôme ou Augustin. On a l’impression que tous ces pères de l’Église, déjà très anciens pour nous puisqu’ils vivaient au IVe siècle, se nourrissaient à une source encore plus ancienne, du IIe siècle : l’œuvre de saint Irénée.

N’oublions pas également qu’Irénée était un disciple de Polycarpe, qui a lui-même connu saint Jean, qui a connu le Christ… Irénée a donc été le disciple d’un homme qui a vécu et écouté l’enseignement d’un apôtre.

Saint Irénée s’est d’abord illustré par la lutte contre l’hérésie gnostique… Comment cela s’est-il passé ?

Quand il arrive à Rome, Irénée s’aperçoit qu’il y a un foisonnement d’hérésies propagées par les gnostiques. « Gnose » est un mot grec qui veut dire connaissance. La Bible parle d’une sainte connaissance, celle qui vient de la Parole de Dieu. Mais les gnostiques avaient le sentiment qu’il y avait une connaissance supérieure, réservée à des initiés et une autre, plus simple, qui valait pour le croyant « de base » : le christianisme. Ils regardaient avec un certain mépris la foi du croyant de base. Ils avaient développé des théories de plus en plus farfelues. Or, cela est totalement contraire à l’enseignement de Jésus, qui dit : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits » (Mt 11, 25).

Retrouvez l’intégralité de l’entretien dans le magazine.